Après douze ans d’activité dans le secteur de l’énergie (à British Gas puis à Shell, après le rachat de la première par la seconde), l’ancien vice-président de British Gas Tunisia se lance dans le conseil aux investisseurs.

Webmanagercenter : Deux mois après avoir quitté Shell, vous avez créé un cabinet de conseil. Quelles prestations est-ce que vous proposez au milieu d’affaires que vous ciblez ?

Mehdi Ben Abdallah : Ce que j’ai décidé de faire c’est ce à quoi je pense depuis un certain temps, et cela rentre dans le cadre de ce que j’ai toujours aimé faire. A savoir, promouvoir le site Tunisie, créer des opportunités d’investissement et de commerce ou, dans le cas de difficultés, contribuer à résoudre des situations de blocage en rapprochant les intérêts des parties respectives, et aider à instaurer le climat de confiance nécessaire entre les opérateurs, l’Etat et les expertises existantes.

C’est vrai que je baigne dans le secteur de l’énergie depuis plus d’une douzaine d’années, mais ma carrière en Tunisie, après mon retour des Etats-Unis, a commencé au patronat, où j’ai eu l’honneur de diriger le département des relations internationales. Donc, créer des opportunités entre opérateurs internationaux et nationaux a toujours été un hobby ; un hobby dont je fais aujourd’hui mon métier.

La compagnie que j’ai créée me procure un double plaisir. Le premier, celui de me lancer dans l’entrepreneuriat et de créer de la valeur à travers l’identification et la concrétisation d’opportunités d’investissement en Tunisie et d’échanges commerciaux entre la Tunisie et d’autres pays.

Le deuxième est celui de m’inscrire dans l’intérêt général en essayant toujours de faire en sorte que la Tunisie soit le mieux possible représentée par les compétences adéquates et les outils adéquats.

Concrètement, j’ai créé mon advisory firm pour accompagner les investisseurs étrangers intéressés par la Tunisie ; et les investisseurs existants faisant face à des défis dus à un environnement en mouvement permanent et qui ont besoin je dirai –si je pouvais faire la comparaison avec le domaine médical- d’un médecin de famille jouissant d’une crédibilité avérée en qui ils ont confiance et qui peut faire de l’accompagnement de proximité constructif et efficace.

Les principes et les valeurs de la compagnie sont basés sur la confiance, l’intégrité, et comme on dit en anglais «the delivery».

Le marché britannique, avec lequel vous étiez en contact étroit au cours des douze dernières années, sera-t-il votre principale cible ?

Non. Il y a séparation entre ce que je fais dans le cadre de la Chambre de commerce tuniso-britannique (dont Mehdi Ben Abdallah est président depuis deux ans, ndlr) et mon propre métier. Cela reste ouvert à d’autres pays et à différents secteurs. Il est vrai, comme je l’ai déjà dit, que je baigne depuis plus de douze ans dans l’énergie et que mes principaux clients opèrent dans ce secteur. Mais ce n’est pas exclusif. D’ailleurs, je suis en discussion avec des opérateurs d’autres secteurs.

En ce qui concerne le marché britannique, c’est un marché auquel je crois beaucoup pour le développement de la Tunisie en général. C’est pour cette raison que j’ai rejoint depuis presque quinze ans la Chambre de commerce tuniso-britannique (TBCC) que je préside depuis deux ans. Je pense vraiment que tout est à faire dans les relations tuniso-britanniques.

On part de très bas. Les échanges commerciaux sont très loin du potentiel existant. Les investissements également. Le marché britannique offre de très grandes opportunités. Elles se sont décuplées avec l’arrivée du Brexit qui a amené un engouement plus important des deux parties pour créer l’environnement d’affaires adéquat. Pour que les opportunités se concrétisent, il faut surmonter certains préjugés. Comme par exemple celui selon lequel la Grande-Bretagne regarde la Tunisie comme un pays francophone et dominé par les pays partenaires traditionnels. Ou que la Grande-Bretagne serait, aux yeux des Tunisiens, un pays difficile d’accès et qui regarderait la Tunisie comme un pays trop petit pour intéresser les Britanniques. Surmonter ces préjugés fait partie du travail à faire. Du travail que je veux faire.

Avec les problèmes qu’elle connaît depuis sept ans, la Tunisie peut-elle encore attirer les investisseurs étrangers ?

C’est vrai, la Tunisie a connu beaucoup de problèmes. Le plus gros d’entre eux était la situation sécuritaire. Nous l’avons vu avec les restrictions sur les voyages en Tunisie. Aujourd’hui nous sommes en train de récupérer cela. On observe une véritable amélioration de l’image de la Tunisie, et il faut remercier le gouvernement pour tout le travail et les progrès faits dans le domaine sécuritaire.

Il y a aussi des progrès à faire sur le plan de la visibilité économique de la Tunisie sur la scène internationale. Il y a un déficit de communication à combler par une stratégie mieux affinée et plus efficace, et il y aussi un besoin d’avoir plus d’audace pour diversifier nos marchés et nos partenaires.

Mais je reste optimiste pour le futur et je crois fermement que la Tunisie a tous les atouts pour réussir, en commençant par ses hommes et ses femmes.

Propos recueillis par Moncef Mahroug