En marge du Sommet arabe de l’aviation, le p-dg de la compagnie Air Arabia créée en 2003 et basée à Charjah (Emirats arabes unis), Adel Al Ali, nous a accordé une entrevue pour parler de la nécessité de créer une certaine symbiose entre le transport, le tourisme et les médias.

«Quand on a commencé à penser à l’organisation de ce forum, il y avait une rupture presque totale entre les acteurs du transport, du tourisme et des médias. Aujourd’hui, on sent une certaine évolution qui va vers une osmose au profit de tous les pays arabes. Je pense que dans l’industrie, il y a cent ans, les modes de voyage n’ont pas changé», assure le patron d’Air Arabia.

Il revient sur l’histoire pour souligner que l’idée de voyager ne date pas d’aujourd’hui. Mais seulement ce qui a changé c’est que le voyage est désormais démocratisé, c’est-à-dire à la portée de tout le monde.

Pour lui, il ne fait pas de doute que «le voyage impacte positivement l’économie des pays et leurs revenus. Cette industrie crée de l’emploi, soutient les réserves en devise».

Cependant, même si cette industrie a évolué 100%, il existe tout de même certaines lacunes. D’où la nécessité de relever quelques défis. En effet, «il y a une coordination entre quelques pays arabes dans ce domaine et d’autres non», regrette-t-il.

Il relève également un manque d’investissement dans les infrastructures, notamment aéroportuaires.

Mais nous l’avons senti: le p-dg d’Air Arabia regrette le retard pris dans l’entrée en vigueur des accords sur l’Open sky, alors que ses impacts se sont avérés positifs sur le secteur sans parler de son pouvoir d’entraînement et d’augmentation des investissements en matière du tourisme. «Il aide à lutter contre le chômage qui est un souci pour tous les pays», dira-t-il.

Il va plus loin dans son analyse pour rappeler qu’«au niveau de l’industrie, on est encore en train de faire appel à des ingénieurs et des pilotes étrangers. Il y a pourtant un potentiel humain dans le monde arabe à ce niveau-là. La région possède un potentiel d’emploi de 30.000 au niveau du secteur».

Al Ali souligne aussi qu’Airbus assure avoir 1.200 avions dans le monde arabe, «un chiffre qui va doubler. Il n’y a pas une seule personne au monde qui ne veut pas voyager. Le low cost et le very low cost sont utiles pour nos pays».

Les marchés européens, américains et asiatiques ont trouvé que la politique de tarification de coût bas est la plus adaptée, explique-t-il. Le voyage par avion est le moins cher que les autres modes de transport; impulser l’industrie et stimuler les économies.

De ce point de vue, M. Al Ali lance un appel aux pouvoirs publics à ouvrir le ciel, car «le protectionnisme n’est pas bon». C’est une chance pour profiter au mieux d’un marché de 350 millions d’arabes, estime-t-il. «Imaginez les résultats de l’open sky». Et de donner l’exemple de Barcelone, depuis 30 ans, et Dubaï aéroport. «Il faut que la volonté politique soit là. L’aérien perd de l’argent…».

On retiendra donc de ce forum, qui est à sa 6ème édition, que les professionnels et les décideurs publics du transport et du tourisme –du moins dans les pays du Golfe- sont mus par une forte volonté de coopérer afin de booster ces deux secteurs qui sont à même de créer de la croissance et donc de lutter contre le chômage dans le monde arabe.

C’est pour cette raison que nous nous étonnons qu’il n’y ait pas eu un seul opérateur privé dans ces deux secteurs, encore moins un seul dirigeant politique. Ceci étant, on ignore les raisons de cette absence.

De notre envoyé spécial à Amman, Tallal BAHOURY

 

A propos d’Air Arabia

Air Arabia, fondée par Ali Al Ali, est le premier et plus grand transporteur à bas prix du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Elle compte actuellement 50 avions, mais prévoit 8 avions supplémentaires fin 2018.

Sa capitalisation boursière est de 3 milliards de dollars.

Elle dessert plus de 50 destinations dans une trentaine de pays.