Dans cette dernière partie de l’entretien, le président de l’UTICA aborde la question de loi de finances 2018 -qui a fait couler beaucoup d’encre- et le marché parallèle.

Samir Majoul affirme qu’à partir du moment où la loi de finances a été décrétée, «elle est applicable, mais le gouvernement doit prendre des mesures compensatoires». Car, «… les mesures douanières et droits de consommation imposés dans le cadre de cette loi peuvent donner lieu à des baisses de chiffres d’affaires et avantager le secteur informel».

L’entreprise a souffert de la dévaluation du dinar

Il souhaite, parallèlement, que la conjoncture change et que le dinar s’améliore, puisque «l’entreprise a bien souffert de la dévaluation du dinar qui est une hécatombe pour l’entreprise, surtout celle qui importe une bonne partie de ses matières premières». Il assure que «le dinar a perdu, jusqu’à ce jour, près de 30% de sa valeur. Cette perte s’est faite du jour au lendemain». Et qui a payé la facture ? «C’est la Tunisie…».

A une question sur le fait que “l’UTICA n’est pas autonome financièrement et compte sur les financements publics“, Majoul a tout simplement rétorqué que «… c’est notre argent, c’est une contribution sociale de 0,5% payée par les entreprises depuis les années 70 et qui s’élève à 60 millions de dinars par an. Médailleurs nous nous estimons lésés par les financements accordés par l’Etat».

si le problème du marché parallèle n’est pas réglé, de plus en plus d’opérateurs économiques passeront dans l’informel

A propos des “hommes d’affaires qui s’approvisionnement de plus en plus auprès du marché parallèle et usent de ce moyen pour échapper à l’impôt“, Samir Majoul a répondu : «Au lieu de le dire aux hommes d’affaires, je vais le dire aux responsables: “si vous ne trouvez pas une solution à l’informel, de plus en plus d’opérateurs économiques vont passer dans l’informel puisqu’ils sont soumis à une forte pression fiscale“. En dépit de la proportion importante de l’économie informelle (50 ou 54% de l’économie), l’Etat continue à imposer les entreprises transparentes. Il faut mettre en place un environnement où toute pratique informelle est découragée et toute pratique formelle est encouragée et pas pénalisée, comme c’est le cas aujourd’hui».

L’Etat augmente la pression fiscale sur les entreprises pour combler les déficits des entreprises publiques

Il demande donc aux pouvoirs publics de «donner l’exemple en matière de bonne gouvernance et ne pas mettre sous pression fiscale les chefs d’entreprise pour combler les déficits des entreprises publiques».

L’UTICA a proposé le changement des billets de banque pour lutter contre l’informel, ainsi que D’AUTORISER les Tunisiens à détenir des comptes en devises

Il rappellera que l’UTICA leur a soumis plusieurs propositions pour lutter contre l’informel, dont le changement des billets de banque, pour réduire la liquidité qui circule hors du circuit bancaire. «Nous avons également conseillé d’autoriser les Tunisiens à détenir des comptes en devises».

Une autre proposition consiste à «dresser des barrières tarifaires pas trop élevées pour tout produit entrant de l’étranger, particulièrement les produits dont on a besoin. Si on étudie bien la chose l’on trouvera que même l’informel a un coût d’environ 16% en pots-de-vin et autres, alors pourquoi ne pas soumettre ces produits dont nous avons besoin à une TVA de 16% pour limiter le commerce parallèle».