Les travaux du deuxième forum international sur les nouveaux rôles culturels de la société civile dans la promotion et la diffusion de la culture de bonne gouvernance placé sous le signe “Ensemble pour la promotion de la culture de bonne gouvernance” se sont ouverts vendredi matin à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis.

Prenant la parole lors de la séance d’ouverture, Chawki Tabib président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), a souligné le rôle important de la société civile en matière de coordination avec les différentes structures de gouvernance au sein des ministères et représentants de l’appareil judiciaire et avec les médias pour dévoiler les foyers de corruption économique et administrative dans les offices de l’Etat et y faire face. Il a, à cette occasion, indiqué que le plan d’action mis en place le 9 décembre 2017 ayant réuni le chef du gouvernement Youssef Chahed avec les représentants du pouvoir judiciaire et le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) oeuvre à consacrer la transparence et à renforcer la suprématie de la loi pour lutter contre les menaces économiques engendrées par la corruption. Il a, par ailleurs, passé en revue les acquis réalisés par ce plan d’action pratique au niveau institutionnel ainsi que les lois publiés en matière de lutte contre la corruption comme la loi portant accès à l’information et la loi organique sur la dénonciation de la corruption et la protection des dénonciateurs.

De son côté, Abdelaziz Othman Touijri, directeur général de l’ISESCO a fait savoir que la participation de l’Organisation islamique pour l’Education, les sciences et la culture à ce forum s’inscrit dans le cadre de l’importance accrue accordée par l’Isesco à la lutte contre la corruption à travers la consécration de la culture de bonne gouvernance et de sa ferme conviction que le rôle majeur de la société civile réside dans la diffusion de cette culture.

L’Isesco, a-t-il ajouté, a veillé dans le cadre de ses activités et programmes à approfondir la sensibilisation quant aux dangers de la corruption administrative, économique, financière et politique faisant savoir que l’Organisation dispose d’importants documents de référence en matière de lutte contre la corruption citant entre autres la stratégie culturelle du monde islamique, le plan d’action pour promouvoir le rôle de la médiation culturelle et le plan d’action sur le renouvellement des politiques culturelles des pays membres.

Touijri a, d’autre part, relevé que les pays islamiques ont un besoin pressant aujourd’hui d’instaurer des politiques de bonne gouvernance pour faire face au phénomène de la corruption afin de pouvoir profiter au mieux de leurs capacités, moyens et richesses économiques soulignant que de telles stratégies ne pourront voir le jour sans une volonté politique et la conjugaison des efforts aux niveaux régional et international.

Selon Younes Bouayoub, chef de la section gouvernance et édification de l’Etat à la commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), l’instauration de la culture de bonne gouvernance pourrait aider à réduire le risque de déclenchement des conflits.

Cela dit, a estimé Taieb Baccouche, secrétaire général de l’union du Maghreb arabe, le concept de bonne gouvernance demeure vague en dépit des longs débats autour du sujet appelant dans ce sens à délimiter la définition qui sous tend la responsabilité, la transparence, la globalité, l’efficience et la compétitivité.

Dans son allocution dont lecture a été faite par le ministre des affaires culturelles, le chef du gouvernement Youssef Chahed a souligné que l’Etat de par toutes ses structures et institutions est appelé à une révision totale pour lutter contre la corruption dans tous les secteurs, une corruption qui menace le destin du peuple. La lutte contre la corruption, a-t-il ajouté, nécessite l’intervention des médias et la société civile pour changer les mentalités et l’instauration des règles de la bonne gouvernance appelant fermement à prendre des positions sérieuses et à faire preuve de vigilance continue tout en veillant à défendre les plans d’action et de suivi contre toute forme de corruption qui constitue un mal qui menace les richesses du pays et nuit aux valeurs du travail et de la citoyenneté.

Organisé par le ministère des affaires culturelles, l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), l’Organisation islamique pour l’Education, les sciences et la culture (Isesco), la Fédération des universités du monde islamique (FUMI) et la commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), le Forum de deux jours constitue une occasion pour examiner les approches conceptuelles de la corruption, le rôle de la société civile et des médias dans la promotion de la culture de bonne gouvernance et son impact sur les opportunités de développement à long terme, le rôle des universités et des institutions de la recherche scientifique dans la diffusion de la culture de bonne gouvernance, les efforts des organisations et instances internationales et régionales et leurs expériences pionnières dans la promotion de la bonne gouvernance. Le but ultime des débats est d’aider à l’élaboration de stratégies pour la mise en place de cadres de la gouvernance au niveau gouvernemental, permettant de promouvoir et de renouveler la confiance dans les institutions de l’Etat.

Le forum sera ainsi une occasion pour discuter de questions liées à la politique générale requise en matière d’éducation, d’enseignement et de culture ainsi que d’autres questions sur les ressources nécessaires, les compétences, le leadership et l’engagement civique à même de réussir un changement aussi bien dans les comportements au sein de la structure des services publics que dans l’attitude de l’administration publique et de la société en général en matière d’égalité, d’équité et de déontologie professionnelle. Une approche qui stipule que la bonne gouvernance n’est pas le seul apanage des institutions gouvernementales et que le renforcement de la bonne gouvernance exige l’adoption de stratégies intégrées à long terme fondées sur la coopération entre le gouvernement et les citoyens.