La soirée du 23 décembre à la Cathédrale Saint-Vincent-De-Paul de Tunis était exceptionnelle en musique lyrique dans ce cadre merveilleux d’un imposant bâtiment religieux au cœur de la Capitale.

Une forte symbolique accompagne un concert unique dans ce lieu, de recueillement religieux pour la communauté chrétienne, qui accueillait, pour la première fois, l’Orchestre Symphonique Tunisien (OST) dirigé par le maestro Mohamed Bouslama.

Le concert qui coïncide avec la veille des célébrations de Noël se veut un message de paix et de tolérance d’un acte de charité et de bonheur pour les plus petits hospitalisés.

L’engagement social de l’OST se traduit par ce concert caritatif qui prône le partage, le bonheur et la générosité d’un acte humain pour dessiner un sourire sur les visages des enfants malades de l’Hôpital Béchir Hamza à Bab Saadoun.

La musique reste cette lueur qui nous redonne espoir en ce monde dominé par les guerre et les conflits. L’hypocrisie et la haine ont fait de ce monde une grande arène où s’estompe toute sympathie et humanisme.

Le concert, prévu à 19h30, avait commencé avec un peu de retard sous fond d’une présence sécuritaire massive stationnée à l’entrée. Au coin de la petite rue qui mène vers l’enceinte de la seconde entrée de la Cathédrale, les mélomanes tenaient la queue avant de dépasser la barrière sécuritaire et une fouille minutieuse.

Un mariage sonore et visuel entre les divers morceaux et la beauté de l’architecture et les décors des lieux suffisait pour emporter l’audience vers un univers musical multicolore. Un silence magistral régnait sur la vaste salle qui n’est interrompu que par les ovations qui suivaient chaque prestation.

Des compositions pour Bach, Mozart, Vivaldi, Schubert et autres maîtres de la musique classique ont été interprétées par les solistes dans ce concert qui invitait Haythem Hadhiri (Tenor), Veronica Antonelli (Soprano), Baha Eddine BFadhelen (Baryton) et Najet Ounis (chanteuse).

De sa forte voix au timbre assez reconnaissable, le ténor Haythem Hadhiri a placé la barre haut d’un concert dominé par ses apparitions répétées sur scène. Il a, à chaque fois, conquis l’audience par son chant et son élégance d’un chanteur d’opéra habitué des plus grandes scènes musicales européennes.

Dans des déclarations à l’agence TAP, à l’issue du spectacle , Haythem Hadhiri dit être ” venu spécialement de Madrid pour suivre les répétitions et faire partie d’un concert émouvant. Une soirée exceptionnelle qui coïncide avec la veille de Noël et aussi un message de paix, de tolérance, d’amour de chanter dans une cathédrale pour le bien des enfants…”

Le jeune maestro Mohamed Bouslama qui a entamé, il y a quelques mois, un parcours de Chef d’orchestre, a brillamment dirigé un orchestre exceptionnel et son chœur sous la direction de Amira Dakhlia.

Ilario Antoniazzi, Archevêque de Tunis a exprimé sa joie de voir se produire “un événement assez spécial qui prouve la grandeur du peuple et traduit une belle image de la Tunisie en général”.

“Des chants de Noël et des chants religieux chrétiens qui sont chantés par des musulmans relève du miracle”, estime cet italien, tout en saluant “un geste bénévole et de volontariat assez rare au profit des enfants malades”.

“On dit que les religions divisent, qu’on vienne voir ici en Tunisie ce que nous avons vu ce soir, c’est tout à fait le contraire. Comment les religions unissent, nous poussent à nous aimer de plus en plus”, ajoute encore cet homme de foi qui voit la Tunisie “un point de référence et de départ même, pour d’autres pays où les religions sont peut être signe de division”.

“Mais chez nous en Tunisie s’est tout à fait le contraire”, selon l’archevêque qui s’exprime en français comme en arabe dans un accent libanais.

Il invite l’OST à se produire “l’année prochaine pour un nouveau cadeau de Noël”.