Le ministère de l’Intérieur a pris part à la 8ème édition du Salon de l’entreprise, organisé à la Foire internationale de Sfax. Mais tout de suite, détrompez-vous, ce n’est pas pour le maintien de l’ordre ou pour assurer la sécurité de l’événement, mais en tant que partie prenante dans l’investissement, en particulier, et dans l’évolution du climat d’affaires dans notre pays, en général. Et c’est quelque chose de nouveau ou suffisamment rare pour être signalé.

En effet, son représentant en la personne de Néjib Belkhir, chargé de mission au ministère de l’Intérieur et chef de la Cellule d’encadrement des investisseurs, qui est venu au Salon de l’entreprise pour présenter les offres de service du département de l’Intérieur aux investisseurs, aussi bien tunisiens qu’étrangers.

Alors, comme vous qui êtes en train de lire ces lignes, tout le monde dans la salle où se tenait la conférence était étonné et agréablement surpris que notre ministère de l’Intérieur, tant décrié naguère pour ses agissements pas très orthodoxes, puisse montrer aujourd’hui un nouveau visage plus réconciliant et aimable, économiquement parlant, en s’impliquant dans le renforcement du climat des affaires dans le pays.

D’ailleurs, à la question de savoir comment le ministère de l’Intérieur participe à une manifestation économique, plus précisément au Salon de l’entreprise à Sfax, Néjib Belkhir a répondu : «parce que le développement est une responsabilité collective». Et on l’a senti très fier en disant cela, comme si on avait enlevé une épine du pied de son département ministériel. Voilà donc la vraie “révolution“ en Tunisie.

En gros voici ce qu’il nous a expliqué: “A travers cette participation, le MI a voulu envoyer un message fort à l’opinion publique, comme quoi lui aussi est concerné par le développement du climat des affaires en Tunisie, notamment via cette cellule d’encadrement aux investisseurs qui est directement rattachée au cabinet du ministre. Je rappelle qu’elle a été créée par le décret 45-16 du 22/12 2015). Elle existe dans tous les départements ministériels, mais la spécificité du MI, c’est qu’elle existe dans les 24 gouvernorats du pays… par souci de décentralisation et de proximité”.

M. Belkhir énumère les trois missions essentielles de la Cellule d’encadrement des investisseurs au MI.

Primo, elle joue le rôle d’information et d’orientation, “car parfois l’investissement n’a pas besoin d’une information mais d’un service qu’il ne trouve pas”.

Secundo, “elle reçoit les requêtes des investisseurs concernant les services fournis par le MI et les établissements sous sa tutelle et d’accélérer ainsi les dossiers”.

Tertio, “cette cellule peut également proposer quelques axes d’amélioration des textes réglementaires et/ou juridiques, ou faire des propositions sur des procédés pratiques afin d’améliorer la prestation administrative fournie au client ; oui, le MI considère désormais l’investisseur comme client, ce qui est très nouveau”.

Ainsi, la “cellule“ que dirige M. Belkhir et ses partenaires -qui sont le CEPEX, l’APII, la FIPA, l’APIA…- vont agir de concert à la manière d’un distributeur de billets de banque, c’est-à-dire que les partenaires demeurent le front office de l’investisseur, la cellule, elle, sera son back office. Et pour que cette action soit la plus efficace possible, 24 sous-cellules ont été créées auprès des gouverneurs des régions. «Désormais, l’investisseur qui se trouve à Sfax, Ben Guerdane, Tataouine ou dans les autres régions du sud tunisien n’est plus obligé de faire le déplacement jusqu’à Tunis pour déposer son dossier, il le fera auprès du gouverneur de sa région lequel se chargera de le traiter avec célérité», dira M. Belkhir.

Outre cette cellule d’écoute de l’investisseur, le ministère de l’Intérieur fera dorénavant des propositions, à chaque fois que cela s’avérera nécessaire, pour amender, rectifier… des textes réglementaires ou juridiques en rapport avec ses compétences en matière d’investissement.

Donc, autres temps autres mœurs, comme dirait l’autre. Car si tout ceci se vérifiait dans les faits, la Tunisie franchirait un pas de géant. Il faut donc souhaiter que le même vent de changement souffle également dans les autres ministères, dans le reste de l’administration tunisienne, à l’Assemblée et même dans les médias. AMEN !

Tallel BAHOURY