Environnement : Mieux organiser les métiers verts pour pérenniser les activités des paysagistes

Des paysagistes, pépiniéristes, concepteurs et architectes-paysagistes, réunis jeudi 2 février 2017, pour la première fois en Tunisie, ont réclamé l’organisation de leurs métiers verts et l’appui à un secteur qui souffre en raison du peu d’intérêt accordé au jardinage, de l’interférence des spécialités et de la tendance à abandonner les espaces verts et à investir moins dans de nouveaux projets.

Les productions de plantes ornementales et des pépinières de floriculture, longuement déposées sans être cultivées et exploitées, sont en train de faner et les paysagistes et pépiniéristes, restés en chômage technique, sont parfois contraints de muter vers d’autres métiers, ont laissé entendre plusieurs intervenants à une conférence organisée, aux Berges du Lac, à Tunis, par le Groupement professionnel de paysage et des métiers verts (GPMV) et la CONECT sur le thème “espaces verts et développements socio-économique”.

La Tunisie est pourtant l’un des premiers pays arabes à accorder de l’importance aux métiers du jardinage et de l’environnement à travers la création, depuis 1982, de l’Ecole supérieure d’horticulture et d’élevage Chott Meriem, a fait remarquer un paysagiste retraité, présent à ce conclave.

Plusieurs paysagistes ont tenu à exposer au ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Riadh Mouakher, “les maux d’un secteur marginalisé pourtant aussi important que celui de l’urbanisme”. Ils ont proposé la création d’une commission regroupant des experts et des professionnels du secteur pour restructurer ce dernier, assurer la reprise des activités des entreprises en difficultés et aussi réformer les cahiers de charges régissant les projets d’aménagement des espaces verts pour garantir la transparence de la participation des entreprises du secteur.

Dans une communication sur le thème “l’architecture du paysage: un métier”, l’ingénieur -paysagiste, Gastli Bassem, a proposé une étroite collaboration entre les paysagistes et les urbanistes et l’élaboration de ” plans verts des villes ” à l’instar des plans d’aménagement urbain.

Il a fait savoir que les perspectives d’embauche dans le secteur sont très importantes pourvu qu’on organise les spécialités.

Cette organisation passe, entre autres, par la généralisation des concours d’idées au niveau des institutions publiques, la discrimination positive en faveur des jeunes, la création d’une plateforme et un point de relais entre la profession et le gouvernement ainsi que l’élaboration d’un tableau d’honoraires (des minimas de prix au m2) pour instaurer un climat de confiance et l’augmentation du budget ministériel alloué aux espaces verts.

Selon Mohamed Ben Cheikh, président du GPMV, les entreprises du secteur du jardinage et les paysagistes en Tunisie sont en train de vivre des difficultés majeures. ” Plusieurs sociétés sont menacées de faillite et des emplois risquent d’être supprimés en raison de la marginalisation du secteur, du chevauchement des métiers et des spécialités, en plus de la baisse, depuis 6 ans, du nombre des projets d’aménagement des espaces verts, qu’ils soient privés ou publics”, a-t-il prévenu.

Le Groupement, créé pour la première fois avec l’appui de la CONECT, va aider à organiser le secteur en scindant les métiers verts en trois : les pépiniéristes, les entreprises de services de jardinage et les architectes-paysagistes d’idées, estime le responsable.

Des espaces verts dans le cadre du mécénat

Riadh Mouakher a déclaré, à cette occasion, que des négociations en stade avancé, sont en cours entre le département de l’Environnement et des grandes surfaces pour l’aménagement d’espaces verts dans le cadre du mécénat. “Nous allons faciliter le contact entre ces surfaces et les sociétés de jardinage pour une coopération dans la réalisation des projets d’aménagements d’espaces verts”, a-t-il dit.

Mouakher a rappelé, par ailleurs, que son département a mobilisé un budget de 5 milliards par an durant 3 ans (dans le cadre d’un marché-cadre) pour l’aménagement et l’entretien de plus d’une dizaine d’espaces verts, estimant que cette mesure aidera à créer de la demande et à booster les activités des entreprises de jardinage et des sociétés de services corollaires.

“Il faut travailler sur le stratégique, mettre en place des politiques pour améliorer le taux d’encadrement au sein des municipalités, améliorer la finance publique et le système de gouvernance, outre l’élaboration d’un cahier des charges type pour tous les métiers verts”, a déclaré le ministre, faisant état de la volonté de son département à contribuer à l’organisation des métiers des paysagistes et des jardiniers qui ne sont pas de moindre importance que d’autres métiers.