Les relations tuniso-koweïtiennes sont sur une courbe ascendante depuis plus de quatre ans. Les derniers jours en apportent une nouvelle preuve, si besoin est.

En effet, une semaine à peine après la visite à Koweit-City de Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Ahmed Ben Sghaier, ambassadeur de Tunisie au Koweït, a remis, lundi 22 avril 2019, à l’Emir Sabah al-Ahmed al-Jabir al-Sabah –trois semaines à peine après qu’il a pris part au dernier sommet arabe de Tunis- une invitation de son ami de –presque- quarante ans, le président Béji Caïd Essebsi, à effectuer une visite d’Etat en Tunisie.

L’évolution des relations entre les deux pays depuis le début des années quatre-vingt-dix illustrent parfaitement le fait que le passé peut parfois entraver le développement des rapports entre Etats, tout comme le favoriser. La Tunisie et le Koweït ont connu les deux cas de figure.

En raison du soutien de l’ancien président Ben Ali à l’invasion du petit émirat par l’armée irakienne en août 1991, les relations tuniso-koweitiennes ont connu une longue crise qui n’a véritablement pris fin que près de vingt ans plus tard, lorsque Ben Ali a participé au sommet de Koweit-City en janvier 2009 et que l’Emir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah, a effectué sa première visite officielle en Tunisie en octobre 2010.

La nouvelle courbe ascendante que connaissent les relations tuniso-koweïtiennes depuis 2015 est imputable elle aussi à un autre épisode historique, plus précisément aux relations très étroites et personnelles qu’ont tissées Béji Caïd Essebsi et Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah du temps où ils étaient ministres des Affaires de leurs pays respectifs, pendant cinq ans pour le premier (1981-1986) et quarante ans pour le second (1963-2003).

Aussi, est-ce tout à fait naturellement que BCE, élue président de la république fin 2014, et Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah, devenu Emir du Koweït huit ans plus tôt, en 2006, ont mis la main dans la main en 2015. Et entrepris de redonner du tonus aux relations tuniso-koweïtiennes.

Ce sont les Koweïtiens qui ont pris l’initiative d’entamer un nouveau cycle vertueux avec la Tunisie post Ben Ali. En décembre 2017, l’Emir du Koweït adresse au président Béji Caïd Essebsi, nouvellement élu, une invitation à effectuer une visite officielle au Koweït. Celle-ci a lieu en janvier 2016.

Moins de deux ans plus tard, l’Emir manifeste de nouveau son désir d’accueillir de nouveau son homologue tunisien chez lui. Une délégation d’hommes d’affaires koweïtiens, conduite par Fahd Abderrahman Al Maajal et mandatée par Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah, remet l’invitation à BCE le 25 novembre 2017.

Mais celui-ci formule le vœu de voir son ami effectuer une visite en Tunisie avant d’en faire une deuxième au Koweït. Ce vœu a été réitéré par l’invitation que l’ambassadeur de Tunisie au Koweït, Ahmed Ben Sghaier, vient de remettre à l’Emir du Koweït. D’après notre confrère Leaders, cette visite pourrait avoir lieu à l’automne prochain.

La visite de l’Emir du Koweït, sur invitation, adressée le 22 avril 2019, du président Béji Caïd Essebsi, se déroulera donc fort probablement en novembre, c’est-à-dire entre les élections législatives (6 octobre 2019), et les présidentielles (1er tour le 10 novembre et 2ème tour le 29 décembre).

Un autre fait tend à confirmer ce planning. Initialement prévu les 16 et 17 avril 2019 à Koweit-City, le premier forum économique tuniso-koweïtien, organisé par le Conseil d’affaires tuniso-Koweïtien, a été reporté à novembre et sera déplacée à Tunis, pour être calée sur la visite de l’Emir du Koweït.

Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah s’invite donc, en quelque sorte, aux élections tunisiennes.

Cela veut-il dire que BCE, qui maintient à ce jour le doute sur ses intentions, va finir par se représenter et que Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah entend apporter son soutien de manière sonnante et trébuchante à son ami de quarante ans, pour l’aider à réussir sa réélection ?