Depuis qu’il est venu tourner son premier film “Viva La Muerte”, au début des années 70, Fernando Arrabal garde toujours “un souvenir ému et inoubliable de Hergla et de toute la Tunisie”, dit-il.

Le célèbre réalisateur et dramaturge espagnol est arrivé, mardi 28 août, à Hergla dans le cadre de l’hommage qui lui est rendu par les 13èmes Rencontres Cinématographiques de Hergla, présidées par le réalisateur Mohamed Challouf.

Fernando Arrabal était présent à la projection de “Viva La Muerte”, ce long-métrage de fiction de 90 mn datant de 1971, coproduit par la Tunisie et la France et devenu un film culte du cinéma mondial.

Humble, Arrabal est “fier d’avoir pu faire un film qui a fait le tour de l’Europe où il a été très bien accueilli”, à l’exception de son pays natal. En Espagne, il a été projeté “quelques années plus tard après la fin de la censure, mais il n’a pas plu au public espagnol”, regrette le réalisateur avec un air nonchalant.

Trois de ses collaborateurs tunisiens dans le film étaient présents, à savoir Hassen Daldou (producteur exécutif), Férid Boughdir (1er assistant) et Kahena Attia (assistante au montage).

“Arrabal avait ce qu’on peut appeler des illuminations”, selon l’expression de Boughdir qui évoque des souvenirs avec un homme “libre dans sa tête qui lit énormément, adore Salvadore Dali…”.

Avec Arrabal, il dit avoir appris ce qu’il y a de plus précieux dans le cinéma, “la liberté”, chose qui lui a servi plus tard dans son parcours de réalisateur.

Hassan Daldoul a évoqué des moments “fabuleux”, à Hergla, lors du tournage de ce film qu’il avait eu l’occasion de redistribuer, en France, dix ans après sa sortie. Il n’a pas caché son émotion de revoir l’équipe du film tourné “dans une ambiance d’enchantement, tout en faisant une oeuvre très sérieuse et très importante pour le cinéma mondial”.

Kahena Attia, qui entamait une carrière de monteuse, revient sur ses discussions sur “l’existentialisme et sur la vie” avec un homme qui lui a “beaucoup appris”.

Parmi les autres Tunisiens qui ont été dans l’équipe de tournage, Hachemi Marzouk (décor) et Kassem Larbi Ben Nakaa (régisseur général). Arrabal a salué Hachemi Marzouk “devenu un grand sculpteur international avec lequel j’ai collaboré dans d’autres films”.

Mehdi Chaouch, qui interprétait le rôle du jeune garçon “Fando”, s’est exprimé dans un enregistrement filmé “48 ans déjà” sur sa participation dans ce film qui lui avait permis “de vivre une expérience inoubliable”.

Il avait à peine 13 ans quand il est tombé sur une annonce à la presse pour un casting. Il se rappelle d’un tournage difficile durant lequel il avait dû apprendre à maîtriser le français et l’anglais pour jouer le rôle d’un “enfant tuberculeux dans un environnement familial et social troublé”.

Censuré en Tunisie, il a fallu attendre les années 80 pour que Mehdi Chaouch puisse voir le film en France où il avait connu “un grand succès”, dit-il.

Cette fiction se passe dans une Espagne sous le régime franquiste, à travers l’histoire de Fando, un adolescent qui découvre que c’est sa mère, pieuse catholique, qui a dénoncé son mari antifasciste. Perturbé par ces révélations, Fando va entamer son enquête pour retrouver son père.

Dans un récent article publié sur internet, Arrabal rappelle qu’en 1971, le film avait “provoqué un véritable scandale par son ton délibérément outrageant”. Durant des années, il avait été “censuré en France et en Espagne”.

Le film était produit par la Satpec et Isabelle d’après un scénario de Claudine Lagrive et Fernando Arrabal. Il s’agit d’une adaptation du roman semi-autobiographique “Baal Babylone” de Fernando Arrabal.