Ghassen Salamé, chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), estime que la souveraineté libyenne est menacée à l’heure actuelle. Cependant, il assure que le rétablissement de la paix en Libye dépend des Libyens eux-mêmes: “S’ils le veulent, les Libyens sont capables de rétablir la stabilité dans leur pays”, a-t-il déclaré aux médias à l’issue d’un entretien qu’il a eu avec le chef de la diplomatie tunisienne, Khémaies Jhinaoui, au siège du département le vendredi 29 juin.

“Nous œuvrons pour une autorité libyenne unifiée, légitime et reconnue par la communauté internationale capable de rassembler toutes ses forces, pour que la Libye ne soit pas une source de menace pour elle-même et pour ses voisins”, a-t-il souligné.

Evoquant les menaces qui pèsent sur la Libye en l’absence d’une “autorité centrale unifiée”, l’émissaire onusien pour la Libye cite notamment “l’intervention militaire étrangère et inter-libyenne mais aussi le transit de personnes et l’installation de non-Libyens dans le pays”. Ce qui porte atteinte à la sécurité des frontières libyennes et encourage le trafic humain, de carburant, de produits subventionnés et d’armes, a-t-il averti.

S’agissant du plan d’action pour la Libye adopté en septembre 2017 par le Conseil de sécurité de l’ONU, Salamé a fait part des efforts déployés pour mettre en œuvre les étapes de ce plan à travers une réconciliation inter-libyenne, le retour des déplacés et la réalisation d’une entente entre les protagonistes sur la base d’une plateforme constitutionnelle.

“Il serait bon de pouvoir aider les Libyens à respecter les dates qu’ils ont eux-mêmes fixées lors de la rencontre de Paris le 29 mai dernier, entre autres l’adoption de la loi électorale en septembre prochain et l’organisation des élections le 10 décembre 2018”, a-t-il ajouté.

Il faut réunir les conditions politiques et juridiques nécessaires pour que les prochaines élections en Libye soient une occasion pour aller de l’avant dans ce pays, a-t-il souligné.

Pour sa part, Khémaies Jhinaoui a indiqué avoir eu un échange de vues avec l’émissaire Libyen sur les moyens de renforcer le soutien apporté par la Tunisie aux efforts de l’émissaire onusien visant à mettre en œuvre la feuille de route adoptée par l’ONU en septembre 2017.

“Il y va de l’intérêt régional et international de garantir l’exécution de cette feuille de route et une sortie de crise rapide en Libye”, a ajouté le ministre, mettant l’accent sur l’intérêt que porte la Tunisie au suivi des développements de la situation (dans ce pays).

Sur un autre plan, le ministre tunisien des Affaires étrangères a indiqué avoir convenu avec l’émissaire onusien pour la Libye de coordonner davantage afin d’amener les protagonistes libyens à privilégier la solution proposée lors de la dernière réunion de Paris et la déclaration publiée au terme de cette rencontre.

Il a été proposé à cette occasion de réaliser une plateforme constitutionnelle avant le 16 septembre 2018 et d’organiser l’élection présidentielle le 10 décembre 2018, rappelle-t-on.

Jhinaoui a insisté sur la nécessité de favoriser les conditions propices pour résoudre la crise libyenne aux plans juridique et sécuritaire, les élections devant être une étape sur la voie de la stabilisation de la situation dans ce pays, a-t-il soutenu.

A rappeler que Khémaies Jhinaoui, qui s’était rendu en Libye les 10 et 26 juin 2018 et rencontré des parties libyennes, a annoncé qu’il effectuera d’autres visites dans ce pays. Ces visites s’inscrivent dans le cadre “des efforts visant à aider toutes les parties libyennes à engager le dialogue et parvenir à une solution politique globale et consensuelle à la crise en Libye”.