L’innovation est au cœur de l’écosystème des “start-up”. L’architecture du système de financement de l’innovation sera parachevée en 2019. Une porte d’entrée pour des solutions dédiées au financement de l’internationalisation des start-up?

La conférence annuelle de l’ATIC (Association tunisienne des investisseurs en capital) se termine toujours par des résolutions concrètes. Celle de 2018 qui s’est tenue le jeudi 23 courant n’a pas dérogé à la règle. On découvre enfin que des solutions financières importantes seront prises à l’effet de répondre à tous les soucis des startuppers. En 2019, l’édifice de financement de l’innovation sera global.

L’innovation, la voie royale de la création de richesse

Les investisseurs en capital, SICAR et fonds de capital-risque, s’obligent à militer pour parfaire l’écosystème financier dédié à la start up. A présent la filière de financement est en cours de globalisation. Désormais les start up auront un interlocuteur financier spécialisé à chaque étape de leur trajectoire. Cela va de la création au développement en passant par la croissance. Et bientôt de l’internationalisation.

Tout ce travail d’intégration financière est dicté par l’appel des jeunes entrepreneurs qui s’orientent vers l’innovation.

Il faut bien admettre que l’innovation est le vecteur de création de richesse, à l’avenir. Et c’est une orientation planétaire.

Durant l’année 2017, on a enregistré un flux d’investissements dans les circuits de l’innovation à hauteur de 200 milliards de dollars US. A peine 10% de ce flux est allé dans les pays émergents. Environ 0,2% de cet affluent est venu en région MENA. L’affaire est donc réglée.

Cependant, il faut aussi engager le combat sur le marché international, soutiennent, en chœur, les startuppers. Et à ce palier persistent quelques obstacles, dans l’environnement tunisien. Et, la conférence annuelle s’y est penchée.

Le financement de l’innovation sur la place de Tunis

Il se trouve en ce moment que le vent souffle en notre faveur. Les diplômés tunisiens manifestent un penchant pour l’entrepreneuriat. Un système de financement plutôt cohérent et assez réactif se met en place. Un cadre réglementaire avec le récent Start Up Act est en dynamique d’adaptation. SMART Tunisia nous ouvre des perspectives encourageantes sur l’Afrique.

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Pour sa part, le consortium GET-IT réalise une belle percée sur quelques marchés africains porteurs validant les références tunisiennes. Des “Success stories“ sont là et elles surviennent dans des domaines aussi pointus que l’intelligence artificielle. Il faut donc y aller. La machine s’emballe.

En 2017, en Tunisie, 232 accords de financement ont été agréés, pour une enveloppe totale de 560 millions de dinars contre 220 accords en 2016 avec un total de 336 millions de dinars.

Sur l’année 2017, on enregistre des décaissements de l’ordre de 421 MDT. Cela signifie que 75 % des accords de financement ont été mobilisés. Cela représente une augmentation de +29% par rapport à 2016. Les institutions de capital-création ont participé pour 34%. Et pour leur part, le capital-développement pour 64%.

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Cette répartition de 1/3 pour la création et 2/3 pour l’extension est satisfaisante. On compte 104 entreprises bénéficiaires et 6.500 emplois nouveaux. Près de 56% des opérations ont été réalisées dans les régions.

L’avenir de l’innovation

A présent l’écosystème va recevoir en renfort un fonds des fonds. La dotation prévue est de 200 millions de dinars. Il est programmé pour 2019. Tout est paré pour son lancement. L’essentiel est qu’il se mette en place et que ses interventions soient probantes.

Sa recapitalisation ne posera pas problème dans l’avenir. De surcroît le cadre réglementaire sera complété par une loi transversale. Elle interviendra courant 2019, et elle associe au moins quatre départements ministériels : Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, Technologies de l’information, Finances et bien entendu celui du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale.

On ne sait pas s’il y aura un guichet unique. L’avenir de l’innovation ne se joue pas sur le marché local. S’il existe un marché globalisé en dehors du marché financier, c’est bien celui de l’innovation. Les start up locales ont besoin d’être présentes à l’international, soit pour des raisons de sourcing ou de distribution, soit pour des raisons de croissance externe. C’est-à-dire des rachats d’entreprises. Et en la matière, la non-convertibilité du dinar leur impose des restrictions de change.

Courant 2019 la BCT réalisera une avancée significative avec la mise en perspective des plateformes de paiement. A titre dérogatoire, des assouplissements importants seront introduits au code actuel du change en faveur des start up en attendant la convertibilité totale du dinar.

Financement de l’innovation… encore un effort

La conférence annuelle de l’ATIC est un événement qui est toujours en phase avec les attentes de l’écosystème de l’innovation. Cependant, nous relevons que les investisseurs en capital n’ont pas convié la sphère bancaire à un partenariat effectif. Il est vrai qu’en matière de financement de l’investissement de l’innovation, les crédits bancaires se retrouvent hors champ. Mais pour les transferts et les virements, vers et en provenance de l’étranger, les banquiers peuvent apporter une contribution utile.

Par ailleurs, le marché de l’innovation est ultra dynamique et les fusions-acquisitions y sont monnaie courante. Les autorités boursières auraient pu être associées à l’événement. Nous considérons qu’une réflexion sur la création d’un Nasdaq (en Tunisie) doit accompagner tout débat relatif à la sphère de l’innovation.

Pour leur part, les banques internationales pourraient apporter des lignes de crédits extérieures, en dépannage. Ces concours répondraient momentanément aux besoins de fusion-acquisition de nos start up et autres “Spin-off”.

Par ailleurs, on ne sait trop qui représentera, à l’échelle nationale, telle une structure fédératrice, les start up.

Nous aborderons ces questions dans le cadre d’une interview, avec le président de l’ATIC.

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