Ode à l’errance, ode à la patrie, “Fragments de Mémoire – Pensées en poèmes” d’Amel Cherif est une invitation à voyager dans la mémoire vive de la poétesse pour évoquer la terre comme source nourricière, la terre comme un moyen pour exalter la mémoire écartelée d’une auteure qui ne cesse de calmer, tout au long de son recueil, son amour pour sa terre-mère, sa patrie.

Dans la préface, l’écrivain tunisien Ali Becheur témoigne: “Lire Fragments de Mémoire, c’est se frayer un passage jusqu’aux profondeurs de la terre nourricière (…) c’est la terre qui nourrit la poésie d’Amel Cherif, tant son humus est fertile en images, en couleurs, en parfums, en saveurs et en émotions”.

A travers ce livre, paru aux éditions “L’Or du Temps”, Amel Cherif met à nu ses pensées les plus intimes en déclarant au début de son recueil “J’incise dans les mots mes pensées ivres comme des lieux de beauté teintés de féerie qui s’effilent en perles célestes vers un monde de hautes solitudes où se mêlent couleurs et images d’un songe en devenir”

L’œuvre se décline en 40 fragments poétiques fruits de l’errance et de la déambulance de la poétesse à travers les rues de Tunis, ses zaouias, ses ruines pour se remémorer des souvenirs et des visages.

L’errance est un voyage, une quête pour Amel Chérif dans les chemins inconnus qu’elle arpente pour rencontrer des personnages qui ont marqué son histoire ou pour se souvenir des lieux qui ont bercé son enfance. La poétesse a tenu dans ses poèmes à rendre hommage aux femmes qui ont “éclairé” sa vie: sa grand mère, sa mère, la reine carthaginoise Elyssa ou encore l’artiste peintre mexicaine Frida Khalo.

De l’amour, de la beauté, pour raviver la mémoire passée mais aussi pour exprimer l’espoir d’un avenir meilleur malgré les moments difficiles “la terre de mes ancêtres continuera à fleurir jusqu’aux étoiles et les chants divins rempliront mon cœur pur, malgré la haine rampante “.

Témoin de son époque, la poésie d’Amel Cherif exalte l’amour, l’espoir mais aussi la détresse face à la montée de la haine et de l’intégrisme dans son pays “Alors le verbe en colère, sans voix ni qalam, lui seul alphabet de l’espérance, dépose sur le brasier du monde l’empreinte juste de ses mots égarés.”

La nature devient ainsi une échappatoire pour raviver les moments heureux mais aussi un moyen pour exprimer sa mélancolie, ses rêves, son espoir et son amour inconditionnel pour son pays.