Dossier 17 décembre 2010 – 17 décembre 2013 – Acquis de la Révolution… La presse est plus libre… Et encore!

 

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La presse ne se porte pas toujours mieux qu’avant la Révolution. En témoignent les nombreuses agressions des journalistes, les procès intentés contre ceux-ci et les nominations de responsables acquis à la cause de la Troïka à la tête de médias publics qui ont rythmé la vie du Paysage Médiatique Tunisien depuis la Révolution. Et qui ont provoqué deux grèves générales (17 octobre 2012 et 17 septembre 2013).

«Certes le Tunisien ne regarde plus à droite et à gauche comme il ne se retourne pas avant de lancer une critique à l’endroit du pouvoir», estime Frej, un fonctionnaire dans un ministère. «Mais en dehors de cela, la révolution n’a rien apporté», s’empresse-t-il de dire commentant son quotidien.

Le lancement de nouveaux journaux et de chaînes de radios et de télévisions, autorisés au compte-gouttes avant la révolution et au seul profit des personnes acquises au régime du président déchu, lorsqu’il ne s’agissait pas des membres du clan Ben Ali-Trabelsi, en dit long sur cette mutation salvatrice.

D’ailleurs, cette liberté d’expression a permis, aux dires de certains, d’aller bien au-delà de ce qui serait censé. Ainsi en est-il de ces exagération de mauvais goût qui ont fait qu’on a pratiquement traîné dans la boue des responsables en caricaturant l’un d’entre dans les habits d’une fille de mauvaises vertus ou encore en qualifiant les trois premiers responsables du pays d’«ânes»!

Mais si la liberté a été chèrement acquise et que le Tunisien est plus libre que pendant la période qui a précédé la révolution, cela ne veut pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles.

200 cas de torture enregistrés

En témoigne sans doute le classement annuel de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté d’expression, opéré en janvier 2013, et qui a annoncé la régression de quatre points de la Tunisie par rapport à sa situation en 2011: notre pays est passé de la 134ème à la 138ème place.

En témoignent également les accusations de la présidente de l’Organisation tunisienne de lutte contre la torture, Radhia Nasraoui. Qui a indiqué, lors d’une récente conférence de presse, que la torture a bien continué après la Révolution. Elle a fait état, à ce propos, que 200 cas de torture enregistrés, depuis septembre 2012, dont 51% cas l’ont été dans des locaux de la police.

Le pouvoir a-t-il des velléités de domestiquer les médias? Certains le pensent dur comme fer. Ils font valoir, à ce niveau, la création d’une Instance de l’information, prévue dans la copie de la nouvelle Constitution, qui sera soumise au vote de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Une instance qui ressemblerait comme deux gouttes d’eau à un ministère de l’Information qui cacherait son nom.

Ils s’appuient également sur les nombreuses agressions des journalistes, les procès intentés contre ces derniers et les nominations de responsables acquis à la cause de la Troïka à la tête de médias publics qui ont rythmé la vie du Paysage Médiatique Tunisien. Et qui ont provoqué deux grèves générales (17 octobre 2012 et 17 septembre 2013).

Dans le même ordre d’idées, beaucoup reprochent aux dirigeants du pays le peu d’empressement à appliquer les décrets-lois 115 et 116 publiés le 2 novembre 2011 et relatifs à la presse écrite (pour le premier) et à l’audiovisuel (pour le second). En dehors de la mise en place de la HAICA (Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle), ces deux décrets n’ont pas été appliqués.

La mise en place de cette instance de régulation est, cela dit, une initiative de la présidence de la République, soutiennent nombre de commentateurs, qui font encore savoir que la HAICA n’est pas toujours en bonne intelligence avec le gouvernement.

Bien plus, le gouvernement n’a rien fait pour améliorer le quotidien des médias en encourageant une mutation digne d’une société démocratique. Ils en donnent pour preuve l’absence de structure capables d’«encadrer» ce secteur comme un organisme de justification de la diffusion ou encore de mesure d’audience. Des structures que l’Etat, acteur important du marché des médias, avait les moyens d’encourager.