User à la fois du bâton et de la carotte à l’égard des fonctionnaires pour mieux lutter contre la corruption. C’est ce que recommandent une majorité de Tunisiens interrogés dans le cadre de la deuxième édition de l’enquête sur la perception de la corruption réalisée par le bureau des études marketing et sondages BJKA pour le compte de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) et de la coopération allemande au développement (GIZ).

Il suffirait de trois actions pour que la corruption recule en Tunisie. C’est ce que pensent la majorité des Tunisiens interrogés dans le cadre de la deuxième édition de l’enquête sur la perception de la corruption réalisée par le bureau des études marketing et sondages BJKA pour le compte de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) et de la coopération allemande au développement (GIZ) -qui appuie ce projet-, et dont les conclusions ont été divulguées le 29 mai 2020.

Accompagner et réprimer

La première action recommandée concerne les fonctionnaires. C’est un bouquet de mesures usant à la fois d’accompagnement que de répression afin de réduire en attendant de pouvoir un jour éradiquer la corruption.

La première de ces mesures est la Sensibilisation/information. Celle-ci porterait d’abord sur la dissémination des règles d’un code éthique qui reste à élaborer et qui s’adresserait aux secteurs de la police -secteur perçu comme étant le plus corrompu- et/ou la douane et/ou la santé.

Ensuite, la sensibilisation/information devrait cibler le grand public et porter sur le rôle des organismes actifs dans la lutte contre la corruption comme l’INLUCC, le Pôle judiciaire et financier, le ministère de la Justice, etc. «Il est très important d’informer davantage le grand public sur le résultat du travail des autorités qui luttent contre la corruption par le biais de campagnes de communication grand public usant de divers moyens (affichage urbain, médias, terrain, etc.), de points de presse réguliers et à forte diffusion, et à travers une forte présence dans les médias de masse (télévisions, radios, Internet, etc.).

La sensibilisation/information devrait aussi porter sur les moyens mis en place notamment pour rapporter des affaires de corruption, partager des informations/expériences sur la corruption, les lois existantes, les moyens/procédures de dénonciation, les réalisations de l’INLUCC, les implantations dans les régions, les procédures/lois protégeant les personnes qui divulgueraient des actes de corruption (protection des témoins) : numéro vert et site de l’INLUCC par exemple, créer une page Facebook et/ou un forum et/ou twitter.

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Enfin, la sensibilisation/information consisterait à rapporter des «success stories» et des cas «où les citoyens ont permis de détecter de grandes affaires de corruption, et où les personnes impliquées ont été punies, afin de créer des « exemples à suivre ». L’objectif étant d’inciter, encore plus, les citoyens à dénoncer les actes de corruption et à « impliquer davantage les organismes de la société civile dans la lutte anti-corruption, en tant que relais « grand public » de l’INLUCC. Ce qui nécessiterait la création au sein de l’INLUCC d’une cellule chargée du suivi de cette collaboration, à travers des tableaux de bord permettant l’évaluation d’impact de leurs activités.

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Améliorer les conditions de vie des fonctionnaires…

Les personnes sondées ont ensuite appelé à l’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires de la police/douane/santé.

Concernant le premier point (l’amélioration des conditions de vie), l’idée est de mettre en place un système d’intéressement calculé sur la base des amendes collectées et/ou des performances réalisées.

Pour le deuxième point (l’amélioration des conditions de travail), la proposition est de «développer encore plus le concept de «police de proximité, déjà existant en Tunisie», d’étendre l’usage des caméras embarquées, déjà pratiqué par la douane tunisienne, de mettre en place plus de moyens de communication santé (Internet, téléphone, médiateur, etc.). permettant aux citoyens de déposer des plaintes/dénonciations des citoyens sur tout dépassement d’un fonctionnaire de police/douane/ et de «citoyens mystères» spécifiques aux secteurs de la police/douane/santé.

Last but not least, les mesures de soutien destinées aux fonctionnaires doivent être accompagnées de la création d’un test d’intégrité pour identifier les dépassements et, lorsque ceux-ci sont avérés, de «mesures disciplinaires très dures».

M.M

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