Les peuples arabes se sentent frustrés par l’échec des régimes arabes, qui ne sont pas parvenus à relever le niveau de la coopération interarabe, alors que les décisions de la Ligue arabe sont restées lettre morte.

C’est ce qu’estime l’économiste et l’ancien ministre tunisien des Finances, Hakim Ben Hammouda, qui intervenait dans une conférence organisée, mercredi 13 mars, à Dar Dhiafa à Carthage, par l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) sur “Les enjeux de l’action arabe commune à la lumière des mutations régionales et internationales”.

Ben Hammouda impute le faible niveau de la complémentarité économique arabe à l’incapacité des systèmes arabes post-indépendance à instaurer un développement inclusif, à soutenir la croissance, à diversifier les structures économiques et à maintenir les équilibres financiers.

Il fait remarquer que “la moyenne de croissance dans la région arabe n’a pas dépassé 2,2% en 2018, soit le niveau de croissance le plus faible par rapport aux niveaux de croissance atteints par les autres groupes régionaux. Ce niveau de croissance est loin de suffire pour créer du développement”.

Il estime, par ailleurs, que les pays arabes, malgré leurs richesses naturelles et leurs ressources humaines, traversent une crise due à la montée de leurs déficits budgétaires, ce qui entrave le développement, l’investissement et la complémentarité économique entre ces pays.

Ben Hammouda citera l’expérience tunisienne, fustigeant l’ingérence des institutions financières internationales à l’instar de la Banque mondiale, dans la prise de décision nationale, à cause du recours des gouvernements successifs à l’endettement, estimant que le taux d’endettement pourrait atteindre 80% à la fin de l’année en cours.

L’économiste critique aussi la dépendance de certaines économies arabes à l’exportation des produits pétroliers et du gaz, subissant ainsi les effets de la volatilité des prix des hydrocarbures à l’échelle internationale.

La moyenne de l’endettement s’établit à 75% dans les pays arabes, a-t-il encore indiqué, considérant que les déséquilibres financiers dans la région arabe favorisent le recours à l’endettement, ce qui impacte les niveaux de croissance et aggrave les taux de chômage et de pauvreté.

Ben Hammouda souligne également que le taux de chômage s’élève à 30% dans le monde arabe, ce qui constitue un taux très élevé par rapport à la moyenne mondiale de chômage qui s’établit à 13%, mais aussi par rapport aux taux enregistrés dans certains pays européens où le chômage ne dépasse pas les 5 à 6%.

L’ancien ministre épingle aussi l’écart entre les discours officiels arabes -prônant le renforcement de la complémentarité économique arabe, des investissements et des échanges commerciaux interarabes- et les réalités sur le terrain.

Il espère voir les relations interarabes connaître un nouvel élan, à l’occasion du prochain sommet de la Ligue arabe qui se tiendra le 30 mars 2019 à Tunis.