En 2016, la faim a touché 815 millions de personnes dans le monde, soit 11% de la population mondiale, après une régression constante durant plus d’une décennie, selon le dernier rapport annuel de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la sécurité alimentaire mondiale et la nutrition, publié lundi 18 septembre.

Sur les 815 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde, 489 millions vivent dans des pays touchés par des conflits et la prévalence de la faim dans les pays touchés par des conflits est supérieure de 1,4 à 4,4 points de pourcentage par rapport aux autres pays, précise la même source.

Sur les 815 millions de personnes affamées dans le monde, 520 millions sont en Asie, 243 millions en Afrique, 42 millions en Amérique latine et les Caraïbes.

L’augmentation de 38 millions de personnes de plus que l’année précédente est en grande partie due à la prolifération des conflits violents et aux chocs climatiques, lit-on dans l’édition 2017 de “L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde”.

Il s’agit également de multiples formes de malnutrition qui menacent la santé de millions de personnes dans le monde, précise un communiqué de la FAO.

Quelque 155 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance (petits pour leur âge), dont 122 millions qui vivent dans des pays touchés à des degrés divers par des conflits, révèle le rapport, précisant que 52 millions d’enfants souffrent d’insuffisance pondérale (poids trop faible pour leur taille) et 41 millions d’enfants sont maintenant en surpoids.

L’anémie chez les femmes et l’obésité chez les adultes sont également préoccupantes, ces tendances sont une conséquence non seulement des conflits et du changement climatique, mais aussi des changements profonds des habitudes alimentaires et des ralentissements économiques.

Ce rapport est la première évaluation mondiale des Nations Unies sur la sécurité alimentaire et la nutrition à paraître dans le prolongement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui a fait de l’élimination de la faim et de toutes les formes de malnutrition la principale priorité politique internationale.

Il souligne que les conflits de plus en plus aggravés par le changement climatique, constituent l’un des principaux moteurs de la résurgence de la faim et des différentes formes de malnutrition.

“Au cours de la dernière décennie, les conflits ont considérablement augmenté et sont devenus plus complexes et plus difficiles à résoudre”, soulignent dans l’avant-propos du rapport les chefs de l’a FAO, du Fonds international de développement agricole (FIDA), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ils indiquent que les proportions les plus élevées d’enfants en situation de précarité alimentaire et de malnutrition dans le monde sont maintenant concentrées dans les zones de conflit.

“Cela a déclenché des sirènes d’alarme qu’il n’est pas permis d’ignorer: nous n’éliminerons la faim et toutes les formes de malnutrition d’ici à 2030 que si nous nous attaquons à tous les facteurs qui compromettent la sécurité alimentaire et la nutrition. L’édification de sociétés pacifiques et inclusives est une condition nécessaire à cette fin”, soulignent-ils.

La famine a frappé certaines parties du Sud-Soudan pendant plusieurs mois début 2017 et le risque est grand de la voir frapper de nouveau là-bas ou dans d’autres zones de conflit, notamment le nord-est du Nigeria, la Somalie et le Yémen, déplorent-ils.

Mais même dans des régions plus pacifiques, les sécheresses ou les inondations provoquées en partie par le phénomène météorologique El Ni?o, ainsi que le ralentissement économique mondial, ont détérioré la sécurité alimentaire et la nutrition, notent les chefs des agences onusiennes.