Créations d’entreprises : Les confessions d’un banquier !


Par Khaled BOUMIZA

 

entreprendre220904.jpg«Nous
avons une anémie entreprenariale», L’expression est celle du ministre de
l’emploi qui posait ainsi le décor du séminaire, organisé le jeudi 16
septembre 2004 par la cellule des jeunes membres de l’IACE que préside M.
Slim Zarrouk autour d’u thème de la création d’entreprises. Le ministre M.
Chadli Laroussi nous apprendra par la suite que le rythme annuel de
créations d’entreprises en Tunisie ne dépasse pas les 120 entreprises (y
compris les entreprises individuelles et celles financées par la BTS) pour
100 mille habitants, contre 440 en France et 880 en Espagne, par exemple. De
l’autre côté, c’est un nombre croissant de diplômés qui passent de 34.500 en 2002 à
56.500 en 2006.

On connaissait l’avis du patronat sur la question de la création
d’entreprises était connu, et a été clairement exprimé à l’occasion du forum de l’investissement
et de l’emploi en avril 2004. Le séminaire des jeunes membres de l’IACE a
été l’occasion d’entendre l’avis des banquiers sur la question !

«Ou on s’enrichit
avec eux ou on gère leurs impayés !»

Prenant la parole, le banquier M. Férid Ben Tanfous, a tout de suite réagi
pour “essayer de défendre les banques” et tenter d’asséner tout de suite un argument défensif
conséquent « Il n’y pas d’instrument financier, particulier aux banques,
pour financer les nouveaux promoteurs » dit-il, avant de clôturer son
intervention en demandant plus d’avantages aux banques, pour lui permettre
de prendre des risques en finançant de nouveaux promoteurs !

Cela ne l’empêchera pas,en bon orateur, de faire ensuite son «mea-culpa» de banquier.
En effet, il mettra en évidence la faiblesse de l’assistance, qu’offre les
banques aux nouveaux promoteurs dans l’accompagnement de leurs projets, «
pour manque de profils pointus », précise Ben Tanfous.
 

Il s’attardera
ensuite sur cette question d’appui aux nouveaux promoteurs, en attirant
aussi l’attention sur l’inexistence, au sein des institutions financières,
de cellules d’étude des possibilités du marché et de détection des créneaux
porteurs, pour bien conseiller et garantir la réussite du projet du nouveau
promoteur.


Il évoquera ensuite, pour mieux l’expliciter du point de vue des banquiers,
sur leur focalisation sur les garanties.
« D’autres ont eu des expériences malheureuses », d’autres en ont tiré les
conclusions et rien ne peut plus être octroyé sans garanties réelles.


M.Ben Tanfous ne ressentira pas non plus de gêne particulière à avouer la
concentration des services de financement et des crédits aux anciens
clients. « Normal, explique-t-il, on les connaît ! Soit on s’enrichit avec
eux, soit on gère leurs impayés pour limiter les dégâts ! » No comment !

Incompréhension et
appréhension !

L’intelligence de l’orateur, consiste ensuite à contre-attaquer en montrant
du doigt aux promoteurs les défaillances, qui peuvent rendre difficile le
financement de leurs projets.
D’abord, et c’est de notoriété publique, le manque de fonds propres de
l’entrepreneur tunisien en général. Ensuite la connaissance « légère » des
mécanismes de financement de la part des promoteurs et en particulier de
ceux qui parmi eux sont nouveaux. Mais presque toujours ils ignorent le
moyen de financement le plus adapté. Le recours à la banque reste le geste
le plus facile. Mais d’après les dires de M. Férid Tanfous , « la légèreté
des études financières présentées » et des chiffres présentés ne sont pas à
négliger ! Cela pose donc la question de l’information financière présentée
au banquier et de la relation homme d’affaires, promoteurs.
Et ainsi , « Incompréhension, appréhension de part et d’autre et rejet du
dossier » sont les résultats « logiques » des attitudes des uns et des
autres !


Attestons , tout de même, que M. Ben Tanfous n’a pas seulement émis des
critiques mais il a aussi suggéré des solutions. Primo ,les banques
devraient investir dans des structures d’aide aux nouveaux promoteurs, afin
de mieux conseiller et informer sur les formules de financeme,nt possibles ,
et afin d’avoir recours , pour les banques aussi, au système de garantie de
la Sotugar .
Secundo , il serait nécessaire , au niveau de l’université et pourquoi pas
même au niveau du secondaire, de développer l’esprit d’initiative , en vue
de la création de projets , tout comme il serait souhaitable de créer, le
plus vite possible, des banques de données de projets et de partenariats
locaux et étrangers.
Pour ce qui est du local, les rencontres de partenariat interrégional
pourraient constituer un bon démarrage !
 

22 – 09 – 2004 ::
07:00

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