“Un projet de loi relative à la promotion des start-up visant l’encouragement de l’initiative privée à fort contenu numérique a été adopté par le conseil des ministres et sera bientôt soumis à l’Assemblée des représentants du peuple pour approbation”, a indiqué, lundi 26 février, le chef du gouvernement, Youssef Chahed.

S’exprimant à la clôture du forum économique tuniso-espagnol, tenu au siège de l’UTICA, sur le thème “Tunisie – Espagne: Réformes économiques et investissements”, il a rappelé les grandes réformes engagées par le gouvernement pour améliorer le climat des affaires, évoquant, en l’occurrence, la nouvelle loi de l’investissement, la loi sur les avantages fiscaux, la nouvelle loi sur les PPP, la nouvelle loi bancaire…

Chahed a aussi évoqué les efforts déployés pour lutter contre la corruption et améliorer les conditions sécuritaires dans le pays, faisant savoir que la Tunisie a été choisie en 2017 par le groupe Banque mondiale parmi 3 autres pays pour obtenir un certificat de reconnaissance des efforts déployés pour créer un climat propice aux investissements.

Des échanges commerciaux de 1,216 milliard d’euros en 2017

“Le forum économique tuniso-espagnol constitue un pas vers la réalisation des orientations retenues et une occasion pour s’inspirer de l’expérience espagnole réussie en matière de réformes structurelles”, a déclaré Chahed à cette occasion.

Il a reconnu, par ailleurs, le soutien accordé par l’Espagne à la Tunisie depuis le 14 janvier 2011, formulant l’espoir de voir la présence économique espagnole se renforcer dans le pays, à travers la mise en place de nouveaux projets, outre les 67 entreprises espagnoles déjà installées en Tunisie.

les investissements espagnols en Tunisie restent concentrés sur l’industrie des matériaux de construction

Il a ainsi invité les opérateurs économiques des deux pays à saisir les opportunités qui se présentent dans plusieurs secteurs porteurs, à savoir les industries manufacturières, l’agriculture, le transport, les énergies renouvelables, le tourisme et les technologies de communication.

Le chef du gouvernement considère par ailleurs que la création de la Chambre tuniso-espagnole de commerce et d’industrie en avril 2017 constitue un nouveau pas pour renforcer les échanges commerciaux entre les deux pays, lesquels échanges ont atteint, en 2017, 1,216 milliard d’euros, faisant de l’Espagne le 4ème fournisseur et client de la Tunisie.

De son côté, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a souligné que “l’économie tunisienne se trouve à un moment crucial”, estimant que “les réformes structurelles sont toujours difficiles et demandent du temps pour donner leurs premiers fruits”.

l’Espagne a connu 5 ans de récession, une forte détérioration de la production et une perte de plus de 3 millions d’emplois

Rajoy a également rappelé l’expérience de son pays qui a traversé une crise économique aiguë se traduisant par 5 ans de récession, une forte détérioration de la production et une perte de plus de 3 millions d’emplois.

des milliers de chômeurs, y compris âgés, ont accepté de faire des petits boulots, sous-payés et souvent au noir, pour boucler leurs fins de mois

Il a, en outre, précisé que “cette crise à contraint l’Espagne à mettre en place un plan rigoureux de réformes dans plusieurs domaines, ce qui a ainsi permis au pays d’inverser la tendance et de se mettre de nouveau sur l’orbite de la croissance, réalisant, en 2017, un taux de croissance de 3,1% avec une création annuelle de 500 mille emplois depuis 2014”.

La recette espagnole pour sortir de la crise: stabilité financière, transformation numérique, encouragement de la Recherche et développement, l’élimination des entraves administratives, l’encouragement à l’internationalisation des entreprises espagnoles

Rajoy considère que le maintien de cette tendance nécessite de développer la capacité d’adaptation de l’économie espagnole à travers le renforcement de la stabilité financière, la poursuite de la transformation numérique, l’encouragement de la Recherche et développement, l’élimination des entraves administratives, l’encouragement à l’internationalisation des entreprises espagnoles.

En 2014, des investisseurs étrangers ont investi 50 milliards d’euros en Espagne, deux fois plus qu’en 2013

D’après le chef du gouvernement espagnol, la Tunisie a pris durant les dernières années des décisions courageuses qui inspirent la confiance. Il a réitéré l’engagement de son pays à renforcer ses liens économiques avec la Tunisie, précisant que de nouvelles lignes de crédits seront ouvertes pour financer les PME.

Prenant part à la cérémonie de clôture du forum, le président de l’UTICA, Samir Majoul, a fait remarquer que les relations commerciales et le partenariat en matière d’investissement entre les deux pays n’ont pas encore atteint leur potentiel.

“Bien que l’Espagne soit un acteur majeur de l’Union européenne, ses importations de la Tunisie ne représentent que 3,8% des exportations tunisiennes vers l’UE, et ses exportations ne sont que de 4,5% des importations tunisiennes de l’Europe”, a-t-il dit.

Et de poursuivre “de même, les investissements espagnols en Tunisie restent concentrés sur l’industrie des matériaux de construction et méritent d’être diversifiés sur des secteurs à forte valeur ajoutée”.

«L’Espagne est en train de devenir le grand centre de production milieu de gamme pour le marché européen, un peu comme la Chine pour le reste du monde»

“C’est dans cette perspective que le Conseil d’affaires tuniso-espagnol, créé en 2013, est appelé aujourd’hui à dynamiser les relations entre les deux milieux d’affaires pour faire passer la coopération entre les entreprises tunisiennes et espagnoles des simples opérations commerciales ponctuelles à un partenariat stratégique, proposer de nouvelles pistes de co-investissement et démanteler les barrières qui entravent la coopération entre les deux pays”, a-t-il conclu.

En 2014, l’Espagne a lancé un plan de relance, avec à la fois des baisses d’impôts sur le revenu et sur les sociétés

Présents au Forum économique tuniso-espagnol, Joaquin Gay de Montella Ferrer-Vidal, vice-président de la CEOE (Patronat espagnol), et Maria Luisa Poncela Garcia, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur espagnol, ont affirmé l’engagement de l’Espagne à rehausser le niveau d’échanges et de coopération avec la Tunisie à un niveau qui prend en considération le potentiel de leurs économies.

Une nouvelle ligne de crédit sera ouverte en faveur des PME

Poncela Garcia a aussi indiqué qu’une nouvelle ligne de crédit de 25 millions d’euros à des conditions très favorables sera ouverte pour financer les PME, incitant les autorités tunisiennes à poursuivre les réformes à même d’assurer plus de facilité pour l’investissement.

Pour leur part, les responsables tunisiens présents, à savoir Taoufik Rajhi (ministre auprès du chef du gouvernement chargé du Suivi des grandes réformes), Khalil Labidi (président de l’Instance tunisienne de l’investissement) et Hichem Elloumi (vice-président de l’UTICA), ont axé leurs interventions sur les avancées réalisées par la Tunisie en matière de réformes économiques relatives à l’investissement et l’amélioration du climat des affaires.

En Tunisie, 67 entreprises espagnoles sont actuellement installées avec un volume d’investissement dépassant les 1.300 MDT et plus de 6.581 emplois.

En marge de ce Forum, l’UTICA et la CEOE ont procédé à la signature du renouvellement du protocole d’accord instituant la création du conseil d’affaires tuniso-espagnol. Un autre accord de partenariat a été signé entre les sociétés Siemens Gamesa et SOCOMENIN.