La stratégie de “Ciblage de l’inflation” adoptée par la Banque centrale de Tunisie, dans le cadre de sa conduite de la politique monétaire, profitera à la sphère bancaire et financière qui bénéficiera d’une telle mesure aux dépens de la sphère réelle. C’est en tout cas ce que pense l’enseignant chercheur en économie, Aram Belhadj, cité dans une article de la TAP, mercredi 4 juillet.

Selon lui, “tous les investisseurs institutionnels (FCP, SICAV, SICAR, etc.) tireront profit de cette stratégie et de la hausse des taux qui en résulte. Les banques verront, elles aussi, leur marge d’intérêt augmenter, ce qui permettra une amélioration de leurs résultats à la fin de l’exercice. Elles auront également une source supplémentaire d’argent étant donné que l’acquisition des bons de trésor (titres émis par l’Etat pour financer son budget) est désormais très intéressante et rentable”.

“Les banques préféreront en effet l’achat de ces bons à un taux très élevé, plutôt que l’octroi des crédits aux agents risqués, telles que les PME et microentreprises (c’est l’effet d’éviction). Avec cette hausse du taux directeur (et donc du TMM), le risque de crédit augmente, ce qui se traduira nécessairement par une hausse des primes de risque. Les assureurs des crédits (que ce soit des assurances ou des banques) verront donc leurs primes progresser”, a-t-il ajouté.

S’agissant de la Bourse, Belhadj pense que “l’augmentation du TMM et donc des taux d’intérêt incitera les gens à placer leurs liquidités chez les banques plutôt qu’à la Bourse. Mais, puisque la Bourse de Tunis est essentiellement dominée par les banques (la plupart des sociétés cotées sont des établissements bancaires), avec les résultats positifs de ces dernières, il est possible que la Bourse enregistre un bond en avant”.

Belhadj explique que “la stratégie de la BCT consiste à faire varier l’instrument de politique monétaire qui est -généralement- le taux d’intérêt pour influencer son objectif qui est -généralement- l’inflation. Opérationnellement, en rehaussant le taux directeur, la Banque centrale souhaite influencer le taux du marché monétaire et par conséquent les taux débiteurs (taux appliqué sur les crédits) et créditeurs (taux appliqué sur les dépôts)”.

Toujours selon lui, “une hausse des taux implique donc un renchérissement de l’argent et par conséquent une baisse de la demande et une contraction des prix. Dans une économie de marché, la hausse des taux d’intérêt est profitable aux agents ayant une capacité de financement (les agents possédant des excédents de liquidité) et préjudiciable pour les agents à besoin de financement (les agents ayant un déficit de liquidité), à savoir les citoyens et les entreprises”.