La huitième session de la Conférence des Etats parties à la Convention de 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique s’est réunie aujourd’hui en format hybride sur la plateforme Zoom.

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée à Tunis en présentiel avec des représentants de l’UNESCO et de la Tunisie, notamment de la directrice générale de l’Unesco en visite officielle en Tunisie, du ministre des affaires culturelles par intérim, Habib Ammar, et de l’ambassadeur Ghazi Gherairi en tant que président sortant du Comité de la convention de 2001 dont la nouvelle présidence a été transmise au Panama.

Audrey Azoulay a tenu rappeler que l’Unesco a accompagné dès le départ la Tunisie dans une campagne historique pour sauver son patrimoine plusieurs fois millénaire, en mobilisant la communauté internationale pour sauver Carthage, considéré comme étant un creuset unique dans l’histoire de l’Humanité.

Aujourd’hui en Tunisie comme partout dans le monde, a t-elle expliqué, il existe plusieurs éléments du patrimoine commun qui ne sont pas connus qui restent à découvrir et à préserver notamment en matière d’archéologie sous marine. Ce patrimoine exceptionnel faisant partie des biens communs de l’Humanité est aujourd’hui menacé et a besoin de la mobilisation de la communauté internationale, a-t-elle ajouté. “On estime ainsi qu’à travers le monde, 3 millions d’épaves attendent ainsi l’attention des archéologues et du grand public” a précisé Audrey Azulay.

La directrice générale de l’Unesco a par ailleurs, salué l’inscription par la Tunisie, une fois encore, de la pêche à la charfiya aux îles Kerkennah, il y a un an au patrimoine immatériel de l’humanité, et qui est justement une pratique de pêche durable, préservant les équilibres des écosystèmes tout en construisant aussi des ponts entre les générations. Et d’ajouter dans ce sens “Nous avons besoin de ce patrimoine également pour avancer. Nous avons aussi besoin de sciences, d’océanographes, nous avons besoin des femmes dans les sciences, à l’heure où seulement 4 chercheurs sur 10 sur les océans sont des femmes”.

La convention de 2001 dont l’Unesco fête le 20ème anniversaire est devenue un cadre de référence mondial. Ainsi parmi les réalisations faites dans ce sens elle a mentionné la mise en place d’un vaste réseau de partenaires comprenant un réseau de jumelage universitaire réunissant près de 30 universités coopérant dans le domaine de la recherche archéologique sous-marine.

Se félicitant du travail effectué durant ces deux dernières années par la présidence tunisienne (2019-2021) pour élargir la communauté d’Etats membres dans cette convention, elle a indiqué qu’il reste cependant beaucoup à faire, pour élargir la communauté des Etats membres autour du patrimoine immergé, pour approfondir le travail qui est déjà mené par la communauté réunie autour de cette Convention, pour former les cadres, les archéologues, les juristes, pour une meilleure science et une meilleure pratique relatives au patrimoine subaquatique.

Elle a, dance sens, annoncé le vaste programme lancé par l’Unesco et qui réunit entre autres la Tunisie en vue de préserver les bancs de Skerki se trouvant en Méditerranée centrale, au sud du détroit de Sicile, entre cette dernière et la Tunisie. “Nous faisons ainsi tout pour dépêcher sur place la première mission d’exploration sur ce site dont la richesse historique et archéologique est exceptionnelle, avec notamment ses cinq épaves qui couvrent cinq siècles d’histoire, pour ce que nous en savons aujourd’hui” a-t-elle mentionné.

La fragilité du patrimoine des bancs de Skerki a été notifiée à l’UNESCO par l’Italie au début de l’année 2018. Par la suite, huit Etats parties à la Convention de 2001, à savoir l’Algérie, la Croatie, l’Egypte, l’Espagne, la France, le Maroc et la Tunisie, avec l’Italie, ont manifesté leur intérêt à être consultés sur les moyens d’assurer la protection efficace du site. Ce faisant, huit Etats des deux rives de la Méditerranée, unissent actuellement leurs forces pour protéger ce patrimoine, tel que prévu par la Convention de 2001.

En vertu de l’article 10 de Convention, la Tunisie est l’Etat coordonnateur dans la mesure où les éléments archéologiques submergés se situent sur son plateau continental.
Un Comité de coordination, composé des Etats parties ayant manifesté leur intérêt à être consultés sur les moyens d’assurer la protection a été établi pour soutenir l’initiative. Chaque Etat y est représenté par un point focal désigné au sein d’un service compétent. Le Comité de coordination est chargé de mettre au point des stratégies et plans d’actions pour mener à bien les objectifs de l’initiative.

La mise en place de ce mécanisme de coopération représente une véritable occasion pour ces Etats méditerranéens de protéger un patrimoine subaquatique au-delà de leurs mers territoriales.

Le 20ème anniversaire de la Convention offre une occasion unique pour célébrer ces réalisations qui ont fait avancer l’archéologie sous-marine et la protection du patrimoine subaquatique. Il est également une formidable opportunité pour sensibiliser le public à sa protection, et pour réfléchir, collectivement, aux nombreux défis à venir. L’UNESCO invite à redécouvrir ce patrimoine méconnu qui nous unit aux mers et à l’océan – le ” plus grand musée du monde ” – mais aussi aux lacs, fleuves et rivières auprès desquels se sont toujours établies les sociétés.

C’est l’occasion de mobiliser davantage d’Etats à ratifier cette Convention et ainsi garantir, par une coopération internationale renforcée, la meilleure protection de ce patrimoine.

“Il y a beaucoup à faire aussi pour approfondir le travail qui est déjà mené par la communauté réunie autour de cette Convention, pour former les cadres, les archéologues, les juristes, pour une meilleure science et une meilleure pratique relatives au patrimoine subaquatique. Et l’UNESCO continuera de soutenir les capacités de ses Etats membres en la matière”, a conclu la directrice générale de l’Unesco.