18 jours avec le Prince Al Walid Ibn Talal

Par : Autres
 

18 jours avec le Prince Al Walid Ibn Talal

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walid08092005.jpgIl
figure parmi les plus grosses fortunes du monde. Il est adulé dans son pays,
très aimé ailleurs et ce pour sa grande générosité. En Tunisie, on le
connaît pour le nombre de ses projets dans lesquels il a investi ou auxquels
il a participé bénévolement. Parmi les derniers en date, on se rappelle de
sa participation dans la Mosquée Al-Abidine de Carthage qu’il a d’ailleurs
inaugurée en compagnie du président Zine El Abidine Ben Ali le 11 novembre
2003.

Parmi ses grandes œuvres en Tunisie, on note également son implication dans
le concert de Michael Jackson.

Sans aucun doute, le prince saoudien Al Walid Ibn Talal est l’un des
personnages marquants de notre temps. On a pu suivre une infinitésimale
partie de son incroyable vie grâce au reportage de l’émission «Zone
Interdite» diffusé sur la chaîne française M6 le dimanche 4 septembre 2005.
Durant 18 jours, l’équipe l’a suivi à Beyrouth, à Ryadh, dans le désert
saoudien et à Paris. Le reportage est achevé par une interview à bord de son
yacht sur les côtes de Cannes (sud de la France) réalisée par Bernard de La
Villardière.

Et on constate que c’est vraiment une vie incroyable que mène cette
cinquième fortune du monde. En effet, Son Altesse Sérénissime, le prince Al
Walid Ibn Talal Ibn Abdelaziz Al Saoud appartient au club très fermé des
hommes les plus riches de la planète avec une fortune estimée à 23,7
milliards de dollars.

 

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A
50 ans, marié et divorcé 3 fois et père de 2 enfants, le prince est un des
ténors du capitalisme mondial et un membre de la famille royale saoudienne.
D’après le reportage, on découvre un homme toujours et extrêmement pressé.
Ses journées commencent à 11 heures du matin pour s’achever à 5-6 heures le
lendemain.

Contrairement à beaucoup d’autres de ses compatriotes, le prince n’est pas
un rentier du pétrole, mais un homme d’affaires. Un vrai. Son groupe a
investi dans une pléiade de grandes compagnies, banques et multinationales.

Sa mère est la fille de Riad el-Solh, le Premier ministre libanais assassiné
en 1949. Son grand-père n’est autre que le roi Ibn Saoud, fondateur de
l’Arabie saoudite. Comme celui-ci a eu 20 épouses et 45 fils, l’arbre
généalogique est un peu embrouillé, mais parmi les 4.000 princes qui peuvent
prétendre au titre d’altesse, Al Walid se distingue. Une telle puissance
financière lui vaut d’être entouré d’attentions. De la reine d’Angleterre à
Jacques Chirac, plus de 120 monarques, présidents et chefs de gouvernement
lui ont rendu visite au cours des dix dernières années.

Pour le trouver à Riyad, rien de plus simple. Sa tour, en forme
d’ouvre-bouteilles (ou sifflet), domine la capitale saoudiennes avec ses 304
mètres de hauteur.

Ce sont ses bureaux de sa société, Kingdom Holdings, fondée en 1980 avec un
capital de… 15.000 dollars ! «Pour moi, le secret, c’est de savoir acheter
au bon moment et au bon prix», explique-t-il. Et de pareilles opérations, il
en fait tout le temps. Actuellement, il investit dans les terrains
avoisinant Ryadh (il possède 2.240 hectares !). Il les achète pour des
pacotilles, pour les revendre ensuite au prix fort. L’un de ses meilleurs
coups : un investissement de 600 millions de dollars dans Citicorp lorsque
la banque était en pleine crise en 1991. Sa mise a été multipliée par 18.

Outre ses participations dans la distribution, les technologies ou les
loisirs, Al Walid est très actif dans l’hôtellerie et compte 183 hôtels de
par le monde dont le mythique George V de Paris. C’est là qu’il réside lors
de ses visites régulières dans la capitale française, avec ses compagnons.
Il y loue une cinquantaine de chambres et un service spécial est aux aguets,
car c’est le service de l’hôtel qui doit se plier à ses exigences et
horaires fort inhabituels : déjeuner à 20 heures, et dîner entre 5 heures et
6 heures du matin. Tout ayant un prix, sa facture s’est élevée à 450.000
euros pour son séjour de quatre jours.

Lors de son séjour parisien, on a pu découvrir quelques unes de ses
habitudes. On sait par exemple qu’il est un grand adepte du célèbre café des
Champs Elysées, le Fouquets. Il ne cesse pas par ailleurs de faire des
affaires, aidé en cela par son bras droit, Raouf, d’origine algérienne. Si
les détails de la construction de son nouveau yacht de 171 mètres (le plus
grand au monde, d’un coût de 160 millions d’euros) n’est pas très important,
il est bon de savoir qu’Al Walid Ibn Talal assure lui-même les entretiens
d’embauche dans ses entreprises.

Ainsi, lors du reportage, on a pu suivre les entretiens qu’il a effectués
aux candidats de l’équipage de son nouvel Airbus A320. Il interroge les
hôtesses sur les raisons d’avoir choisi de travailler avec lui, sur leurs
motivations, etc. On suit son entretien du commandant de bord. Un Européen
qui demande où va-t-il résider avec sa famille. Le Prince lui demande
pourquoi il a choisi ce boulot, s’il est sûr de lui. Le pilote parait
hésitant, ne sachant pas vraiment ce qu’il veut. Assez suffisant pour que le
prince ne le retienne pas : «Je préfère qu’il craque ici sur terre plutôt
qu’à 30.000 pieds», dira ensuite le prince qui admet volontiers qu’il fait
tout pour pousser à bout les candidats avant de décider de les recruter.

A Ryadh, le prince habite un somptueux palais de 317 pièces qu’on a pu voir
en partie (sauf ses appartements privés), possède 250 voitures (il achète
toujours deux à la fois, une pour lui, une autre pour ses gardes du corps).

Malgré toute cette richesse, le prince sait se montrer très généreux et
consacre chaque année 100 millions d’euros aux dons et aux œuvres
caritatives. Chaque matin, devant son palais de Ryad, se forme une queue de
500 quêteurs (ou mendiants). Le nombre de pauvres en Arabie Saoudite est
étrange quand on connaît la richesse de ce pays. Et il s’agit bien de
Saoudiens et non d’immigrés. Selon le prince, il y en a 700.000 familles
pauvres, soit 3 millions de personnes (deux millions selon les données
officielles).

Ces quêteurs demandent généralement qu’on leur rembourse des dettes ou qu’on
leur paie des notes d’hôpital. Comme tout bon musulman, Al Walid se doit de
faire l’aumône et il le fait. Pour les victimes du tsunami, il a offert 14
millions d’euros. De même aux victimes de Katrina la semaine dernière (on
ignore la somme exacte cependant).

Outre les queues quotidiennes devant son palais, le Prince fait des visites
dans des quartiers pauvres pour distribuer des enveloppes (variant entre
1.000 et 3.000 dollars) et reçoit chaque semaine sous sa tente, dressée dans
le désert, des centaines de personnes venues lui demander de l’aide.

 

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Cette
religiosité du prince, on la constatera tout au long du reportage lorsqu’il
prie même dans son avion (il connaît la direction de la qibla grâce à un
écran lié à des systèmes satellites en plein vol !). Ceci ne l’empêche pas
d’être un très grand moderniste.

Ainsi, dans les bureaux de sa société de Ryadh, les femmes sont habillées à
l’occidentale, sans foulard. Un fait unique en Arabie Saoudite. Le prince
estime que les contraintes qui pèsent sur les Saoudiennes n’ont rien à voir
avec la religion et se montre favorable à leur émancipation et dans les
limites de la tradition islamique. En offrant aux femmes des postes
importants dans son entreprise, le prince fait figure d’un très grand
réformateur. Ces femmes émancipées, on ne les remarquera pas uniquement dans
son entreprise, mais aussi dans son avion puisque les hôtesses sont
généralement saoudiennes et toujours habillées à l’occidentale. Mieux
encore, le Prince nous présente sa fille de 21 ans, Rym, elle-même vêtue à
l’occidentale (donc cheveux nus). Amoureuse de musique, celle-ci est en
train de préparer fièrement son CD.

A propos d’art, il faut noter également son don de 17 millions d’euros pour
construire un département d’art islamique au Musée du Louvre de Paris.

Modernisateur autoproclamé de son pays, musulman pieux mais moderne, faisant
toujours plusieurs choses à la fois, le portrait du prince Al Walid est
vraiment impressionnant et servira à méditer plus d’un homme d’affaires !

 

R.B.H.