L’absence de cadre légal au “pescatourisme” (pêche touristique) constitue un obstacle majeur au développement de cette activité, en Tunisie. C’est ce qui ressort de la journée de démonstration organisée à Tabarka par le WWF (Fonds mondial pour la nature) pour l’Afrique du Nord.

Le pescatourisme est défini par le Fonds comme étant “une activité récréative offrant la possibilité aux touristes de découvrir les métiers traditionnels de la pêche en embarquant sur un bateau de pêche avec des professionnels”. Il permet au marin-pêcheur de prendre des touristes sur son embarcation, généralement pour quelques heures, pour compenser la diminution de ses revenus suite à la baisse des ressources halieutiques.

A l’occasion de cette journée, environ 25 personnes entre professionnels du secteur, députés et journalistes ont pu assister, samedi 14 septembre 2018 à la place de touristes, à une sortie en mer, pendant laquelle des pêcheurs ont jeté leurs filets. Ils ont également, visité le périmètre devant abriter l’aire marine protégée de Tabarka.

Pour Soufiène Mahjoub, chargé du programme marin au WWF, Afrique du Nord, le développement du “pescatourisme” dans cette zone pilote permettra de sensibiliser le touriste à l’importance de la préservation du milieu marin, de la pollution et de la valorisation d’un patrimoine culturel (techniques de pêche traditionnelles), ainsi que d’atténuer la pression sur les ressources halieutiques.

D’ailleurs, en Algérie un cadre légal réglementant cette activité a été adopté en 2017, a-t-il précisé aux participants à la journée, rappelant que le “pescatourisme” s’est développé tout d’abord en Italie puis en France.

Walid Abassi, qui travaille à l’Unité de gestion des aires marines et côtières protégées, de l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL) a indiqué que la création de cette aire qui s’étendra sur 140 hectares, est revendiquée par les clubs de plongée de la région. Elle couvrira 3 sites de plongée à savoir le Rocher aux mérous, cap Tabarka et les tunnels.

Selon Remi Bellia, expert dans ce domaine et chargé de mission à Petra Patrimonia Corsica(coopérative d’entrepreneurs corse), “un travail de réflexion puis d’activisme sur l’avenir de la profession du marin-pécheur confronté à la baisse des prises, mené en France à la fin des années 2000, notamment, dans les régions de Province Alpes-côtes d’Azur et de Corse (zones pilotes), ont permis de doter le pescatourisme, d’un cadre légal et de développer cette activité à partir de 2010.

A cet égard, le pescatourisme est proposé gratuitement sur 15 embarcations pendant quelques jours, annuellement en Corse, ce qui témoigne de l’importance accordée à cette activité par les pêcheurs eux-même”.

En Tunisie, le développement du pescatourisme nécessite la réforme du code de la pêche et de code de la navigation et l’établissement de tout un cahier de charges, selon un responsable de la direction de la pêche.

Pour ce responsable qui a requis l’anonymat, le développement de cette activité est également, lié à la création d’aires marines protégées, laquelle risque d’être confrontée à l’opposition des organisations professionnelles.

L’aire marine protégée de Tabarka, en gestation, se trouve non loin des frontières algériennes et de l’aire marine protégée algérienne “El Kala”, les deux zones étant concernées par le projet de WWF de renforcement des capacités des gestionnaires de ces zones, un des projets du “MedMPA Network” (réseau des aires marines protégées de la Méditerranée ), les pays méditerranéens s’étant engagés à protéger au moins 10% de la Méditerranée d’ici 2020.