Plusieurs députés ont dénoncé mardi les actes de pillage qu’ont connues certaines régions durant la nuit de lundi à mardi. Ils ont mis en garde contre la gravité de pareilles dérives, appelant au respect du droit de manifester pacifiquement tel que garanti par l’article 37 de la Constitution et à l’ouverture d’un dialogue national économique et social.

Dans leurs interventions en plénière, les députés sont unanimes à croire que certaines parties politiques sont à l’origine de ces mouvements “pour servir leurs propres intérêts dans le cadre d’une campagne électorale précoce”.

D’autres députés de l’opposition ont critiqué, pour leur part, la tentative de réduite les protestations contre la flambée des prix et la loi de finances 2018 à des actes de pillage et de vandalisme survenus la nuit”. Selon eux, ces manifestations sont légitimes et la situation dans le pays commande une loi de finances complémentaire comportant des décisions annulant toutes les mesures prises.

L’opposition tient la coalition au pouvoir responsable de la dégradation de la situation, rappelant avoir mis en garde contre la loi de finances dont la plupart des articles sont passés dans le cadre d’un consensus partisan sans tenir compte de l’intérêt des Tunisiens.

A ce sujet, l’élu Sahbi Atig (Ennahdha) a indiqué que la majorité des groupes parlementaires avaient approuvé la loi de finances “dans un esprit démocratique”, avouant toutefois l’existence de difficultés et de mesures douloureuses qu’il fallait prendre et qui demandent les sacrifices de tous les Tunisiens.

Pour Hassan Amari (Nidaa Tounes), la loi de finances “est juste un prétexte”. Il a mis en garde contre l’éparpillement des efforts des forces sécuritaires et l’infiltration d’éléments terroristes dans ces mouvements.

Les revendications ne peuvent pas être satisfaites par les actes de vandalisme et la destruction des biens publics et privés, s’est-il indigné, soulignant que la Tunisie a besoin de tous ses fils à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour sortir de sa crise et que la justice doit assumer ses responsabilités envers les pilleurs.

Sofien Toubel (Nidaa Tounes) estime, de son côté, que les spéculateurs sont aussi responsables de la montée des prix. Il a ajouté que l’Etat doit intervenir pour faire respecter la loi, maitriser les prix et punir les spéculateurs.

Pour Hassouna Nasfi (Machrou Tounes), ce qui arrive aujourd’hui constitue “le cumul de 7 ans”, considérant que “les compromis partisans ne peuvent pas occulter les revendications de la rue tunisienne”.

Pour Nadia Zanker, députée de Machrou Tounes, il est impératif de réviser les décisions et examiner les suggestions proposées, soulignant la nécessité d’organiser un dialogue économique et social pour sortir le pays de la crise.

Le député Mustapha Ben Ahmed a appelé à faire la différence entre les manifestations pacifiques et les actes de vandalisme qui menacent la société et l’Etat, pointant les lobbies de la contrebande, de la spéculation et de la corruption que le gouvernement devra combattre efficacement.

Pour sa part, le député du Front populaire, Ammar Amroussia a rappelé que le Front avait mis en garde contre le danger de l’adoption de la loi de finances qui est, selon lui, à l’origine de l’explosion de la situation.

Quant au député du parti Al-Chaâb, Zouhaier Maghzaoui, il a indiqué que “ces manifestions pacifiques étaient inévitables au vu des mauvais choix faits par le gouvernement et l’absence d’une vision et d’un programme clairs pour le pays”.

Le député Fayçal Tebini (Voix des agriculteurs) a réclamé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de la mort du citoyen décédé hier et la mise en place d’un budget complémentaire pour remédier aux dernières décisions.

La députée Samia Abbou du Courant démocrate a estimé que les actes de pillage sont venus nuire aux mouvements de protestation qui sont le cumul de plusieurs facteurs et que la loi de fiances est venue aggraver.