Le comité directeur de l’Association tunisienne des jeunes magistrats (ATJM) estime que la prise à partie par un groupe d’avocats du procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis, en faisant irruption dans son bureau, en y observant un sit-in, en endommageant délibérément son contenu et en l’agressant “sont des attaques délibérées qui ne visent pas à révéler la vérité ou à obtenir justice, mais à instrumentaliser l’autorité judiciaire dans le cadre des campagnes électorales de certains avocats politisés”.

Dans une déclaration rendue publique samedi 21 septembre, l’association appelle le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à “protéger ses adhérents et à leur fournir les meilleures conditions nécessaires pour s’acquitter de leur mission”.

Elle appelle également à “punir ce groupe bien connu d’avocats qui ont outrepassé toutes leurs limites et prolongé leurs agressions pour porter atteinte aux structures représentant les avocats elles-mêmes”.

L’Association tunisienne des jeunes magistrats souligne que “l’attaque contre le procureur près le Tribunal de première instance en Tunisie n’est pas inhabituelle, mais une conséquence naturelle du laxisme du ministère public à réagir aux attaques qui avaient déjà touché un grand nombre de juges”. Ce qui s’apparente aussi à une “négligence du pouvoir exécutif d’assurer la sécurité des tribunaux et protéger les juges contre les attaques dans ces circonstances difficiles que vit le pays”.

Elle rappelle à cet égard “l’indifférence du pouvoir exécutif à la demande de l’Association de mettre en place une police spéciale qui est soumise à ses instructions et de sécuriser les tribunaux”.

Par ailleurs, l’Association appelle tous les juges à faire réussir les mouvements menés par leurs structures et à “une grève générale dans tous les tribunaux pendant une semaine, qui pourrait être transformée en une grève ouverte en cas de rejet des demandes légitimes des juges”.

L’association appelle aussi les juges à “se limiter aux contacts avec les avocats par écrit, conformément aux principes de neutralité, d’indépendance et d’égalité”.

Rappelons que les magistrats tunisiens se sont mis en grève générale vendredi 20 courant pour réclamer l’ouverture d’une enquête par le procureur général de la Cour d’appel de Tunis sur les événements survenus jeudi devant le tribunal de première instance de Tunis, impliquant le collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

Le ministère de l’Intérieur a indiqué jeudi dans un communiqué que le procureur du tribunal de première instance de Tunis 1 a demandé jeudi matin (19 septembre) l’intervention des unités de sécurité pour évacuer son bureau, après l’irruption d’environ 20 avocats parmi les membres de la défense des martyrs Chokri Belaid Mohammed Brahmi, sur fond de demandes portant sur des affaires en cours d’examen par le pouvoir judiciaire, notamment l'”appareil secret” dont ils accusent le mouvement Ennahdha d’être l’instigateur.