Pendant que les discussions politiciennes, stériles, envahissent nos sphères socioéconomiques et que nos médias monopolisés, en grande partie, par des personnages dont la maîtrise de l’art de la démagogie n’a d’égale que celle de la superficialité des analyses et l’absence de vision, d’autres personnes travaillent et s’investissent pour le pays.

Un exemple révélateur, celui du programme Enactus Tunisie soutenu par la fondation allemande Konrad Adenauer, dont la présidente actuelle du Conseil d’administration est Monia Jeguirim Essaidi, et dirigée de manière efficiente,  constructive et beaucoup d’amour et de dévouement par Khaoula Khedimi Boussemma (president & CEO Enactus Tunisia). Un programme de développement de la culture entrepreneuriale au sein des universités sur lequel on travaille beaucoup. Enormément !

On travaille à changer les mentalités et développer une nouvelle culture : celle de l’entrepreneuriat social défini comme étant «une manière d’entreprendre qui place l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Quel que soit le statut juridique des entreprises (association, coopérative, SAS, …), leurs dirigeants font du profit un moyen, non une fin en soi».

Et en la matière, nous avons pu admirer tout récemment 6 expériences fort édifiantes dans 6 pays : la Tunisie, le Liban, le Maroc, l’Egypte, la France et l’Allemagne.

Cela fait près de 10 ans que l’équipe d’Enactus -auparavant SIFE- s’investit dans le développent de cette culture entrepreneuriale au sein du milieu universitaire. Et ça marche!

Les étudiants qui ont suivi le programme sont recrutés automatiquement dès acquisition de leurs diplômes ; leur approche du monde de l’entreprise est plus innovante et plus humaine. Elle est axée sur les autres.

Tout récemment un samedi a été consacré par Enactus à relater les expériences des uns et des autres dans l’entrepreneuriat social ; expériences édifiantes qui prouvent que vouloir est pouvoir et que le salut de l’humanité viendra de ceux et celles qui croient en la nécessité de préserver les héritages civilisationnels et de protéger la nature.

Blue Fish pour préserver artisanat et culture

Quel rapport entre le bleu, le poisson, l’artisanat et la culture ? Pour Leila Ben-Gacem, cette ancienne CJD, tunisienne et éternelle optimiste, Ashoka Fellow, le nom de l’agence “Blue Fish“ dans laquelle elle conçoit des projets d’impact socio-économique avec pour principal objectif, la préservation de l’artisanat, la culture et les espaces urbains historiques résulte tout simplement du fait qu’elle aime le poisson et adore la couleur bleue. Il n’y a pas à chercher très loin.

Par contre, à travers Blue Fish, elle a fondé «la Boutique hôtel Dar Ben Gacem», et l’espace Dar el Harka. Ces entreprises créent des opportunités culturelles et économiques partagées dans la Médina de Tunis.

Cette férue d’artisanat et amoureuse du patrimoine culturel national s’investit corps et âme dans l’entrepreneuriat culturel. Elle a été pendant des années conseillère en export dans notre pays et initié Sougha, pour Khalifa Fund aux EAU, une entreprise sociale qui a amélioré l’inclusion socio-économique des femmes émiraties artisanes à travers la création d’opportunités de travail autonome.

Toujours en Tunisie, le jeune Ali Karkour a démarré son commerce de figues à 17 ans, aujourd’hui, à 25 ans, il a lancé en 2015 Tazart, une entreprise sociale valorisant les figues et les dattes des régions de Tataouine et de Kébili. Il a ainsi œuvré à améliorer les conditions et les techniques de travail des agriculteurs de ces régions avec lesquels il traite dans le commerce des figues séchées trempées dans de l’huile de l’olive.

Les produits Tazart sont en vente dans les épiceries fines. Ali Karkour est un allumni Enactus IHEC Carthage et actif dans la société civile.

Sous d’autres cieux, au Maroc, Yassine Ettayel a découvert le monde de l’entrepreneuriat social en intégrant Enactus lors de ses études supérieures à l’Institut national des postes et télécommunications (INPT). En 2015, Il a cofondé Educall, une entreprise sociale qui vise les enfants -abstraction faite de leurs classes sociales.

Yassine ambitionne d’améliorer la qualité de l’éducation marocaine et, de ce fait, d’apporter un changement positif au paysage éducatif au Maroc. Rappelons que le taux d’alphabétisation au Maroc ne dépasse pas les 32%.

Syrine Abi Kheir, l’amoureuse de la nature

Syrine Abi Kheir, née en 1992 au Liban, à Dhour Shweir, un authentique village montagneux, s’est donné pour but de préserver la nature sur la planète terre. Vivre en harmonie avec la nature, la plus belle et la plus grande école du monde, était son vœu le plus cher. Un vœu qu’elle est en train de réaliser en mettant en place tout un programme de sensibilisation à l’importance de vivre en harmonie avec l’environnement.

Elle travaille dans le cadre de Daskara, son entreprise à changer les mentalités et à créer une harmonie entre l’être humain et la nature, dans le sens où chaque individu veille, à travers son comportement, à préserver la nature. Le but est de protéger l’environnement et de rétablir l’équilibre entre l’homme et son environnement.

Félix Beaulieu est, lui, Français. Il a fondé l’entreprise sociale «On Purpose» à Paris en 2014. Cette organisation gère un programme de transition de carrière et de développement du leadership qui dure une année.

Auparavant, il était établi en Grande-Bretagne où il n’arrêtait pas d’entendre dire que rien ne marche en France et que les start-up n’ont aucune chance de réussir. Il a voulu prouver qu’à cœur vaillant rien n’est impossible. Il est rentré dans son pays natal et a lancé un programme visant à attirer de jeunes professionnels expérimentés et très compétents à travailler.

Leurs missions ont lieu dans des entreprises sociales en leur proposant deux missions rémunérées dans deux organisations différentes et une formation de niveau MBA.

«Sign it Event» est le projet lancé par la jeune allemande Frederike HOFERMANN, soit une agence de communication spécialisée dans la promotion des entreprises à vocation sociale et respectueuse ayant fait le choix d’opérer dans le respect des valeurs humaines et en harmonie avec l’environnement. C’est aussi une entrepreneure formée à l’école Enactus devenue aujourd’hui une pépinière pour dénicher les graines d’entrepreneurs, les orienter et les valoriser.

Etre présent partout sur le territoire national, dans toutes les universités pour offrir à nos jeunes la chance de découvrir leurs talents d’entrepreneurs, de les pousser à réfléchir autrement et les convaincre de leurs capacité à changer le cours de leurs vies à conditions qu’ils le veulent et qu’ils le fassent, c’est le but et la mission d’Enactus Tunisie.

Aussi bien la présidente du Conseil d’administration Monia Jeguirim Essaidi que Khaoula Khedimi Boussemma s’y attellent. Grâce à l’équipe Enactus Tunisie, nous voyons les choses bouger dans nos universités et des étudiants en quête d’originalité et d’excellence. L’ambition est que des centaines, aujourd’hui, ils deviennent des milliers. Cela ne saurait tarder.

Amel Belhadj Ali