La musique, art millénaire défini à travers des entités acoustiques par les musicologues, et culturelles par les anthropologues, puise ses racines dans la nature et dans la biologie. Elle serait le prolongement de phénomènes naturels qui, dans l’espèce humaine, se sont interpénétrés et se sont agencés selon des combinaisons et des choix sonores pour répondre à une esthétique donnée et à un besoin émotionnel susceptible de toucher les comportements humains. En effet, la nature est rythme : les saisons, les cycles circadiens, les battements du cœur, le trot d’un cheval, les mouvements des vagues. L’univers est ondes et vibrations. Les musiciens n’ont pas fait que s’inspirer de ces phénomènes naturels pour leurs créations, ces derniers sont partie intégrante de l’essence humaine.

Si les supports physiologiques pour percevoir ou générer des sons sont bien connus des physiologistes, les neurosciences tentent d’expliquer les processus cellulaires, moléculaires et électrophysiologiques ainsi que les connexions neuronales qui sous-tendent tous les aspects relatifs à la pratique musicale.

Comment le cerveau perçoit-il la justesse d’une note ? Pourquoi la musique génère-t-elle des émotions parfois de joie ou de souffrance ? Quelles sont les spécificités de la mémoire liée à la musique ? Quelle est la part de l’inné et de l’acquis pour pratiquer de la musique ?

La neuro-musicologie a besoin de chercheurs ayant une double formation : des musicologues qui s’intéressent aux neurosciences et des neurologues passionnés par le monde de la musique et de la musicologie, mais aussi des anthropologues et des sociologues. Il s’agit d’une condition capitale pour pouvoir aborder une telle thématique associant la musique et les neurosciences.

Organisé en partenariat entre Beit al-Hikma (Département des Sciences et Département des Arts), le Laboratoire de recherche en culture, nouvelles technologies et développement (CUNTIC) et l’Académie des Sciences de Pologne, le colloque international “Musique et Neurosciences” qui aura lieu le 7 et 8 mars 2024 à l’Académie des sciences, des lettres et des arts Beit al-hikma vise, lit-on dan l’argumentaire, à faire le point sur les connaissances actuelles des neurosciences relatives aux bases physiologiques de la pratique musicale. Cela inclut aussi bien les processus de perception, d’émotion générée par les sons et les rythmes que ceux impliqués dans les pratiques musicales de tout genre et style d’interprétation. L’utilisation de ces connaissances faisant le point sur tout ce qui se rapporte à la cognition musicale pourrait non seulement améliorer les méthodes d’apprentissage de la musique et de la thérapie musicale, mais aussi ouvrir des voies de recherche dans ces domaines.

Ce colloque international rassemblera des experts de divers domaines, offrant une opportunité unique de réseautage et de collaboration interdisciplinaire. Les participants pourront partager leurs connaissances, établir des partenariats de recherche interdisciplinaires et explorer de nouvelles opportunités de collaboration.

La rencontre entre musiciens, musicologues, neurologues et chercheurs dans les domaines connexes, vise à répondre à ce besoin d’interaction interdisciplinaire pour permettre d’ouvrir le débat sur un arsenal de questions épistémologiques et de s’enrichir des connaissances acquises par chacune de ces spécialités. Ces échanges initiés par le département des Arts et celui des Sciences de Beit al-Hikma ouvriront des perspectives de recherche interdisciplinaire au niveau national et international en repoussant les frontières de la recherche et de la créativité.

Les participants débatteront notamment de la musique comme processus biologique et culturel en interaction, (Ethnomusicologie, Anthropologie), des concepts de bases de la psychologie cognitive de la musique (Psychologie), de
l’apprentissage musical, de l’émotion, la créativité et la diversité culturelle et musicale (Musicologie/psychologie), des avancées en neuroimagerie, acoustique et intelligence artificielle appliquées à la musique (Biophysique, Informatique) et de la thérapie musicale (Musicothérapie) pour faire le point sur les applications pratiques dans la santé mentale et la réadaptation.
Le colloque sera aussi l’occasion de présenter les dernières technologies et méthodologies de recherche, favorisant une compréhension plus approfondie de la relation entre musique et cerveau.