Si l’on en croit Khadija El Hamrouni, chef du département de la gestion et de la valorisation des sous-produits à l’Office national de l’assainissement (ONAS), seulement 62 millions mètres cubes sur un total de 255 millions m3 des eaux usées traitées ont été réutilisées en 2016.

En effet, alors qu’il intervenait, lundi 11 décembre, lors d’un débat sur la réutilisation des eaux usées traitées, El Hamrouni a précisé que ce volume d’eaux traitées est assuré par 115 stations d’épuration, réparties sur 107 stations urbaines, 7 rurales et une station industrielle. Ces quantités d’eaux traitées sont réutilisées dans les domaines écologiques (54%), agricole (32%), touristique (10%), recharge de la nappe (2%), espace verts (1%) et dans le domaine industriel (1%).

De son coté, Raoudha Gafrej, professeure assistante dans le domaine de l’environnement, de l’eau et du climat a appelé à réguler la question de la réutilisation des eaux usées traitées, dans une vision globale prospective qui tient compte de la décentralisation, dans la mesure ou chaque région exploite ses ressources en eaux usées traitées.

“Certes l’eau usée traitée ne représente que 5% des ressources globales en eau mais elle demeure une richesse durable, d’où l’importance de la réutiliser, d’autant plus que la Tunisie connait une situation de stress hydrique, soit en dessous du seuil de pénurie d’eau (500 m3 par an et par habitant)” a-t-elle dit.

“Il faut penser d’abord aux priorités, notamment la minimisation des pertes d’eaux dans les réseaux de la SONEDE, soit un gaspillage de 200 millions mètres cubes (m3) ainsi que dans les réseaux d’irrigation avec un volume d’eau perdu de 600 m3”, a-t-elle souligné.

“En ciblant un rendement des réseaux de 80% de la SONEDE, le volume récupéré pourrait atteindre 127 Millions m3 et en irrigation la récupération des pertes pourra dépasser 500 Mm3 “, a-elle précisé.

Gafrej indique qu’aujourd’hui seulement 2.300 hectares sur un total de 8.000 hectares de ces zones irriguées par des eaux usées traitées sont réutilisées, et que le coût d’installation et d’équipement d’un hectare de ces zones oscille entre 15 mille et 20 mille dinars.

Elle a expliqué la non réutilisation des ces zones irriguées par l’abondance des ressources en eaux conventionnelles dans certaines régions, citant à titre d’exemple les périmètres situés dans les régions de Béja (Bouteffaha 354 hectares et M’Elbeb 100 hectares) et Le Kef (Semmana 180 hectares), lesquels n’ont jamais fonctionné.

D’après elle, l’eau qui est une richesse nationale ne doit être libre d’accès, appelant à créer la demande au niveau local, à revoir l’architecture technique de l’infrastructure de récupération des eaux usées et son traitement et à gérer les 95% des ressources en eau avant celle des 5% (les eaux usées traitées).

Elle a plaidé pour la création d’une cohérence politique entre les agendas des changements climatiques et de l’eau grâce à des opportunités de dialogue multipartite, d’autant plus que la réutilisation des eaux usées traitées est un potentiel local qui peut évoluer vers un marché de l’eau épurée.