La grève ouverte de la cimenterie de Feriana dure depuis 4 semaines, et non seulement le secteur du bâtiment en souffre mais également les réserves en devises de l’Etat car il est évident que l’importation du ciment blanc fragilisera encore plus nos avoirs suffisamment  chancelantes, sans oublier l’aggravation du déficit de notre balance commerciale.

L’actionnaire principal, étranger, aurait brandi la menace d’un lockout de 6 mois si la grève, du reste sauvage, se poursuit. Des négociations auront lieu dans l’après-midi du vendredi 26 janvier 2018 pour essayer de parvenir à un accord entre les grévistes et la direction de la cimenterie.

Mais pourquoi une telle grève ?

Selon de sources édifiées, il paraît que l’entreprise a décidé le licenciement d’un certain nombre d’employés à cause de difficultés financières. Les concernés avaient accepté la proposition de la direction de l’entreprise à laquelle ils ont remis des documents légalisés officialisant leur approbation. Mais le Syndicat et l’inspection du travail a rejeté cet accord en invoquant le dépassement des délais stipulés par la loi. Ce rejet fut suivi d’une liste de demandes émanant du syndicat et relevant, en principe, uniquement des prérogatives du management de l’usine.

Le 19 décembre 2017, le directeur de l’usine aurait eu droit au «dégage» et aurait été brutalisé par les contestataires. A partir du 26 décembre 2017, une grève sauvage a été enclenchée suite à la décision disciplinaire prise par direction de l’usine à l’encontre des 7 ouvriers qui l’ont expulsé de son bureau.

Mieux encore, les contestataires ont été jusqu’à bloquer les livraisons des marchandises aux clients, ce qui a entraîné le blocage de la production des carrelages dans plusieurs entreprises.

Les usines en arrêt d’activités emploient près de 2.800 personnes, et ce malgré l’existence d’un stock de marchandises de 6.000 tonnes de ciment blanc confisquées par les agents de l’usine de Feriana.

Pire, Entre 2010 et 2016, les pertes de la cimenterie de Feriana se sont élevées à 81 MDT, soit plus de la moitié de son capital.

Face à cette grève et à une perte estimée à 1,2 MDT, l’Usine a décidé le lockout à compter du 19 janvier 2018.

Trois questions se posent alors, et ce quelles que soient les raisons derrière cette grève sauvage qui dure depuis plus d’un mois:

  • Où sont les responsables gouvernementaux censés arbitrer ce genre de conflit ?
  • Les ministres des Affaires sociales et de l’Industrie ne se sentent-ils pas concernés par une crise aussi grave dont les répercussions sont néfastes aussi bien sur les réserves en devises du pays que sur son image complètement détruite à cause de la multiplication de ce type de grèves, de la puissance des syndicats et de l’absence de l’Etat ?
  • Quel est le rôle d’un gouverneur si ce n’est de représenter le pouvoir central et de juguler pareils phénomènes qui nuisent au site Tunisie ?

Lorsque nous observons pareils cas qui se répètent depuis plus de 7 ans, nous nous demandons à quoi peuvent servir les déclarations d’intentions émanant de toutes parts mais qui n’aboutissent à aucun résultat concret pour une simple raison : tant que la loi ne sera pas respectée et appliquée, rien ne pourra sauver la Tunisie … à tous les niveaux !

Amel Belhadj Ali