Des partis politiques ont fait porter la responsabilité de l’ajout de la Tunisie à la liste noire du Parlement européen des pays tiers exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terorisme aux politiques suivies par les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011.

Dans des déclarations publiées jeudi 8 février, ces partis mettent en garde contre les conséquences de ce classement sur l’économie nationale et les investissements étrangers.

C’est le cas du parti Al-Joumhouri qui souligne que ce classement témoigne de la fragilité des établissements financiers et bancaires tunisiens et le retard pris dans l’exécution des réformes exigées en matière de lutte contre le terrorisme et de blanchiment d’argent.

Ce classement reflète également le laxisme dans le contrôle des opérations de transferts d’argents opérées depuis l’étranger, notamment après la révolution, ainsi que du financement des associations suspectes sous la Troïka.

Selon Al-Joumhouri, le limogeage du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie ne résoudra pas le problème et ne convaincra pas les investisseurs européens de l’efficacité des politiques nationales.

“Un pays dans lequel l’économie informelle et la contrebande représentent environ 52% du PIB ne peut être qu’un terrain propice au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme”, ajoute le parti.

Al-Joumhouri appelle, par ailleurs, à revoir, sérieusement, les orientations et politiques qui ont prouvé leur échec et à mettre en place une nouvelle forme de gouvernance qui assurerait les grands équilibres et empêcherait l’effondrement de l’économie nationale.

De son côté, l’Union patriotique libre (UPL) annonce son intention de poursuivre en justice les anciens chefs de gouvernement, sous la Troïka, et tous ceux qui ont nui à l’intérêt supérieur de la Tunisie.

Le parti rappelle avoir incité les gouvernements successifs, sous la Troïka, à mener des enquêtes administratives et judiciaires au sujet du financement étranger de certains partis politiques et à appliquer la loi antiterroriste.

Le parti Al-Moubadara s’est dit profondément consterné par la décision du Parlement européen qui aura “un impact négatif sur l’image de la Tunisie, au moment où le pays ne cesse de fournir des efforts multiples pour apporter des réformes économiques et lutter contre la corruption et le terrorisme sous toutes ses formes”.

Quant au bureau exécutif d’Ennahdha, il a qualifié d’”injuste” la décision de classer la Tunisie sur la liste noire des pays exposés au blanchiment de capitaux. “C’est injuste envers la Tunisie qui est en train de mener de sérieuses réformes et d’entreprendre d’importantes législations afin de mettre en place un système judicieux en matière de lutte contre la corruption et le terrorisme, en conformité avec les standards internationaux”.

Ennahdha appelle l’ensemble des structures du gouvernement à remédier à cette situation, exhortant le Parlement européen à retirer la Tunisie de cette liste noire.

Selon la Commission européenne, le Parlement européen a voté mercredi 7 février l’inscription de la Tunisie sur la liste des pays exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. En dépit des efforts acharnés de certains députés, le Parlement n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue nécessaire de 376 voix pour rejeter l’inclusion de la Tunisie dans la liste des pays tiers considérés comme présentant des déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, établie par la Commission européenne.

Le vote du mercredi reflète la division du Parlement sur cette question avec 357 voix en faveur de la motion de rejet de la nouvelle liste, à 283 voix contre, et 26 abstentions.

Les députés ayant voté contre l’ajout de la Tunisie à cette liste estiment que la Tunisie ne mérite d’y être, car c’est une démocratie naissante qui a besoin de soutien et que la liste ne reconnaît pas les récentes mesures prises pour renforcer son système financier contre les activités criminelles.

“Cette décision est injuste, hâtive et unilatérale”, lit-on dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères.