En cumulé sur les années 2016 et 2017, l’Etat a perdu l’équivalent net de 4,2 milliards de dinars en devises dû uniquement à la dévaluation du dinar.

D’un autre côté, l’Etat se retrouve face à un manque à gagner, sur la même période, d’un équivalent de 1,2 milliard de dinars en devises du fait de la concession sur le régime de change faite aux entreprises non-résidentes dans la loi 72 (Article 6).

C’est ce que souligne l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE), dans une analyse publiée mardi 8 mai 2018, intitulée “Dévaluation du dinar : une perte nette de 4,2 milliards de dinars en deux ans pour l’Etat”.

Quid de l’article 6 de la loi 72?

Grosso modo, cet article permet aux entreprises non résidentes de ne pas rapatrier les recettes de leurs exportations. En contrepartie, elles ne puisent pas dans les réserves du pays pour leurs importations.

“Quand bien même l’Etat récupérerait ces devises, le bilan de la dévaluation sur les réserves en devises serait toujours négatif à hauteur d’un équivalent de 3 milliards de dinars en devises”, explique l’OTE. “L’Etat ne profite pas du gain de compétitivité dont bénéficient les entreprises non-résidentes totalement exportatrices grâce à la dévaluation, mais il paye les conséquences négatives de cette dévaluation sur les importations des entreprises résidentes”, ajoute l’OTE.

Dans ce cadre, l’Observatoire soutient la recommandation de la BCT (Banque centrale de Tunisie) quant à “l’impératif de revoir le modèle économique actuel qui a atteint ses limites surtout pour le régime offshore dont la contribution à la valeur ajoutée et à l’enrichissement des avoirs de devises sont réduites”.

Il est à rappeler que 60% des exportations et 27% des importations tunisiennes, effectuées en 2017, ont été réalisées par des entreprises non-résidentes et donc n’ont pas d’impact positif ou négatif sur les réserves de devises du pays.