Accorder foi à un article de mauvaise foi publié par un journaliste déchu qui considère la Tunisie et les pays africains comme des marchés potentiels pour des journaux électroniques dont le but est plus le racket politique qu’une réelle volonté d’informer et d’éclairer, c’est un clou de plus dans le cercueil de l’Etat tunisien. 

Parler de complot à la veille d’une saison touristique prometteuse et ensuite se rétracter dans un autre article, c’est traiter la Tunisie avec une nonchalance méprisable. Car on ne joue pas avec les intérêts vitaux d’un pays en se lançant dans des analyses arc-boutées à des suppositions ou basées sur une lecture dévoyée des faits, des visites ou des déplacements de hauts fonctionnaires d’un Etat.

Nous aurions aimé voir ce Nicolas Beau agir de même en France. Un Nicolas Beau qui a séjourné il y a près de deux mois en Tunisie, qui s’étonnait de se voir «suivi» par des sécuritaires, ce qui n’est pas prouvé mais justifié au vu de son historique avec notre pays et parce que, de par le monde, il est de notoriété publique qu’une grande partie des journalistes sont les meilleures sources de renseignements pour les agences de renseignements. Quoi de plus normal dans ce cas que de voir nos services sécuritaires veiller au grain sur les mouvements qui peuvent paraître suspicieux de certains représentants des médias étrangers ! N’en déplaise aux pseudo-démocrates financés en grande partie en euros ou en dollars par des bailleurs de fonds pas aussi désintéressés que cela !

Nicolas Beau a eu également l’occasion de voir le président du parti Ennahdha lors de son passage à Tunis tout juste avant les élections municipales. Ce dernier lui aurait accordé un entretien. Lotfi Brahem aurait-il été cité à l’occasion ? Peut-être que oui, peut-être que non.

Ce journaliste, qui devrait normalement être déclaré “persona non grata“ en Tunisie, … signe et persiste en interprétant à sa guise la rencontre entre l’ancien ministre de l’Intérieur et le roi saoudien

Toujours est-il qu’à son retour à Paris, Beau n’a pas hésité à accuser ouvertement l’ancien ministre de l’Intérieur de fomenter un complot contre le président de le République, avec un soutien émirati.

Pire, ce journaliste, qui devrait normalement être déclaré “persona non grata“ en Tunisie et qui affiche ouvertement sa sympathie envers les Frères musulmans, «opprimés» du temps où lui écrivait le fameux réquisitoire «La régente de Carthage» pour gagner de l’argent sur le dos des Tunisiens, signe et persiste en interprétant à sa guise la rencontre entre l’ancien ministre de l’Intérieur et le roi saoudien. Pour lui, «ces rencontres entrent dans le cadre de réunions ordinaires entre responsables de deux pays, mais cachent également des objectifs politiques».

Aurait-il assisté à la rencontre, lui aurait-on donné le PV des discussions qui ont eu lieu entre le ministre tunisien et le roi saoudien ? Et à ce point, la stabilité de la Tunisie lui tient-il à cœur ?

Ces informations relèvent toujours des interprétations pimentées que le journaliste français, enseignant et professionnel des médias, a voulu apporter aux faits et gestes de l’ancien ministre

Monsieur Beau, qui arrive mal à commercialiser ses journaux électroniques en Afrique se soucierait fort du parti Ennahdha, lui qui a écrit dans un article que Lotfi Brahem voulait éloigner ce parti du pouvoir. A-t-il eu cette affirmation du concerné lui-même ? Bien sûr que non. Ces informations relèvent toujours des interprétations pimentées que le journaliste français, enseignant et professionnel des médias, a voulu apporter aux faits et gestes de l’ancien ministre et accroître le nombre des lecteurs de son site en mal de finances !

Le pire est la lenteur dans la réaction du gouvernement !

Le pire dans tout ce qui s’est passé ces dernières semaines, c’est la lenteur de la réaction du gouvernement qui aurait dû, dès la parution de l’article, apporter un démenti formel et ne pas laisser les fausses allégations empoisonner un climat sociopolitique déjà tendu.

En Allemagne et sans vouloir douter de la probité des autorités publiques allemandes ou de leurs médias, il se trouve que nombre d’actes de violence dont le mode d’emploi ressemble bizarrement à des actes terroristes ont été attribués à des désaxés ou des dépressifs profonds.

A supposer que ce ne soit pas vrai et que l’on ait voulu donner une autre version des faits, c’est la raison d’Etat qui aurait prévalu.

Chez nous tout est mis sur la place publique si ce n’est des hauts commis ou des responsables politiques qui transmettent eux-mêmes les informations aux chancelleries étrangères sans oublier les documents officiels confidentiels que l’on trouve partagés sur les réseaux sociaux.

Bien que Trump ne soit pas réellement l’exemple à suivre, nous avons assisté au nombre inouï de changements au sein de son gouvernement

Que le chef du gouvernement veuille limoger son ministre pour des raisons qui ne sont pas connues par tout le monde, que l’ancien ministre de l’Intérieur ait des points de vue différents de son supérieur hiérarchique pour des raisons d’ordre technique comme précisé par lui-même, quoi de plus normal dans n’importe quel gouvernement y compris les plus démocratiques de par le monde. Et bien que Trump ne soit pas réellement l’exemple à suivre, nous avons assisté au nombre inouï de changements au sein de son gouvernement, et ceci sans qu’il y ait des interférences de parts et d’autres !

Mais dans notre pays, tout le monde s’autorise tout, à commencer par les représentants diplomatiques qui estiment qu’ils ont leurs mots à dire dans la gestion des affaires de notre Etat, finir par les millions de Tunisiens devenus experts en tout (économie, politique, football, société) et passant par les médias étrangers qui parlent de nous comme si nous étions des rats de laboratoire !

Ceci s’explique par la défaillance communicationnelle du gouvernement tunisien tout le contraire de la communication payée des millions de dollars par le Mouvement Ennahdha

Ceci s’explique par la défaillance communicationnelle du gouvernement tunisien tout le contraire de la communication payée des millions de dollars par le Mouvement Ennahdha.

En 2011, alors que le pays traversait une phase de grandes incertitudes, une cellule de communication de crise a été implantée à La Kasbah et des points de presse quotidiens étaient organisés à propos de tout et parfois de rien. Les journalistes briefés n’allaient pas chercher les informations dans des médias orientés ou partisans.

Les choses ont malheureusement changé aujourd’hui et il suffit d’un article d’un Nicolas Beau, lequel s’est d’ailleurs rétracté, en voyant peser sur lui la menace d’un tribunal militaire, pour que les mercenaires de la plume et les pages des blogueurs payés à coups de millions de dinars se déchaînent ne laissant aucun répit au pays.

Les raisons invoquées par le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani,… ne peuvent convaincre que les naïfs ou ceux qui ignorent tout de la désignation de Brahem

Les raisons invoquées par le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani, lundi 25 courant à propos des graves lacunes sécuritaires dans le drame de la migration clandestine à Kerkennah, ne peuvent convaincre que les naïfs ou ceux qui ignorent tout de la désignation de Brahem et de la nature de ses relations avec les uns et les autres. Iyed Dahmani aurait mieux fait de se taire.

Car si nous suivions sa logique, nous aurions assisté le 11 septembre 2001 au chamboulement de tout l’establishment politique et sécuritaire de New York après l’explosion des deux tours !

Que Dahmani parle d’un «pays de droit» où des instructions auraient pu être ouvertes pour vérifier si les rumeurs étaient fondées ou pas est un non-sens !

Lotfi Brahem, redevenu un citoyen ordinaire, a choisi pour sa part la voie de la justice, pas d’audition au Parlement. Et il a bien raison !

Rached Ghannouchi prépare son investiture pour la présidentielle de 2019 pendant que ses élus occupent les présidences des mairies avec l’approbation et peut-être même la complicité des démocrates

Et pendant que l’ARP discute des rumeurs sans fondements colportés par Beau, des projets de loi économiques impératifs pour la relance du pays dorment dans les tiroirs, nos députés commencent déjà à faire des réservations pour leurs vacances d’été et les prix flambent.

Normal après que le budget de l’Etat a été voté sur la base de 54 dollars le baril de pétrole, la spéculation continue de plus belle, le banditisme routier vit ses heures de gloire, l’absence de visibilité politique fait fuir investisseurs, cerveaux et hommes d’affaires, et Rached Ghannouchi prépare son investiture pour la présidentielle de 2019 pendant que ses élus occupent les présidences des mairies avec l’approbation et peut-être même la complicité des démocrates !

Ne sommes-nous pas les hirondelles des printemps arabes et le fief des mercenaires de Soros et de toutes les armes démocratiques de destruction massive identitaire et morale ?

Mais ne vous en faites surtout pas, tout va bien dans le meilleur des mondes, ne sommes-nous pas les hirondelles des printemps arabes et le fief des mercenaires de Soros et de toutes les armes démocratiques de destruction massive identitaire et morale ?

Faites de beaux rêves !

Amel Belhadj Ali