Des conducteurs pris en otage sur une autoroute et empêchés de revenir sur leurs pas par des «contestataires bandits» qui ont utilisé femmes et enfants en tant qu’assurance, et le procureur de la République, présent sur place, prie les forces de l’ordre de les ménager pour éviter une dégringolade alors que d’autres femmes et enfants sont emprisonnés dans des véhicules et empêchés de revenir sur leurs pas.

C’est pire que ce qu’avait dit le fameux Tarak Ibn Zied : «L’ennemi est devant vous et la mer est derrière vous» ! Sauf que ces gens qui voulaient rentrer chez eux avaient des bandits devant eux, des bandits derrière eux et des sécuritaires disciplinés qui attendaient que les maîtres de la loi les autorisent à agir !

C’est beau les droits de l’Homme quand ils ne profitent qu’aux délinquants !

Un enfant opéré du cœur à l’hôpital d’enfant de Bab Saâdoun transporté dans les bras du père avec l’aide des infirmiers parce que les trois ascenseurs de l’établissement en question sont en panne. Et pourtant, l’arrivée d’un opéré sorti de bloc devrait être considérée comme une urgence ! Un dialysé de 77 ans se pend à l’hôpital Charles Nicolle parce qu’il a passé toute une nuit seul à souffrir sans que le personnel hospitalier s’en occupe ou s’en préoccupe !

Non, mais où va la Tunisie et jusqu’à quand le délabrement du service public ?

Non, mais où va la Tunisie et jusqu’à quand le délabrement du service public ?

Nous sommes dans un pays où l’Etat a peur des bandits, où les juges jugent qu’un malfrat qui a volé les bagages à l’aéroport Tunis-Carthage doit bénéficier de condamnations «homéopathiques» -en la matière 100 dinars tunisiens d’amende-, de quoi les encourager à voler pour des millions pour ensuite payer à l’Etat tout juste une «taxe» insignifiante sous forme d’amende !

Mais où est l’Etat, monsieur ? Car ce que nous voyons, nous citoyens “ordinaires“, c’est un Etat en déperdition ! Quelle garantie pour votre démocratie si l’Etat est absent et le pays est tenu par des malfrats de tous acabits ?

Nous sommes dans un pays, monsieur le Chef du Gouvernement, où, comme vous le déclarez très souvent, la démocratie est en bonne voie. Mais où est l’Etat, monsieur ? Car ce que nous voyons, nous citoyens “ordinaires“, c’est un Etat en déperdition ! Quelle garantie pour votre démocratie si l’Etat est absent et le pays est tenu par des malfrats de tous acabits ?

Nous sommes dans un pays où les honnêtes citoyens ont peur de jour comme de nuit que leurs femmes et enfants soient violés, que les truands les agressent et puis sortent triomphants des tribunaux parce que notre justice est devenue populiste et compatissante aux malheurs des criminels. L’est-elle autant pour ceux des honnêtes gens ? Ces honnêtes gens qui dépriment de plus en plus. Et quand ils veulent soigner leurs déprimes à coups de calmants et d’antidépresseurs, ils peinent à trouver les traitements dans les officines (sic). Mais ils peuvent se gaver d’eau de mer comme le disent et l’ont dit nombre de responsables, ou encore traverser nos rives pour aller ailleurs chercher un avenir meilleur !

N’est-ce pas la loi qui détermine les limites des libertés des uns et des autres ?

Les lois promulguées démocratiquement ne doivent-elles pas être appliquées sans hésitation et sans peur pour que les libertés ne se nuisent pas et les abus ne deviennent pas eux-mêmes des lois?

Où est la loi monsieur ? Ou est-ce que le célèbre précepte «Ma liberté finit là où commence celle d’autrui» n’a pas de place chez les apprentis démocrates que nous sommes ? Les lois promulguées démocratiquement ne doivent-elles pas être appliquées sans hésitation et sans peur pour que les libertés ne se nuisent pas et les abus ne deviennent pas eux-mêmes des lois?

Dans chacun de vos discours vous parlez de déficits comblés -économiquement-, mais à quoi cela servirait-il de combler les déficits si l’Etat ne sévit pas, s’il est lui-même en déficit d’autorité et si, faute d’appliquer les lois, on a de la peine à remonter la pente ?

Huit années d’échecs et d’erreurs qui se succèdent ne nous ont-elles donc pas appris à prendre le taureau par les cornes et oser ?

Huit années d’échecs et d’erreurs qui se succèdent ne nous ont-elles donc pas appris à prendre le taureau par les cornes et oser ? Oser braver toutes les résistances des individus qui se complaisent dans le chaos pour faire ce qui est juste et bon pour ce pays ?

Le processus de la lutte contre la corruption ne passe-t-il pas par l’application des lois monsieur le Chef du Gouvernement ?

La Tunisie ne veut plus de discours, elle attend des actes et des actes qui se traduisent dans la réalité par une amélioration de la condition socioéconomique, civile et juridique des citoyens,

Allons-donc ! La Tunisie ne veut plus de discours, elle attend des actes et des actes qui se traduisent dans la réalité par une amélioration de la condition socioéconomique, civile et juridique des citoyens, et la qualité de vie de ces citoyens ne pourrait être meilleure sans que la loi soit appliquée. Rien qu’en contrôlant les prix et en mettant fin aux diktats des intermédiaires, vous pourriez faire du bien à vos concitoyens, monsieur.

Ou devrons-nous revenir à la citation de Jacques Ellul qui dit : «L’homme n’est pas du tout passionné par la liberté, comme il le prétend. La liberté n’est pas chez lui un besoin inhérent. Beaucoup plus constants et profonds sont les besoins de sécurité, de conformité, d’adaptation, de bonheur, d’économie des efforts… et il est prêt à sacrifier sa liberté pour satisfaire ces besoins.

Certes, il ne peut pas supporter une oppression directe, mais qu’est-ce que cela signifie ? Qu’être gouverné de façon autoritaire lui est intolérable non pas parce qu’il est un homme libre, mais parce qu’il désire commander et exercer son autorité sur autrui. L’homme a bien plus peur de la liberté authentique qu’il ne la désire».

avons-nous besoin de démocratie, une démocratie plus handicapante que bénéfique telle qu’exercée ou comprise aujourd’hui par les «élites» politiques et les dirigeants tunisiens ?

Et dans ce cas, avons-nous besoin de démocratie, une démocratie plus handicapante que bénéfique telle qu’exercée ou comprise aujourd’hui par les «élites» politiques et les dirigeants tunisiens ?

Et pour conclure, des exemples, monsieur le Chef du Gouvernement, cités par Dr Mounir Ghariani, médecin anesthésiste réanimateur. Il y parle de faits survenus du temps de la «dictature» :

Le premier : un matin d’hiver à 7h, le président Ben Ali prend contact avec le ministre de la Santé, Mondher Zenaidi (qui se trouvait bien sûr à son bureau) pour lui exprimer sa préoccupation parce qu’il venait d’apprendre que le chauffage central de l’hôpital d’enfants était hors service. Le ministre lui répond que la situation est déjà rétablie depuis la veille dès qu’il en a pris connaissance et qu’il s’est rendu lui-même sur les lieux à 6h30 du matin pour s’en assurer.

Le deuxième : Mondher Zenaidi venait d’apprendre que le scanner d’un hôpital de l’intérieur vient de tomber en panne. Il prend alors contact avec le représentant de la marque et lui demande de se rendre immédiatement en France pour ramener la pièce endommagée. L’appareil est devenu opérationnel dès le lendemain.

Le troisième : alors que Mondher Zenaidi était ministre de la Santé, l’IRM de l’hôpital de Sfax est tombée en panne, il a dépêché sur place et dans les 24h une IRM mobile.

Et là nous citons un seul secteur, celui de la santé, nous ne parlons pas de ceux de l’industrie, de l’équipement, des télécoms et autres ! Des ministères où les ministres n’ont plus voix au chapitre !

Citer ces exemples ne vise aucunement à prodiguer des éloges gratuits aux dirigeants d’antan mais à rappeler à ceux d’aujourd’hui que gouverner et servir le peuple ne se limitent pas à des discours démagogiques

Citer ces exemples ne vise aucunement à prodiguer des éloges gratuits aux dirigeants d’antan mais à rappeler à ceux d’aujourd’hui que gouverner et servir le peuple ne se limitent pas à des discours démagogiques et creux mais tient en premier à la capacité d’un décideur à faire bouger les choses et à agir sur elles pour améliorer au quotidien la vie des gens. En un mot, la capacité de gouverner !

Si le système empêche les compétences et les responsables de bonne volonté d’agir, alors peut-être que les temps sont venus pour que ce système soit remplacé par un autre.

Après tout, la démocratie est surtout d’offrir le meilleur aux électeurs !

Amel Belhadj Ali