Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), hier banque de la TPE, et ses engagements ont aidé à faire reculer le chômage des diplômés du supérieur. Ne peut-elle pas, demain, devenir la banque des clusters et aller vers les chaines de valeur ?

La BTS envisage d’augmenter son capital. Et l’augmentation de capital n’est pas destinée à éponger des pertes, mais bien de faire face à un projet d’expansion. Elle réveille, à l’occasion, une vaste réflexion autour de sa vocation. Ne peut-on pas reconfigurer cette noble mission de financer les plus entreprenants de nos jeunes diplômés qui n’ont pas trouvé d’embauche et qui se sentent motivés par l’initiative individuelle ?

S’agissant d’une institution publique, cette augmentation de capital appelle et mérite débat.

Les lettres de noblesse de la Banque publique

On a le sentiment que la BTS et la BFPME ont été conçues pour marcher main dans la main. Enfin, toutes deux répondaient à une problématique économique précise. La première devait enrayer le chômage des jeunes diplômés. Quand bien même ils pourraient avoir les talents nécessaires, les jeunes diplômés sont la plupart du temps privés de moyens et de patrimoine. Il s’agissait donc de leur procurer les fonds propres nécessaires avec une approche de capital-risque, étant donné qu’ils ne peuvent fournir de garanties réelles, à défaut de patrimoine personnel.

La seconde devait soulager les PME, gros corps du bataillon de notre tissu économique et victime d’une maladie endémique, à savoir la sous-capitalisation. Cette tare leur fermait la voie du crédit selon les normes de la banque privée.

L’activité des deux banques était exposée plein risque. Mais il faut reconnaître que même privées de collecte d’épargne, ces deux banques ont échappé à la malédiction des banques publiques, à savoir l’étouffement par les créances carbonisées, et elles n’ont pas eu besoin de recapitalisation. C’est tout à l’honneur de leur management et de la banque publique en général.

Solidarité nationale et efficacité économique

On ne sait trop si un acte de solidarité financière peut se transformer en un pari économique réussi. L’ardente obligation d’insérer les jeunes au monde de l’activité économique via le statut d’entrepreneur individuel était un challenge qu’il faut tenter. Ce genre d’initiative appelle tout un écosystème intégré. Peut-être parviendrons-nous à y arriver à l’occasion de l’augmentation de capital de la BTS, ce qui lui donnerait un deuxième souffle dans la vie et rajouterait un troisième poumon à l’économie nationale.

C’est le moment de rappeler l’originalité de la constitution de la BTS à sa création. Les souscriptions avaient été bouclées par prélèvement d’un montant de 5 dinars sur les salaires des employés du secteur public contre garantie de l’Etat. En cas de déconfiture, l’actionnaire pourrait se faire rembourser auprès du Trésor ou déduire le montant sur la déclaration fiscale. Bien trouvé. Nous espérons que la nouvelle augmentation se fera par appel public à l’épargne. Mais pour cela, il faudra que la BTS se soit listée à la Bourse. L’opération peut être conclue malgré tout sur le marché occasionnel. Des fonds éthiques peuvent être facilement trouvés. De cette façon, le management aurait l’occasion de s’expliquer en public de la validité de l’opération.

BTS, Banque des clusters ?

L’un dans l’autre, la BTS tient le cap, même si dans l’intervalle elle s’est quelque peu éparpillée. Financer la TPE, ça a du bon. En effet, quelques jeunes talents ont eu cette chance de se faire financer par la BTS. Et du moins bon, car financer les activités répétitives revient à déguiser le chômage et à ne pas créer de la vraie valeur.

Le concept vertueux de banque solidaire peut s’enrichir davantage, selon nous, si la BTS allait, en logique de chaîne de valeur, financer un écosystème précis, à savoir le cluster. Dans cette optique, la BTS pourrait favoriser et la croissance et à l’inclusion dans les régions.

Le cluster est le premier maillon qui peut conduire vers la zone industrielle et, mieux encore, vers le technopark.

Le concept vertueux de banque solidaire serait socialement efficace et économiquement viable.

Nous reviendrons sur toutes ces considérations lors d’un entretien imminent avec Mohamed Kaaniche, PDG de la BTS.

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*Très Petite Entreprise.

**Cluster :Ecosystème d’entreprises intégrées autour d’une chaine de valeur.