Conforter le rôle des banques, en développant les outils existants, et renforcer ou créer des fonds de garantie des prêts bancaires aux PME, sont les principales recommandations issues d’une étude sur le financement des TPE/PME et la sécurisation des investissements.

Actuellement, 20% seulement des besoins de financement de l’investissement en Tunisie, sont couverts par le système bancaire.

Cette étude présentée, mardi, à Tunis, a été élaborée par l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED) avec le soutien l’AFD et de Bpifrance.

Elle préconise de favoriser la désintermédiation (évolution par laquelle les agents économiques peuvent accéder directement aux marchés de capitaux, sans passer par le système bancaire) via l’outil de garantie, le capital investissement et les marchés boursier et financier.

L’étude intitulée “Le financement des TPE/PME et la sécurisation des investissements : Des enjeux majeurs pour l’intégration de la grande région Afrique- Méditerranée- Europe et le déploiement du modèle de coproduction”, recommande également, selon son auteur, Michel Gonnet, expert associé à l’IPEMED, d’encourager le co-investissement selon une logique de coproduction.

Il s’agit aussi de favoriser l’émergence d’investisseurs de long terme d’intérêt général, pour mobiliser l’épargne locale, type Caisse des Dépôts ou Banque publique d’investissement, permettant de pallier aux carences du marché de financement des TPE/PME.

Les recommandations de l’étude visent à “soutenir la mise en place de zones franches et de zones économiques spécialisées et de mettre l’innovation au service de la TPE/PME (blockchain et fintech)”.

“Toutes les propositions mentionnées, si elles doivent s’appuyer sur les réalités locales, gagneraient à être mise en place dans le cadre de grands ensembles régionaux soumis à des règles communes, notamment juridiques, qui facilitent grandement le développement des entreprises”, a encore souligné Gonnet.

Dans son intervention, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Zied Ladhari, indiquera que “l’accès au financement pénalise la dynamique économique dans le pays, étant donné que 20% seulement des besoins de financement de l’investissement sont aujourd’hui couverts par le système bancaire, 50% sont assumés par les porteurs de projets. Le reste est partagé par les autres acteurs de financement”.

Rappelant que la contribution du marché financier au financement de l’investissement reste très modeste, Ladhari a appelé à diversifier les canaux de financement et à mobiliser des outils innovants (capital investissement…).

Le ministre a par ailleurs évoqué le lancement prévu pour 2019, du Fonds Tunisien de l’Investissement, d’un Fonds des fonds dédié aux startups tunisiennes et de la Banque des régions.

S’agissant du volet juridique, il a rappelé l’adoption en conseil des ministres et la soumission à l’ARP d’une panoplie de lois visant à promouvoir le financement de l’investissement.

Il s’agit notamment du Code du capital investissement, de la nouvelle loi sur les sûretés mobilières, du projet de loi sur le crédit bureau et du projet de loi sur le financement participatif de l’économie (crowdfunding).

Ladhari a aussi annoncé la tenue, début 2019, d’une conférence internationale avec l’UE pour examiner les meilleurs moyens de tirer profit du programme européen d’investissement.

De son côté, la Directrice générale de la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), Boutheina Ben Yaghlane, a précisé que “la CDC détient actuellement 18 participations dans différents projets sur tout le territoire, dont des pôles de compétitivité. Elle vient également de donner son accord pour entrer dans le capital de la Technopole de Borj-Cédria, du port d’Enfidha, d’un marché de gros à Sidi Bouzid et d’une smart-city à Béja”.

“La caisse a également, souscrit dans plus d’une quinzaine de fonds d’investissement qui financent plus d’une centaine de PME. Elle soutient en outre, la transition énergétique et écologique et la transition digitale du pays. La deuxième phase de l’étude relative au Fonds des fonds dédié aux startups, en cours d’élaboration par Bpifrance, devrait être achevée au premier trimestre 2019. Nous espérons que le Fonds soit lancé en 2019”.

“La CDC travaille également avec la STEG énergies renouvelables et la BAD sur la mise en place d’un fonds dédié aux énergies renouvelables que nous espérons pouvoir lancer en 2019”, a-t-elle indiqué.