A partir du mois de janvier 2019, les professionnels de la filière laitière arrêteront toutes leurs activités si le gouvernement ne relance pas les négociations, d’ici la fin de l’année en cours, a déclaré Yahia Massoud, membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche.

Dans une déclaration aux médias en marge d’une réunion tenue, mercredi au siège de l’UTAP sur la filière laitière, le responsable de l’UTAP, chargé des filières viande rouge et lait, a souligné que le gouvernement est appelé à prendre des décisions urgentes, afin de relancer le secteur et éviter le blocage des activités aux niveaux de toute la chaîne (collecte, production, commercialisation).

Et d’ajouter que cette décision a été prise en concertation avec la centrale patronale (UTICA) et les professionnels du secteur, rappelant que les deux organisations ont transmis leurs demandes au gouvernement pour entamer les négociations mais sans recevoir aucune réponse.

” En contrepartie, le gouvernement a choisi l’importation du lait qui est la solution la plus facile, sans tenir une réunion avec la commission de l’importation ou se concerter avec les professionnels du secteur “, a-t-il poursuivi.

“La filière laitière vit aujourd’hui une crise en raison de la baisse de la production et non du monopole comme annoncé par le gouvernement, et la situation risque de s’aggraver davantage, notamment avec les hausses successives du prix des fourrages qui a atteint 950 millimes le kilogramme, contre un prix de collecte de lait de 890 millimes.

Pour sa part, Hamda El Ifa, président de la chambre syndicale nationale des centres de collecte du lait a indiqué que la profession recommande une hausse, de pas moins de 200 millimes, du prix du lait, pour toute la filière, soit 110 millimes pour l’agriculteur, 20 millimes ou 30 millimes pour le groupement de collecte, et 40 millimes ou 50 millimes, pour l’industriel. Le prix final d’un paquet du lait destiné au consommateur final, variera entre 1,300 millimes et 1,350 millimes.

De son coté, Ali Al Kellabi, chef de l’entreprise Vitalait et membre de la Chambre syndicale nationale des industries du lait et dérivés a mis l’accent sur l’importance de cette filière qui est une fierté pour la Tunisie, rappelant que le pays a réalisé son autosuffisance en matière du lait depuis 15 ans. ” Toutefois, le glissement vertigineux du cours du dinar a impacté les coûts de production (fourrage, énergie, charges ouvrières), supportés par les différents intervenants dans la chaîne de production, alors que le prix de vente demeure constant depuis 4 ans.

” Face à cette situation, l’agriculteur a du vendre en contrebande son cheptel. Cette année et pour la première fois, nous avons enregistré une baisse de notre production du lait, soit une baisse de 7% de la production au niveau de la collecte, alors que d’habitude la production suit toujours une tendance haussière (entre 5% et 7%) “, a-t-il expliqué.