Après une semaine de projections quotidiennes de films venant de tous les coins du monde, la 29ème édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC2018) s’est terminée hier soir en apothéose lors d’une cérémonie haute en couleurs organisée au Prestigieux théâtre de l’opéra de la Cité de la Culture. En présence du ministre des affaires culturelles Mohamed Zine Elabidine et d’un grand nombre de stars, hommes de cinéma et figures de proue du cinéma arabe, africain et étranger, la cérémonie de clôture attendue avec impatience pour les cinéphiles mais aussi pour les protagonistes de l’image a enfin dévoilé son palmarès.

Pour cette édition 2018, le cinéma tunisien a eu la part du lion en décrochant trois Tanits et deux prix: Le Tanit d’Or pour le long métrage de fiction “Fatwa” de Mahmoud Ben Mahmoud, le Tanit d’Or pour le court métrage de fiction “Brotherhood” de Meryem Joobeur, le Tanit de Bronze pour le court métrage de fiction “Astra” de Nidhal Guiga, le prix du meilleur acteur pour Ahmed Hafiane dans “Fatwa” et une mention spéciale pour “Le fleuriste” de Chamakh Bouslama dans la catégorie des courts métrages de fiction également. L’Egypte, la Syrie, le Maroc et le Kenya pour le continent africain viennent en deuxième place avec trois prix pour chacun de ces pays.

Le cinéma égyptien s’est distingué quant à lui dans la compétition officielle des longs métrages documentaires en remportant le Tanit d’Or pour le film “Amal” de Mohamed Siam et le Tanit d’Argent pour l’oeuvre “You come from far away” d’Amal Ramsis. Un autre Tanit pour l’Egypte dans la catégorie des longs métrages de fiction à savoir le Tanit d’Argent pour “Yomeddine” d’Abu Bakr Shawky.

Fortement apprécié par les cinéphiles, la critique et les hommes de cinéma, le long métrage de fiction syrien “Le voyage inachevé” de Joud Said a, à lui seul remporté trois Prix: le Tanit de Bronze, le prix de la meilleure image et le prix du Public (sans oublier le prix Fipresci dans la section parallèle). Idem pour le cinéma marocain qui a décroché trois prix pour le film “Sofia” de Meryem Ben M’Barek : Mention spéciale, ainsi que les Prix TV5Monde et le Prix Tahar Cheriaa dans la compétition première oeuvre. Pour les films africains, c’est le cinéma du Kenya qui a figure en tète de liste avec deux prix pour le film “Rafiki” de Wanuri Kahiu -prix de la meilleure musique et le prix de la meilleure actrice décerné à Samantha Mugatsia- et le Prix du meilleur scénario décerné à “Supa Modo” de Likarion Wai Naina.

Une édition réussie et un public exceptionnel 

Lors de la cérémonie de clôture ponctuée par des intermèdes musicaux et la projection du best off du festival, le directeur général de la 29ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage, Néjib Ayed, s’est félicité, dans un premier bilan, de la réussite des JCC 2018, qui a connu une affluence massive de spectateurs, amoureux du cinéma et de la vie qui n’ont pas raté ce rendez-vous ayant démarré après quelques jours après l’attentat-suicide du 29 octobre 2018 perpétré à l’avenue Habib Bourguiba en plein centre ville de Tunis. L’affluence de ce public exceptionnel, a-t-il ajouté a été l’un des défis que les JCC ont réussi finalement à relever, en démontrant que la peur n’a pas de place dans notre pays.

Passant en revue les différents moments forts des JCC, il a évoqué la réussite de l’organisation des JCC dans les prisons et dans les régions de Sfax et de Siliana faisant savoir que les projections sont prévues également à Nabeul et Kasserine.

Parlant de la logistique et de l’organisation, il a exprimé sa satisfaction de la réussite du système de la billetterie unique, annonçant que pour faciliter désormais le travail journalistes dans les prochaines éditions, une attention particulière sera accordée pour l’augmentation du quota des billets réservés aux journalistes et l’organisation de séances spéciales à leur profit.
Certes le cinéma était au coeur de la Cité mais le cinéma c’était aussi dans les salles. C’est pourquoi, il a saisi l’occasion pour souligner l’importance de remettre en état délabré de certaines salles de cinéma.

“Les JCC 2018 ont offert une édition réussie grâce à une sélection de films de grande qualité suivie par un public exceptionnel” ont relevé plusieurs invités de la 29ème édition des JCC dans divers témoignages recueillis par l’agence TAP.

Lauréat du Tanit d’Or dans la catégorie des longs-métrages documentaires pour son film ” Amal “, le réalisateur égyptien Mohamed Siam a déclaré que les JCC sont devenues ” ma seconde demeure ” surtout après sa participation l’année dernière en compétition officielle avec son premier documentaire ” Whose Country “.

Le réalisateur sénégalais Moussa Sèna Absa, qui a qualifié le public des JCC de ” fidèle et fin connaisseur” a tenu à souligner qu’il est rare aujourd’hui d’assister à de longues files devant des salles de cinéma au cours de telles manifestations d’envergure.

Pour le critique de cinéma irakien Kais Kacem, la 29ème édition des JCC s’est caractérisée par la qualité des films arabes présentés et une très bonne organisation, estimant par ailleurs que la présence des films africains à cette édition est faible par rapport aux éditions précédentes.

Selon Kacem, les JCC ont réussi à gagner la confiance des réalisateurs arabes et à se hisser au niveau des festivals arabes les plus prestigieux malgré ses faibles moyens et ceci grâce à sa programmation parallèle de grande pertinence à l’instar de ” Carthage Pro ” et de la conférence ” Vers de nouvelles formes de financement du Cinéma : Le Tax Shelter”.

Vainqueur du Tanit d’Or des JCC2017 pour son film ” The train of Salt and Sugar “, le réalisateur et membre du jury pour la compétition des Longs et courts métrages Fictions, Licinio Azevedo a tenu à souligner la qualité des films arabes sélectionnés dans la compétition et l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes réalisateurs africains. ” Ce qui m’a touché dans les films proposés c’est le message d’espoir véhiculé malgré la diversité, la gravité et la complexité des sujets traités ” a-t-il encore ajouté.