L’heure est venue pour cultiver une image IT, pour le pays, afin d’asseoir une notoriété de site national technologique. Et c’est à “partager“ tout de go, soutiennent en chœur tous les opérateurs du secteur.

Les dirigeants de “SMART Tunisia“ et notamment son président, Badredine Ouali, ont le sentiment de passer à la vitesse supérieure. En présence du ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, Mohamed Anouar Maarouf, ils viennent de signer une salve de sept conventions avec des écosystèmes. Et, on annonce 3.000 postes d’emploi de haute qualification, à la clé.

Parmi ces écosystèmes, on trouve notamment le Technopark de Sousse. C’est de là que deux SSII ont assuré un programme de e-gov complet au Qatar et de nombreuses applications e-gov en Arabie Saoudite.

Il y a aussi le consortium GET IT qui fait des étincelles dans un grand nombre de pays africains. On n’oubliera pas le projet “Bizerte SMART City 2050“, un projet pilote de développement régional intégré avec une perspective région intelligente.

A la différence des entreprises, les écosystèmes, rappelle Badredine Ouali, disposent d’une taille critique et cela donne plus de visibilité au business, en particulier à l’international.

Pour ce super incubateur qu’est Smart Tunisia, cette nouvelle catégorie de partenaires donne plus de perspectives sur l’horizon africain. L’initiative tuniso-française, promue lors de la visite en Tunisie de François Hollande, en juillet 2013, a dédié Smart Tunisia à opérer, principalement sur le continent. C’est le marché naturel pour cet attelage. L’Afrique est réceptive aux deux expertises conjointes des deux pays et c’est là un atout majeur.

De bons plans d’affaires, en perspective

Les 7 partenaires sont en forte poussée de croissance. Et c’est bon signe, à l’export. L’IOT Tunisie -comprenez l’Internet des objets- est en plein essor. Le Technopark de Sousse, avec son compartiment mécatronique, est dans le peloton de tête de la région Méditerranée. Pareil pour GET IT qui se donne une force de vente remarquable en élargissant son membership à 17 enseignes aux états de services remarquables.

On ne rappellera jamais assez que Bizerte Smart City 2050, expérience pilote de développement inclusif tout digital, pourrait réaliser une avancée inédite en matière de financement de ses investissements. En effet, avec ses deux tentatives de partenariats, actuellement en cours de négociation, avec les régions Rhône Alpes (France) ou Catalogne (Espagne), il pourrait rompre le blocus des Fonds structurels européens. Ces fonds impressionnants destinés au développement des régions nous étaient inaccessibles car réservés, uniquement, aux membres de l’UE. Via le raccourci du partenariat direct, une passerelle peut naître et contourner, ainsi, cet obstacle. Tout cela laisse présager de plans d’affaires ambitieux. Et même si les contrats ne sont pas là, n’empêche le business se profile bien pour l’avenir.

Un travail «d’Image Building» est à faire

Le pays est en quête d’un scénario de rupture afin de réactiver le processus de développement, momentanément en panne. Alors, avec ce tandem qui se met en place, on voit une tentative concrète pour prendre la vague de l’IT, sur un horizon continental. Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre et s’éparpiller, notamment en essayant de remonter vers le Nord, espace marchand impressionnant mais où la compétition est au-dessus de nos moyens, rappelle Badereddine Ouali. Il faut commencer par bétonner sur le marché africain afin de bâtir de solides références, après on verra.

Au préalable, il y a le souci d’étiquette. Jusque-là le site national, malgré certaines percées de ventes IT à l’international, n’est pas réputé être un site dédié à l’IT, et Badereddine Ouali d’insister sur tout le travail d’image building qu’il faut entreprendre en soutien à la percée à l’international des SSII tunisiennes.

A la dernière édition de l’Expo universelle, rapporte-t-il, le stand Tunisie était encore décoré à l’ancienne. Le pays est à un tournant de son histoire et il faudrait qu’il accorde son violon sur le tempo du XXIème, et prendre le train en marche.

Mais où est donc “Tunisie Digitale“?

Cet événement est pour nous l’occasion d’interpeler le département des Technologies sur le déroulement du programme “Tunisie Digitale“. L’on nous a bercés avec l’effet d’annonce. En 2018, nous avait-on promis, on vivrait à l’ère du zéro papier avec l’administration, et le e-gov aurait réalisé de grandes enjambées ainsi que l’open-gov. Avec ce dernier notamment, le litige de l’accès du citoyen à l’information du secteur public trouverait son dénouement heureux.

Avec Tunisie Digitale, on devait hâter le haut débit, partout dans le pays. Et voilà qu’il a engagé la 4G en suscitant un grand mouvement de contestation dans la profession. Il est vrai que le pays a empoché plus de 400 millions de dinars, prix de la cession de licence. Mais, rappellent les professionnels de l’IT et notamment de la Chambre syndicale INFOTICA, plus d’un milliard de dinars d’achats d’équipements seraient faits à l’étranger. La profession, au vu de ce montant impressionnant, a appelé à certains accommodements pour favoriser les SSII locales. De la sous-traitance de matériel pouvait être envisagée, soutiennent-ils. Et l’embauche de compétences tunisiennes serait d’un bon effet, également.

On continue à vivre au rythme du “Réso Tayah“ dans le pays qui a abrité, en 2005, le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) et d’où est parti le slogan de “ICT 4 All“. Mais où est donc le Conseil national de l’informatique? Bad Question ! Lui aussi nous a fait vivre un mirage. A moins d’agir en silence, on ne le voit pas avancer. Chemine-t-il en secret? Mystère!