Depuis le début de cette semaine, la Bourse de Tunis semble retrouver des couleurs, avec une tendance haussière pour plusieurs actions, a affirmé le directeur général de la Bourse de Tunis, Bilel Sahnoun.

Intervenant mercredi 13 mai, lors d’une vidéo-conférence sur le thème “de la pandémie à la crise boursière, les prémisses d’une reprise”, organisée par l’Institut des Hautes études (IHET), Sahnoun a souligné que la crise de Covid-19 apporte, aujourd’hui, des opportunités pour se préparer à la reprise, surtout que les investisseurs tunisiens jugent que la majeure partie des sociétés cotées ont la capacité de surmonter la crise, suite à la propagation de la pandémie et qu’elles sont résilientes et peuvent repartir dans la bonne direction.

De plus, l’indice Tunindex a préservé, au cours du premier trimestre 2020, presque le même niveau que celui de la même période de 2019. Le secteur bancaire a évolué, au cours du premier trimestre 2020, à 7,6%; par contre, le leasing a reculé de 5,8%, en raison de plusieurs facteurs dont la politique monétaire; alors que les industries agroalimentaires ont évolué de 3%.

La Bourse de Tunis a résisté plus que les autres Bourses du monde

Evoquant l’impact de la propagation de la pandémie, Bilel Sahnoun a indiqué que la Bourse de Tunis a subi, depuis le début de l’année 2020, une baisse de 10,5%, tout en qualifiant cette régression de très modérée comparativement au comportement des autres Bourses étrangères depuis la propagation du coronavirus.

En effet, les Bourses de plusieurs pays ont accusé, jusqu’au 13 mai 2020, des baisses, à l’instar de celles du Maroc (-22%), de l’Egypte (-26%), de l’Arabie Saoudite (-21%), de la France (-25%) et de l’Allemagne (-19%).

“La Bourse de Tunis a réussi à maintenir la baisse à 10,5%, grâce à trois facteurs essentiels. Premièrement, les secteurs qui ont été les plus touchés de façon immédiate avec la propagation de la Covid -19 ne sont pas représentés à la Bourse de Tunis, tels que les secteurs du tourisme, de l’énergie et du transport -ce dernier n’étant représenté que par TUNISAIR.

Le deuxième facteur est la structure des investisseurs de la Bourse de Tunis, composée d’une grande partie de petits porteurs (personnes physiques), qui mènent la majorité des transactions boursières, alors que dans d’autres pays les transactions boursières sont portées, essentiellement, par des investisseurs institutionnels, lesquels ont tendance à vendre massivement, automatiquement, lorsqu’il y a un risque, pour limiter les dégâts.

Le troisième facteur, d’après Sahnoun, est la faiblesse des investisseurs étrangers qui ne représentent que 25% de l’ensemble de la capitalisation boursière, dont 2% uniquement ont un caractère volatil et 23% sont à caractère stratégique, de long terme. Cela nous a épargnés de grandes pertes, étant donné que les investisseurs étrangers à caractère volatil, se sont retirés lors de la propagation de la pandémie, des marchés émergents, pour se rabattre vers des placements moins risqués ou monétaires.

Le directeur de la Bourse de Tunis a en outre rappelé qu’une décision conjoncturelle a été prise très tôt par la Bourse de Tunis, pour limiter la fourchette de variation des cours boursiers des actions à +/-3% par jour, contre +/-6% auparavant, afin de limiter les effets de la pandémie.

Il faut introduire sur la cote de la Bourse les sociétés publiques et les sociétés à grande capitalisation

Le DG de la Bourse suggère l’introduction des entreprises publiques et des sociétés à grande capitalisation surtout celles actives dans les secteurs de l’énergie, des mines, du tourisme et de l’agriculture, pour que la Bourse de Tunis contribue à la relance économique du pays.

Il s’agit, également, d’apporter des sources de financement, d’alléger les charges sur le budget de l’Etat et d’assurer plus de visibilité pour inciter les investisseurs et attirer des investissements directs étrangers (IDE).

Il a dans ce contexte indiqué que la petite taille de la BVMT (la capitalisation boursière ne représente que 25% du PIB), ne permet pas d’attirer les investisseurs et de contribuer au financement de l’économie et des entreprises.

Il a rappelé que la contribution du marché financier tunisien dans le financement de l’économie est de seulement 10%. Pour soutenir les PME, il a rappelé qu’un programme d’appui au financement non bancaire des PME “Investia Entreprise”, a été mis en place depuis l’année 2019. Il vise à accompagner, d’ici deux ans, 120 PME tunisiennes dans la levée de fonds propres ou de dettes, directement auprès des investisseurs sur le marché financier ou de la communauté du capital investissement.

De son côté, l’économiste et universitaire, Tahar El Almi, a souligné que la gestion de la crise sanitaire a été très bien menée, cependant le déconfinement progressif n’est pas à la mesure de déconfinement économique.

Selon lui, le rebond de la Bourse des valeurs mobilières est tributaire de la relance de l’économie. Il est nécessaire de mettre en place un plan de relance budgétaire et monétaire rigoureux afin d’éviter l’effondrement du système économique.

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En vue d’assurer un reprise de l’économie, El Almi plaide pour un soutien massif à l’entreprise aussi bien publique que privée, étant donné que cette dernière joue un rôle crucial dans la création de l’emploi et l’investissement.