15Annoncé au début de cette année 2018, pour le mois d’octobre 2018, le démarrage du recensement général dans le secteur de l’agriculture ne commencera qu’en novembre prochain. Le dernier recensement date de 2005 et n’a concerné que les exploitants agricoles. Il s’agit du reste du premier recensement de cette ampleur depuis l’accès du pays à l’indépendance. Ses résultats seront prêts fin 2019.

Mention spéciale pour le secteur de la pêche dont le recensement ne démarrera qu’en 2020.

Les objectifs de ce recensement visent à recenser le nombre des agriculteurs et des exploitations agricoles, à collecter des données précises sur le secteur agricole et à les collecter pour la mise en place de nouvelles stratégies sur les plans national et régional.

Mieux vaut tard que jamais

Il faut reconnaître que ce recensement intervient très en retard. Il aurait dû être entrepris depuis longtemps. Ainsi, les agriculteurs du pays ont navigué à vue des décennies durant sans disposer ne serait-ce qu’une carte agricole laquelle aurait dû être concoctée en priorité dans le cadre d’une politique dynamique de l’aménagement du territoire.

D’ailleurs, il est important de signaler, ici, qu’en dépit du bien-fondé de ce recensement et de son importance pour un pays à vocation agricole comme la Tunisie et au regard de l’incompétence de certains cadres du ministère de l’Agriculture, il n’aurait pu être engagé qu’à la faveur d’un co-financement fourni par l’Organisation mondiale de l’alimentation (FAO). Cette dernière avait mis au point, ces dernières années, un programme international visant le développement des statistiques agricoles à auquel la Tunisie a adhéré.

D’après certaines mauvaises langues, ce recensement aurait été commandité par l’Union européenne en prévision d’une éventuelle conclusion de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) lequel prévoit, entre autres, la libéralisation des échanges des produits et investissements agricoles entre la Tunisie et l’Europe.

Ce recensement se fera en 4 étapes

Tel qu’il est présenté au cours d’une réunion tenue récemment, ce recensement se fera en quatre étapes. La première, dite préliminaire, durera 6 mois et portera sur l’établissement d’une liste nominative des exploitations agricoles du pays.

La deuxième durera 8 mois et sera axée sur la collecte de données structurelles sur les firmes agricoles.

La 3ème consistera en la collecte de données sur l’environnement des exploitations agricoles.

Enfin, la 4ème est définie comme une étape complémentaire. Des investigations complémentaires sur l’emploi et l’élevage de bétails seront réalisées ainsi que la réalisation d’une enquête communautaire, en 2020, au niveau de toutes les imadas pour connaître l’emplacement des exploitations agricoles (identification des coopératives agricoles, groupements hydrauliques, conseillers agricoles).

Selon des données fournies par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, le coût du projet est estimé à 25 millions de dinars (MDT) lorsqu’il était annoncé au mois de mars 2018, alors qu’il a été réduit à 15 MDT, toujours d’après la même source.

L’apport de la FAO consistera en des expertises internationales pointues en la matière. Entendre par-là que les quelques sous qui nous seront accordés serviront à payer les experts étrangers.

Les projets pilotes peuvent compromettre le projet

Par-delà cette valse des chiffes qui est loin d’être innocente, il y a un risque sérieux pour que ce projet de recensement ne soit pas mené à terme dans la mesure où il prévoit, dans une phase préliminaire, le lancement de projets pilotes dont le premier sera lancé à Sousse.

C’est une information qui n’augure rien de bon. L’expérience a montré qu’en Tunisie, chaque fois qu’on commence une initiative ou un programme par des projets pilotes, il y a une forte probabilité pour qu’ils n’aboutissent pas. Ce phénomène est similaire aux enquêtes et aux commissions d’investigation qu’on demande souvent sans aucune suite. Espérons que nous nous trompons… cette fois-ci.