L’agence de notation internationale Fitch Ratings estime que la Tunisie est désormais en mesure de conclure un nouvel accord de financement avec le Fonds monétaire international (FMI), sans qu’il n’y ait consentement préalable avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), en ce sens que la nouvelle Constitution qui vient d’être adoptée permet de fournir “une base plus solide pour les élections législatives”.

Cet accord pourrait intervenir avant la fin de l’année 2022, même si les divergences entre le gouvernement et l’UGTT peuvent constituer encore des obstacles à la conclusion de cet accord.

les bailleurs de fonds internationaux restent “disposés à soutenir le pays après l’approbation par référendum d’une nouvelle Constitution,

“La centrale syndicale a exprimé sa volonté de travailler avec le gouvernement sur les réformes. Cependant, elle n’a pas caché ses inquiétudes quant au nouvel ordre institutionnel. Une forte opposition sociale pourrait retarder la conclusion de cet accord avec le FMI ou diminuer la capacité du gouvernement à maintenir le programme de réformes sur la bonne voie”, a-t-elle souligné.

L’agence de notation estime que les bailleurs de fonds internationaux restent “disposés à soutenir le pays après l’approbation par référendum, et sans troubles sociaux, d’une nouvelle Constitution, bien qu’avec une faible participation”, ajoute l’agence.

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Le soutien des créanciers, un moyen pour maîtriser les flux migratoires en Méditerranée

Par ailleurs, Fitch Ratings observe: “nous pensons que les créanciers officiels sont toujours disposés à apporter leur soutien, en partie parce qu’ils perçoivent ce soutien comme un moyen pour renforcer la stabilité dans la région et maîtriser les flux migratoires à travers la Méditerranée”.

La conclusion de cet accord nécessite la mise en œuvre préalable de certaines mesures importantes visant notamment à rééquilibrer les dépenses plutôt qu’à les réduire, rappelle l’agence de notation.

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A défaut d’un tel financement, les réserves internationales de la Tunisie pourraient se dégrader progressivement et le dinar tunisien se déprécier davantage. “Cela augmenterait la charge de remboursement associée à la dette souveraine libellée en devises étrangères, que nous estimons à environ 49 % du PIB”, selon Fitch.

A défaut d’un tel financement, les réserves internationales de la Tunisie pourraient se dégrader progressivement et le dinar se déprécier davantage

Sans réformes crédibles, la Tunisie pourrait finalement être considérée comme nécessitant un traitement de la dette par le Club de Paris avant de redevenir éligible à un financement supplémentaire du FMI, avec des implications pour les créanciers du secteur privé, prévient l’agence.

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Les représentants du FMI avaient déclaré, le 19 juillet 2022 à l’issue de leur mission en Tunisie, que des “progrès notables avaient été accomplis vers la mise en oeuvre d’un programme de réformes.

En mars 2022, Fitch avait abaissé la note de la Tunisie de ” B- ” à ” CCC “, déclarant que les retards dans la conclusion d’un accord avec le FMI, ou dans la mise en œuvre d’un accord, pourraient entraîner une action de notation négative.

La ” CCC ” de la Tunisie avait été placée, le 14 juillet dernier, sous observation de critères (UCO) , après avoir introduit des modificateurs +/- dans la catégorie ” CCC “. Les souverains notés ” CCC ” pourraient voir leur note changer d’un cran, migrant potentiellement vers ” CCC- ” ou ” CCC+ “, ou rester à ” CCC “.

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