Le gouvernement a décidé, à travers le décret-loi n°2020-30 du 10 juin 2020 publié au JORT du 10 juin 2020, de porter la retenue à la source sur les dépôts à terme et instruments financiers équivalents, dont le niveau de rémunération est supérieur à TMM-1%, de 20 à 35%.

L’objectif recherché à travers cette mesure, c’est de dynamiser le marché financier et de soutenir l’investissement. Or, pour l’économiste et universitaire Tahar El Almi, vouloir collecter plus de recettes fiscales en augmentant l’imposition est contre-productif à tous les niveaux.

” Il s’agit plutôt d’imposer un impôt supplémentaire sur l’impôt (c’est de la rémanence fiscale). Taxer davantage les dividendes et les rendements des placements obligataires revient à pénaliser doublement les entreprises (et les investisseurs qui placent leur épargne longue qui servira à financer des investissements productifs, créateurs d’emplois et de richesses nouvelles). Ça n’a rien d’éthique, ni de cohérent “, estime-t-il.

Tahar El Almi explique: “une entreprise qui paye ses dividendes a déjà payé ses impôts et s’est acquittée de tous ses engagements envers l’Etat. Porter la retenue à la source sur les dépôts à terme et instruments financiers équivalents de 20 à 35% risque de dissuader ces investisseurs de continuer à placer leur épargne…

Résultats des courses : assèchement de l’épargne longue et réduction des liquidités du système bancaire. Et nous savons que lorsqu’il n’y a pas de financements, il n’y aura automatiquement pas d’investissement, et donc pas d’emplois. Et s’il n’y a pas d’emplois, il n’y aura ni croissance ni reprise”.

Au lieu de réduire l’imposition qui est déjà excessive en Tunisie, on est en train de taxer davantage les agents, se désole l’économiste. C’est un calcul d’épicier qui n’a rien à avoir avec une politique économique cohérente, avec des objectifs spécifiques.

Les solutions alternatives existent pourtant, notamment celle concernant le lancement d’un emprunt obligataire auprès des banques.

Dans le monde entier, le soutien des banques et des Banques centrales pour le rebond et la relance post-Covid-19 a été déterminant. Il n’y a pas de raison pour que ne ce soit pas le cas en Tunisie, pense-t-il. Surtout qu’il y a beaucoup de liquidités oisives “sous les matelas”, et c’est de l’argent qui dort.