Le Chef économiste de l’Agence française de développement, Gaël Giraud, a mis, jeudi, en garde contre les conséquences économiques et sociétales des changements climatiques en Tunisie, soulignant la nécessité de l’adaptation à ces changements.

Participant à une conférence intitulée “Quand seuls les palmiers dattiers pousseront au nord de Tunis “, tenue jeudi, à l’ENA, Giraud, a affirmé que ” si rien n’est fait pour limiter les émissions de gaz à effets de serre, en 2100, l’été à Tunis, ressemblera à celui d’Erbil en Irak avec des températures moyennes saisonnières atteignant les 36 °C contre 31 °C actuellement. C’est ce que prévoit une étude publiée par l’ONG Climate Central et l’Organisation météorologique mondiale “.

Toujours selon lui, ” l’augmentation des températures et des extrêmes chauds est déjà observable. Selon les données de l’Institut national de la météorologie, les évènements de sécheresse sont plus longs, plus fréquents et plus intenses, en particulier dans le sud de la Tunisie. Les espaces côtiers, eux aussi, sont particulièrement vulnérables à l’érosion marine et à la salinisation des sols qui diminuent les ressources en eau disponibles et provoquent la destruction de la faune et de la flore “.

Giraud a, par ailleurs, estimé que ” ces dérèglements vont impacter fortement l’économie. Selon le ministère de l’agriculture tunisien, le produit intérieur brut issu des revenus agricoles pourrait diminuer de 5 à 10% en 2030. La production des oliveraies, source de revenus pour environ un million de Tunisiens, pourrait diminuer de moitié. Le secteur du tourisme ferait lui aussi les frais de ces dérèglements avec une dégradation des activités sur le front de mer notamment. Dans ces deux secteurs, agricole et touristique, 36 000 emplois seraient directement menacés “.

Le Chef économiste de l’Agence française de développement, pense également que ” la Tunisie ne pourra se soustraire aux répercussions du changement climatique provoqué par la hausse des émissions au niveau mondial. Pour minimiser les impacts négatifs des phénomènes climatiques, qui affecteront d’abord les plus pauvres, il faut donc investir dans l’adaptation aux effets du changement climatique en concrétisant les projets identifiés par le gouvernement, à savoir la mise en place d’un système de veille climatique et d’alerte précoce, le lancement d’un mécanisme d’assurance contre les aléas climatiques, la protection des zones touristiques contre l’avancée de la mer, l’optimisation de la gestion des ressources en eau, la conservation du patrimoine génétique local pour adapter les cultures aux changements climatiques “.

” La question de l’aménagement du territoire sera également centrale pou repenser le modèle des villes tunisiennes fondé aujourd’hui sur l’étalement urbain “, estime-t-il encore.

Giraud a, en outre, fait savoir que ” l’AFD travaille d’ores et déjà avec le gouvernement tunisien aux travers d’une coopération renforcée en matière d’adaptation. Elle mettra en œuvre la facilité Adapt’Action pour appuyer le gouvernement dans la formulation de projets structurants dans ce domaine “.

De son côté, le directeur général de l’AFD à Tunis Gilles Chausse, a souligné que ” la migration vers l’utilisation des énergies alternatives (solaire, éolienne ….), permettra de générer des occasions supplémentaires d’emplois, faisant savoir que ” l’objectif de l’AFD consiste à mobiliser, annuellement, 250 millions d’euros pour soutenir les projets de coopération économique en Tunisie.