Il pleuvait fort sur Tunis, mardi 12 novembre. Mais, cette eau pluviale se perd et se heurte à des sols imperméables, donc elle ne sera pas d’un grand apport pour la recharge des nappes phréatiques en Tunisie, pays menacé, pourtant, par la pauvreté hydrique et les impacts irréversibles des changements climatiques.

“Cette ressource cruciale pour la vie et le développement économique, n’est pas bien gérée et ne sera pas toujours disponible sans une bonne gouvernance des écosystèmes et des infrastructures hydriques”, résume l’universitaire et experte en gestion des ressources en eau, Raoudha Gafrej, qui intervenait à l’occasion de la deuxième édition de “Water Expo”, organisée, mardi, à l’UTICA.

Gafrej ne se lasse pas de répéter que “nous avons pris beaucoup de temps pour diagnostiquer le problème de l’eau”. “Aujourd’hui, nous connaissons le problème, il faut agir et trouver une solution. il faut tout simplement changer la manière de gérer l’eau”, a-t-elle dit.

Dans sa présentation, elle a insisté sur le fait que même avec la construction de barrages et les projets de dessalement, nous aurons moins d’eau en 2030 parce qu’on perd plus d’eau que l’on en retient.

Rien que pour les ressources en eau perdues dans les fuites de canalisations, celles-ci sont estimées à 150 millions m3, des ressources de loin plus élevées que celles prévues par le dessalement (30 à 40 millions de m3).

“Si on réhabilite les systèmes de distribution, on peut faire des économies de 86 millions de m3, soit beaucoup plus de ressources obtenues à travers les traitements coûteux du dessalement”, insiste l’universitaire.

Elle prévient, par ailleurs, que la Tunisie devrait agir, car cela relève de sa sécurité alimentaire et de la stabilité économique du pays. “Dans un pays pauvre en eau, il faut revoir l’allocation de cette ressource”, a-t-elle déclaré, plaidant en faveur d’une réduction des pertes dans les réseaux (systèmes d’eau intelligents et comptage de l’eau), pour une réduction des pertes liées au gaspillage alimentaire et une révision de la tarification de l’eau.

En somme, l’experte appelle à opter pour un nouveau modèle de gouvernance de l’ensemble des ressources en eau et le partage de la connaissance des enjeux environnementaux afin de faire évoluer la demande sociale vers des formes urbaines intégrant mieux les objectifs du Code des eaux.

Toujours selon elle, il faut adopter une politique coordonnée d’aménagement du territoire entre la planification spatiale et la gestion de l’eau et intégrer la connaissance des enjeux sur l’eau dans les procédures d’urbanisme.