SNCM : les parlementaires demandent rendez-vous à Valls

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Ajaccio, en Corse, le 1er juin 2014 (Photo : Pascal Pochard-Casabianca)

[15/12/2014 19:17:28] Marseille (AFP) A l’issue d’une nouvelle réunion sur l’avenir de la SNCM, lundi à Marseille à la demande de l’intersyndicale et de la CGT du port, les parlementaires de gauche et UMP ont exprimé leur “préoccupation” et demandé un rendez-vous à Manuel Valls.

“Nos informations laissent à penser qu’après fin février la trésorerie de l’entreprise ne sera pas en capacité d’en assurer le financement” durant les six mois de la période d’observation décidée par le tribunal de commerce lors du placement de la SNCM en redressement judiciaire, écrivent, dans une lettre au Premier ministre, Manuel Valls, cinq parlementaires ayant participé à la réunion.

“Nous n’accepterons pas silencieusement la catastrophe qui s’annonce”, écrivent ces parlementaires, Patrick Mennucci (PS), Samia Ghali (PS), Dominique Tian (UMP), Henri Jibrayel (PS) et Gaby Charroux (PCF), qui ont pris part à la réunion. Faisant part de leur “préoccupation devant la passivité des actionnaires”, ils demandent que ces derniers, notamment la Caisse des dépôts et consignation, “assument pleinement leur responsabilité de financement de la période d’observation”.

Les élus demandent un rendez-vous au Premier ministre avec les responsables de la Caisse des dépôt et un autre avec les présidents de Véolia et Transdev, les deux autres actionnaires de la SNCM (66%) avec l’Etat (25%) et les salariés (9%).

Outre les parlementaires, les syndicats participaient à cette réunion en préfecture de même que la direction de l’entreprise, les représentants du monde économique, des collectivités locales.

“L’attitude des actionnaires Véolia et Transdev précipite la SNCM vers le pire”, a réagi auprès de l’AFP, la CFE-CGC, satisfaite que “les élus et le monde économique appellent le Premier ministre à ramener les actionnaires sortants à la raison”.

“L’Etat doit jouer son rôle d’actionnaire principal pour garantir la poursuite de l’activité. Ce n’est que dans ce cadre-là qu’on pourra trouver un véritable repreneur industriel, et non pas en expliquant que l’entreprise va fermer ses portes dans deux mois. Pour l’instant, seuls des vautours sont intéressés par les navires ou des morceaux de la SNCM”, avait affirmé le responsable CGT des marins SNCM, Frédéric Alpozzo, avant cette rencontre.

“Si l’intérêt général et le dialogue républicain n’ont plus de valeur dans ce pays et que le comportement des patrons-voyous l’emporte, alors que la justice est de notre côté, les salariés feront ce qu’ils auront à faire: ils occuperont légitimement leur outil de travail et le défendront jusqu’au bout, pour qu’une autre solution soit trouvée”, a-t-il également mis en garde.

La SNCM, qui compte environ 2.000 salariés, dont 1.500 en CDI, s’est trouvée en cessation de paiement et en redressement judiciaire le 28 novembre, après que l’actionnaire Transdev a volontairement provoqué le dépôt de bilan en exigeant le remboursement immédiat de créances que la SNCM n’est pas en mesure d’honorer.

Transdev, mais aussi l?État, actionnaire à 25%, considèrent le redressement judiciaire comme la seule solution pour “empêcher la disparition pure et simple” de la SNCM car cela permettrait, selon eux, de trouver un repreneur et d’annuler les condamnations européennes obligeant à rembourser des aides publiques jugées illégales pour plus de 400 millions d’euros.

“La seule voie pour sauver le maximum d’activités et d’emplois, c’est celle que nous avons prise. Ce n’est pas une voie garantie, mais c’est ce que nous disons depuis le début”, a répété lundi à Montpellier Jean-Marc Janaillac, PDG de Transdev, interrogé par l’AFP. M. Janaillac a ajouté que les administrateurs judiciaires allaient lancer “dans les prochains jours” l’appel d’offres à repreneurs.

La réunion à Marseille intervient avant le conseil de surveillance de la compagnie mardi à Paris, où seront évoqués la situation financière et “l’avancement des dossiers de procédures engagées”, notamment contre Bruxelles, selon M. Janaillac.