Meet Africa est un programme financé par l’Union européenne et l’ICMPD (Instrument Panafricain de 1,7 million d’euros). Il concerne cinq pays : le Cameroun, l’Algérie, le Mali, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie. Durant 28 mois, grâce à cette action pilote, des jeunes Algériens, Camerounais, Maliens, Marocains, Sénégalais et Tunisiens résidents en Europe ont réussi à créer des entreprises innovantes dans leur pays d’origine.

40 des 70 lauréats du programme Meet Africa sont réunis à Tunis du 12 au 14 septembre pour un ultime événement au cours duquel ils pourront se mettre en réseau et participer à un cycle de formations adaptées à leurs besoins pour le lancement de leurs activités (accès au financement, industrialisation, pitch, etc.).

Le but de Meet Africa est de contribuer à créer des emplois dans des pays où les taux de chômage sont élevés en transférant le savoir-faire des diasporas africaines diplômées d’Allemagne et de France vers leurs pays d’origine, et surtout en leur offrant des lignes de financement leur permettant de les réaliser. Le savoir-faire ne manque pas dans les pays du Sud, ce sont plutôt les lignes de financement des projets initiés par les jeunes qui sont difficiles.

Grâce aux fonds pourvus par l’UE et l’ICMPD, les capacités techniques des pays partenaires ont pu être renforcées surtout s’agissant des projets à forte valeur ajoutée.

80 entrepreneurs africains diplômés de l’enseignement supérieur français ou allemand ont ainsi pu créer des entreprises High Tech dans les domaines agricoles, industriels ou de services en Afrique. Ils sont 27 originaires d’Afrique subsaharienne et 53 d’Afrique du Nord.

Rappelons à ce propos qu’avec 373.000 étudiants africains en mobilité en 2013, la zone Afrique et Maghreb représente environ 10% du total de la mobilité estudiantine mondiale. L’UE accueille près de la moitié des étudiants africains en mobilité (49,1%). L’Allemagne et la France font partie des premiers pays d’accueil. La plupart de ces étudiants achèvent leur cursus universitaire avec des diplômes de haut niveau. Parmi les étudiants et chercheurs étrangers formés en Europe, de plus en plus considèrent l’entrepreneuriat comme une voie d’insertion professionnelle. Ces derniers émettent le souhait de créer une entreprise dans leurs pays d’origine, autour de leurs savoir-faire scientifiques et/ou commerciaux, leur permettant de valoriser les compétences acquises durant leurs études.

À travers leurs projets de création d’entreprise, ces diasporas constituent des leviers importants pour le développement de leurs pays d’origine. Conscients du potentiel qu’elles représentent, les autorités africaines et européennes ont décidé de mettre en place des politiques publiques pour mieux accompagner ces initiatives.

L’accompagnement à la création d’entreprises innovantes, contribuant à la dynamisation des territoires et à la création de richesses et d’emplois qualifiés à long terme, en constitue un des axes majeurs. Des projets innovants, en majorité à composante technologique, dans les domaines suivants : agroalimentaire, environnement, énergie, nouvelles technologies, santé, etc.

Un modèle d’accompagnement né des meilleures pratiques européennes. Il mutualise les meilleures pratiques des programmes d’accompagnement les plus performants : le programme PACEIM de l’IRD, le programme Entrepreneurs en Afrique de Campus France, le programme Idées d’affaires pour le développement de la GIZ/CIM, tous 3 fusionnés dans Meet Africa.

Meet Africa (Retrouvez l’Afrique) pourrait être un levier pour les pays européens pour limiter le nombre d’étudiants qui choisissent de ne plus rentrer chez eux et de s’installer dans les pays d’accueil.  Renvoyer une partie de la diaspora africaine éduquée chez elle tout en lui garantissant les moyens de vivre décemment et en l’impliquant dans la politique de lutte contre la migration par la création de projets créateurs d’emplois pourrait aussi aider relativement à juguler la migration sauvage en direction des pays européens.

Meet Africa est surtout un instrument de lutte contre les flux migratoires en direction de l’Europe. Il n’en reste pas moins qu’il est d’une grande utilité pour les pays du Sud car si cette expérience pilote réussit et si elle est suivie par d’autres, l’Europe ne sera plus ce continent qui exploite uniquement les richesses des pays du Sud. Elle remboursera également un peu de ses «dettes» envers le Sud en oeuvrant modestement à créer une nouvelle classe de jeunes entrepreneurs soucieux de projeter leurs pays dans la «gamme» des pays avancés technologiquement.

Jeudi 13 septembre sera consacré à la clôture officielle du programme en présence du secrétaire d’État à l’Économie numérique, Habib Dababi, des hauts représentants de l’ambassade de l’Union européenne, de l’Algérie, du Cameroun, du Mali, du Maroc, du Sénégal, de France, de l’Allemagne, de Matthias Giegerich (directeur résident de la GIZ), et d’Hervé Conan (directeur général adjoint de l’agence publique française Expertise France). Une conférence de presse se tient jeudi 13 septembre à partir de 12 h 00 à cet effet.

A.B.A avec communiqué