Au nom de l’égalité, les femmes paieront plus cher leur assurance automobile

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Essen, le 28 novembre 2008 (Photo : Sascha Schuermann)

[02/03/2011 16:06:38] PARIS (AFP) L’arrêt rendu mardi par la Cour de justice de l’Union européenne qui condamne la discrimination tarifaire basée sur le sexe en assurance va profondément modifier ce secteur et sans doute relever les tarifs auto pour les femmes, dont la conduite ne sera plus prise en compte.

En vertu de cet arrêt, qui n’est pas susceptible d’appel, les assureurs ne pourront plus appliquer des cotisations différentes en fonction du sexe à partir du 21 décembre 2012.

Hormis l’assurance habitation, les grands produits proposés par les assureurs font le plus souvent l’objet d’une segmentation tarifaire liée au sexe.

En assurance automobile, les jeunes conducteurs payent, en moyenne, 20% à 30% de plus que les jeunes conductrices, de sources concordantes, car la fréquence d’accident grave chez les hommes est plusieurs fois supérieure à celle constatée chez les femmes.

“Les jeunes femmes vont voir sur le marché français leurs cotisations augmenter sensiblement”, annonce-t-on déjà à la Macif, premier assureur auto de France.

“Le risque, c’est que tout soit aligné vers le haut”, redoute Alain Bazot, président de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, les primes versées par les femmes étant alignées sur celles des hommes qui ne baisseraient pas.

Une menace aggravée, selon lui, par la faible propension générale des assurés à changer de compagnie et par le fait que les modifications tarifaires éventuelles seront diluées sur plusieurs mois, donc moins visibles.

Outre cette inquiétude, M. Bazot estime qu'”on peut admettre une certaine différenciation” entre les profils d’assurés.

Pour les assureurs, cette décision est un séisme.

“C’est un énorme chantier qui s’ouvre dans un délai très rapproché. Il faut refaire tous les tarifs, tous les processus informatiques, c’est très très lourd”, explique Jean-Luc de Boissieu, secrétaire général du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema).

Cette remise à plat “va les amener à relever les tarifs, d’autant que les assureurs se plaignent en ce moment du coût des réparations”, ce qui a déjà induit des hausses en 2010 et 2011, selon Reine-Claude Madère, présidente de l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV).

“Tout dépendra de chaque stratégie commerciale. Les jeunes conducteurs hommes vont payer un peu moins cher, les jeunes conductrices un peu plus cher”, relativise-t-on à la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), soulignant le fait que le marché français est l’un des plus concurrentiels en Europe.

“La différenciation des primes est le fondement même de l’assurance et permettait d’avoir des offres adaptées à certaines clientèles spécifiques et à tout le monde d’avoir accès à l’assurance”, fait-on valoir de même source.

Au-delà, “cela va induire une moindre connaissance du risque et donc un travail plus difficile en matière de prévention”, avertit la fédération. “Les jeunes hommes seront moins qu’auparavant incités à la prudence”, renchérit-on à la Macif.

Sans doute lésées en automobile, les femmes ne devraient pas sortir perdantes sur tous les tableaux de l’assurance pour autant.

Pour les produits sur lesquels entre en jeu la longévité, principalement l’assurance décès, l’assurance vie prévoyant le versement d’une rente ou les contrats dépendance, les femmes cotisent aujourd’hui plus que les hommes car l’espérance de vie moyenne de ces derniers est nettement moindre. Elles pourraient donc bénéficier d’une baisse grâce à cet arrêt.

Pour chaque sexe, “il va y avoir des plus et des moins”, résume M. de Boissieu.