Symbole de vie et de fécondité, attribuée dans la mythologie grecque aux divinités des Enfers, Hadès et Perséphone, considérée comme l’un des sept fruits importants dans la bible, mentionnée dans le Coran trois fois et symbolisant les délices de la terre et du paradis, d’où baptisée « pomme du paradis », la grenade inspire artistes et romanciers.

Dans la Grèce antique, Perséphone fut bannie de la terre en enfer parce qu’elle a mangé des graines de grenade.  Zeus, père des Dieux, autorisa Hadès amoureux de Perséphone à l’en faire sortir en automne seulement. Ce mythe fût d’ailleurs à l’origine de la naissance du cycle des saisons.

Dans la grenade, il n y a pas que de la mythologie, ce fruit originaire de la Carthage romaine comme l’indique son nom botanique « Punica granatum », recèle des vertus curatives connues. Symbole de fertilité, de beauté et de vie éternelle, il contient des antioxydants et des propriétés qui ont des fonctions importantes dans la régulation des cellules comme le potassium et les vitamines B6, A, C et E et la lutte contre les maladies cardiovasculaires et le cancer du côlon, de la prostate et du sein. C’est dire…

La grenade est aussi un porte bonheur. Les grenades en céramique ornent les maisons grecques. Parce que ce fruit historique aux mille et une vertus est doté de toutes ces qualités, Molka Saheb Ettaba, jeune designer tunisienne, a voulu lui rendre hommage en l’exposant sous toutes ses coutures, créé et procréé dans divers matériaux à l’espace, « XYZ » sis à la Marsa.

Cela faisait longtemps que le magnifique potentiel du fruit de l’enfer ou du paradis selon qu’il s’agisse de la Grèce antique ou de terre d’islam l’avait fascinée. Elle sut convaincre vingt artistes tunisiens, qui se sont laissés séduire par ce fruit sacré, auquel les religions antiques ont toutes rendu hommage, et ont recréé la grenade comme ils, elles, la sentent. Comme ils, elles la voient.

Les amateurs du grand art et les visiteurs de la galerie « XYZ », pourront, dès jeudi 2 décembre, admirer les grenades peintes, sculptées, photographiées, moulées, gravées, en bois, en métal, en céramique, en résine, dans des motifs calligraphiques ou géométriques et couvertes de desseins inspirés de l’histoire et de l’artisanat national. La démarche esthétique est orchestrée par Lilia Haj Khelifa, commissaire de l’exposition, accompagnée par l’atelier Driba et soutenue par ABC Bank.

Et comme la grenade est un fruit est généreux, ses centaines de pépins explosent   gaiement, débordant de l’espace « XYZ » et investissent le nouvel espace Driba tout proche, TGM Gallery, la nouvelle galerie qui ouvre grandes ses portes les accueillant dans la joie.

TGM Gallery inaugure, pour sa part, ses activités par une superbe exposition des œuvres de l’Ecole de Tunis choisie pour célébrer sa naissance au monde captivant de la peinture et de l’art.

A TGM Gallery, l’Ecole de Tunis à l’honneur

L’Ecole de Tunis fondée par quatre peintres juifs et chrétiens : Moses Levy, Pierre Boucherle, Jules Lellouche et Antonio Corpora, en 1936,  rejoints après la seconde guerre mondiale par des musulmans Yahia Turki, Ammar Farhat, Safia Farhat, Jellal Ben Abdallah, Abdelaziz Gorgi, Edgard Naccache, Ali Bellagha et Zoubeir Turki, est une preuve de plus, irréfutable, que l’art transcende toutes les différences qu’elles soient religieuses, ethniques ou civilisationnelles !

Ces peintres se sont unis pour une cause : éloigner la peinture et les arts de la perception folklorique de la Tunisie, nourrie par un orientalisme primaire, et fonder un courant artistique qui valorise le patrimoine panaché de la culture populaire traditionnelle, en offrant d’elle la plus belle des représentations.

A TGM Gallery, baptisé ainsi parce que le petit train blanc iconique voisin est lui aussi un témoignage du patrimoine de la cité, les amateurs du beau pourront admirer des tableaux représentant les habitués du café du coin dégustant un café turc, une bourgeoise jouant au luth, des femmes au bain maure, ou encore Sidi Bousaid. Des scènes de la vie quotidienne, des fresques aux couleurs chatoyantes racontant la beauté et la joie de la vie à Tunis.

L’école de Tunis raconte aussi l’histoire de ces artistes unis dans l’amour du pays par le sentiment d’appartenance à une même culture : celle de la Tunisie vraie, simple et authentique.

Un nouvel espace culturel et artistique qui ouvre ses portes est toujours à signaler d’une pierre blanche. C’est le cas de TGM Gallery dont l’orientation est de remettre aux devants de la scène picturale les patrimoines artistiques à travers des expositions de collectionneurs relatant les mouvements historiques de la peinture tunisienne, mais aussi les créations artisanales relevant du grand art et assurer le lancement des artistes de demain. Ceux qui ont fait les écoles des Beaux- Arts, les institutions et ateliers artistiques et ont affiné leurs connaissances en histoire de l’art et de techniques picturales.

La Marsa aura tout au long du temps que dureront les expositions à « XYZ » et Driba son circuit arty entre le rouge explosif des grenades et le blanc immaculé et les chaudes couleurs de l’Ecole de Tunis.

Amel Belhadj Ali