Selon nos informations, les conditions de redémarrage des travaux de réalisation du mégaprojet «Tunis Sport City», cité sportive composée d’une zone urbaine destinée à accueillir 30 à 50.000 habitants et d’infrastructures sportives de grande facture que l’investisseur émirati Boukhater s’était engagé à réaliser dans le cadre du projet d’animation de «Medinat El Bouheira» sur les berges du lac nord  de Tunis, seraient, enfin, réunies. Une ultime réunion entre les contractants aurait décidé, ainsi, en ce début du mois d’octobre 2018.

Retour sur un mégaprojet en stand by depuis 2007.

Pour mémoire, l’investisseur a refusé de reprendre les travaux entamés en 2008 parce qu’il veut renégocier le Plan d’aménagement de la zone considérée (253 hectares).

Son projet consiste à transformer, entre autres, une partie du lot destiné à abriter la Cité sportive en composante urbaine en augmentant la part de cette dernière dans le projet de plus de 35%, alors que la Société de promotion du lac de Tunis (SPLT), qui lui a vendu le terrain au prix symbolique de 70 dinars le mètre carré (plus de 3.000 dinars actuellement), tient justement à la composante sportive car elle constitue un complément à haute valeur ajoutée pour son offre urbaine globale sur les berges nord du lac de Tunis.

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Exaspérée d’avoir attendu plus de dix ans, la SPLT, devenue en plus de sa qualité de lotisseur, investisseur, aurait proposé à l’investisseur émirati de lui racheter le terrain depuis, paraît-il, 2012.

La SPLT tient à la vocation sportive du terrain

Les choses semblent maintenant rentrer dans l’ordre puisqu’un compromis aurait été trouvé, à l’issue de réunions marathoniennes, entre la partie tunisienne et le groupe Aboukhatar pour relancer ce mégaprojet.

Pour comprendre la problématique de ce mégaprojet nous allons revenir sur l’aménagement initial de ce projet, sur les changements proposés par l’investisseur émirati et sur éventuellement les compromis trouvés.

Selon le plan d’aménagement initial, “Tunis Sports City” est une grande cité sportive, composée de neuf centres sportifs de formation. Le complexe sera découpé en trois zones.

Une première zone de 29 hectares sera consacrée à la formation de jeunes sportifs tunisiens et étrangers, alors qu’une deuxième zone de 81 hectares environ sera réservée exclusivement à l’aménagement d’un terrain de golf de 18 trous. Elle comptera également un complexe immobilier, une académie de golf et un Club House.

Dans la troisième zone, qui sera aménagée sur une superficie de 128 hectares, des unités hôtelières de luxe, des résidences, des centres commerciaux, des aires de jeux, des écoles privées, des espaces verts, des cliniques privées, un canal artificiel, deux îlots artificiels seront érigés.

Les amendements du promoteur émirati

Quant aux changements proposés par l’investisseur, ils portent sur la réduction de la superficie consacrée à la cité ou à l’académie sportive de 29 hectares à 17,6 hectares. Le promoteur entend édifier sur la superficie réduite des équipements collectifs privés et des locaux multiservices privés.

Le promoteur émirati veut aussi rétrécir l’espace réservé au terrain du golf de 80 hectares environ à 40 hectares pour en faire un terrain de catégorie 9 trous et transformer la superficie réduite en zones urbaines. Il veut aussi réduire le nombre d’îlots artificiels à un seul contre deux prévus. Même la superficie prévue pour abriter des équipements collectifs publics (police, protection civile ne sont pas épargnés), le promoteur ayant suggéré de la réduire au maximum.

Le compromis

S’agissant des détails du compromis auquel les deux parties contractantes seraient parvenues, ils consisteraient vaguement en l’engagement du promoteur à respecter la vocation sportive du mégaprojet et à actualiser les études techniques. En contrepartie, le promoteur aurait obtenu des concessions portant sur la réduction des superficies réservées initialement à certains lots et leur conversion en zones urbaines.

D’ailleurs, les chiffres concernant ces superficies diffèrent beaucoup de leur présentation pour la première fois en 2007. A titre indicatif, selon les premiers documents, la superficie réservée au terrain de golf s’étend sur 100 hectares tandis que celle consacrée à la Cité sportive était de 36 hectares, alors qu’on parle actuellement de nouveaux chiffres lesquels sont précités.

Abstraction faite de ces indications qui seraient, semble-t-il, une bonne nouvelle pour le gouvernement, mais à regarder de près sur le moyen terme, Tunis Sports City, pour peu qu’elle voie le jour, d’ici 2027 d’après les prévisions du promoteur, sera un véritable cauchemar pour les usagers de l’autoroute Tunis-La Marsa. Entre 30 et 40.000 riches résidents motorisés de cette future cité viendront gonfler leur nombre sur cette voie, d’ores et déjà saturée. D’où l’enjeu de prévoir, en toute urgence, une liaison métro pour desservir cette zone.

On l’aura dit.