Le forum Médical de Réalités, qui nous plonge directement au cœur de la crise du secteur du médicament, a eu lieu les 28 et 29 juin 2018 à Hammamet, sous l’égide du chef du gouvernement, Youssef Chahed. 

Le thème du forum pour cette année était : “L’industrie pharmaceutique tunisienne face à ses défis”. De nombreux experts, industriels, personnalités publiques et hommes de médias ont pris part à cette rencontre afin de débattre lors des différentes sessions du colloque.

C’est Taieb Zahar, président du forum, qui a inauguré le colloque pour accueillir les présents et annoncer le programme et les axes des débats.

Pour Zahar, le thème tombe à point nommé pour répondre à l’actualité qui secoue le pays en ce moment, à savoir la crise dans le secteur pharmaceutique et le manque de disponibilité de certains médicaments dans les officines et hôpitaux tunisiens.

“L’Industrie pharmaceutique tunisienne est capable de faire encore mieux, de couvrir 70% de la consommation locale en médicaments, dès lors qu’on lui offre les conditions nécessaires”, a souligné Zahar.

Par la suite, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, pour sa part, rappellera que l’accès aux médicaments est un droit humain ; énumérant au passage les problèmes auxquels font face les industriels.

Dans ce cadre, Youssef Chahed a affirmé que son gouvernement a élaboré un plan de sauvetage pour trouver des solutions radicales devant ce spectre de pénurie de médicaments. Un programme en 4 points, à savoir la fixation des prix, le soutien à l’export des médicaments, la restauration des institutions sanitaires et la révision des directives de l’Autorisation de mise sur le marché (AMM).

Pour leur part, les professeurs Amor Toumi et Kamel Iddir, respectivement ancien haut fonctionnaire de l’OMS et expert à l’OMS, ont analysé et soulevé les différentes problématiques du secteur.

Après la séance d’ouverture, riche en informations et émotions, de nombreuses sessions ont été organisée, notamment “l’Industrie pharmaceutique nationale, situation enjeux et perspectives“ ; “les accords de libre-échange et l’industrie pharmaceutique“ ; “les défis de l’export“.

“La Pharmacie centrale de la Tunisie : situation actuelle et politique de soutien à l’industrie pharmaceutique nationale et la disponibilité du médicament”, “La politique de prix des médicaments : Situation actuelle et perspective d’évolution” figurent également dans le riche programme de cette grand-messe qui a réuni un grand nombre de spécialistes et de responsables du domaine pharmaceutique.

Au menu du deuxième jour : «Les prix des médicaments», un problème majeur qui touche toute la chaîne du médicament. Ce panel était l’occasion pour les experts, industriels et propriétaires d’officines d’exprimer leur point de vue sur ce sujet et surtout proposer des solutions, avant de donner la parole aux différents participants, dans le cadre d’une table ronde, organisée sous le thème «Quel avenir pour l’industrie pharmaceutique nationale?».

A l’issue de ce forum, les professionnels ont partagé leurs recommandations afin de clarifier, protéger et réorganiser le secteur pharmaceutique.

Voici les principales recommandations :

-Soutenir la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT) qui assure la régularité de l’approvisionnement et préserve le pays des médicaments contrefaits ou de qualité inférieure. Pour les professionnel du secteur, la PCT devrait joueur un rôle actif dans la promotion de l’exportation.

-Consolider le secteur de l’exportation qui représente un pilier essentiel pour le futur du secteur…

-Favoriser le développement des produits génériques par une rémunération (prestations du pharmacien) de l’acte de substitution et la publication des groupes génériques.

-Tenir compte de la fixation/révision des prix de l’impact de la perte de change et de la nécessité d’être compétitif en matière d’export.

-Poursuivre le dialogue public/privé

-Etudier la révision des marges pharmaceutiques et de la rémunération du pharmacien.

-Mettre en place une politique de clarification de la politique de prise en charge des médicaments par la CNAM afin d’éviter le dérapage vers des situations difficilement contrôlables.

-Création d’un comité national d’experts/sages doté d’un pouvoir décisionnel pour appuyer les projets et dossiers ayant un intérêt économique majeur.

-Combler les insuffisances en matière de transport aérien et maritimes (pour l’exportation du médicament).

-Développer le soutien bancaire à l’international (pour l’exportation du médicament)

-Encourager nos élites pour éviter la fuite des cerveaux

-Nécessité de séparer le système d’obtention des AMM et de fixation des prix

-Développer le benchmark et veiller à l’évolution des médicaments innovants

-Appliquer le programme de développement des exportations.