Mercredi 6 courant, lors d’une conférence de presse au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens, des composantes de la société civile ont dénoncé les atteintes aux libertés individuelles, de culte et de conscience en Tunisie pourtant garanties par la Constitution tunisienne.

La présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Yousra Fraous, a souligné que cette rencontre avec les médias a convoqué pour dénoncer les déclarations faites par le ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, qu’elle a qualifiées “de non constitutionnelles et d’illégales” dans la mesure où elles portent atteinte aux libertés individuelles en Tunisie.

En effet, Lotfi Brahem avait récemment déclaré à l’Assemblée des représentants du peuple que la minorité non pratiquante doit respecter les croyances et les rituels de la majorité pendant le mois de ramadan.

Pour Yousra Fraous, cette déclaration pourrait diviser le peuple tunisien en deux catégories : une majorité à protéger et une minorité sacrifiée dont la liberté individuelle est bafouée.

Elle a également passé en revue le contenu de l’article 19 de la Constitution de 2014 qui stipule que “Les forces de sécurité nationale sont des forces républicaines chargées de préserver la sécurité et l’ordre public, de veiller à la sécurité et à la protection des individus, des institutions et des biens, de l’application de la loi dans les limites du respect des libertés en toute neutralité”.

La présidente de l’ATFD rappellera que le ministre de l’Intérieur s’est appuyé dans son plaidoyer sur une circulaire émise en 1981 (dite “circulaire de Mzali”) interdisant l’ouverture des cafés et restaurants et des locaux de vente des boissons alcoolisées pendant Ramadan.

“La coalition de la société civile pour les libertés individuelles a sollicité une copie de cette circulaire caduque et en contradiction avec la Constitution afin de l’annuler par la voie judiciaire”, a-t-elle dit.

Elle a déclaré que la décision du ministre de l’intérieur s’oppose à l’initiative du président de la république portant création d’une commission des liberté individuelle et l’égalité.

De son côté, la présidente de l’association Beity, Sana Ben Achour, a jugé indispensable de procéder à une lecture de la Constitution dans sa globalité, particulièrement l’article premier et le deuxième article.

Par ailleurs, le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, Jamel Msallem, a indiqué que la civilité de l’Etat est garantie à travers les législations et la séparation entre religion et l’Etat.

“Le ministère de l’Intérieur doit assumer la responsabilité de l’application des lois assurant les libertés de culte et de conscience”, a-t-il assuré, ajoutant que la circulaire de 1981 n’est pas considérée comme une loi.

A noter que cette conférence de presse a été organisée à l’initiative de l’Association tunisienne des femmes démocrates, en collaboration avec la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, l’association Beity ainsi que le bureau de Tunis de la Fédération internationale des droits de l’Homme.